(CROISSANCE AFRIQUE)–Dans un rapport publié le 9 janvier 2023, Moody’s estime que le secteur bancaire de la Côte d’Ivoire est caractérisées par une grande fragilité. Selon l’Agence de notation, elles opèrent dans un environnement soutenu par les perspectives de croissance robuste de l’économie, des fondamentaux budgétaires relativement solides et la stabilité.
Le premier critère de fragilité du secteur bancaire ivoirien selon Moody’s concerne l’exposition des établissements de crédit du pays aux titres de la dette publique régionale. Cette exposition qui liera la solvabilité des souverains régionaux et les bilans des banques restera élevée au cours des 12 à 18 prochains mois.
A titre d’exemple, à la fin septembre 2022, l’encours des titres publics dans l’UMOA détenu en grande partie par les banques était estimé 30,4 milliards d’euros, soit 19 938,7 milliards FCFA. Dans UEMOA, le secteur bancaire ivoirien est également caractérisé par une forte concentration des prêts, en particulier dans les grandes entités liées au gouvernement et les conglomérats privés. Ce qui dégrade considérablement la qualité des prêts des banques. Pour preuve, le montant emprunté par les 5 plus gros emprunteurs représentait 60% du capital des banques à fin juin 2021. Toutefois, les prêts non performants ou les créances douteuses représentaient 8,9% des prêts bruts en juin 2022.
Par ailleurs, Moody’s note que la croissance rapide des prêts ces dernières années présente un risque pour la qualité des actifs des banques du pays, car elle réduit l’assaisonnement de leurs carnets de prêts et pose des problèmes pour les contrôles opérationnels et de souscription.
« S’il est vrai qu’en Côte d’ivoire, les banques sont principalement financées par les dépôts des clients (ratio prêts/dépôts de 69% fin 2021), cependant, l’importance des déposants uniques et la forte interconnexion entre les banques de la région, y compris en Côte d’Ivoire, posent des risques d’aval, selon l’agence », a-t-il analysé notre confrère de sika finance.
Dans les details, les banques ivoiriennes sont sujettes à un risque de refinancement, en ce sens qu’elles dépendent du financement à court terme de la banque centrale pour financer une partie de leurs portefeuilles de dette souveraine à beaucoup plus long terme.
Concernant la structure du secteur bancaire, elle n’a pas évolué et reste dominée par les 5 plus grandes banques du pays, à savoir, Société générale Côte d’Ivoire, Banque Atlantique Côte d’Ivoire, Ecobank Côte d’Ivoire, NSIA Banque Côte d’Ivoire et la Société Ivoirienne de Banque. A fin décembre 2021, elles concentraient environ 51% des actifs du système bancaire qui s’élevaient à près de 32,3 milliards de dollars.
Notons que l’Agence de notation Moody’s recommande des initiatives fortes de la part de la Commission bancaire, le régulateur du secteur, afin d’améliorer les conditions de prêt. Ces initiatives comprennent des exigences de fonds propres plus élevées, des limites de concentration du crédit plus strictes et le suivi sensible au risque des groupes consolidés. « L’agence s’attend également que le gouvernement ivoirien privatise, recapitalise, restructure ou liquide progressivement 4 banques publiques en difficulté au cours des 3 à 5 prochaines années », conclu, le rapport.
Daouda Bakary KONE