Mali: Moussa Mara exige des explications sur l’usage des 500 milliards FCFA, issus des négociations avec les entreprises minières

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, l’Ex-Premier Ministre, Moussa Mara, a réagi aux déclarations du Ministre de l’Economie et des Finances, Alouséni Sanou, qui affirmait que les négociations avec les compagnies minières avaient permis à l’Etat Malien de réaliser un gain de 500 milliards FCFA.

Moussa Mara exprime le souhait que les revenus tirés de l’or bénéficient à tous les Maliens. Pour ce faire, il a soulevé plusieurs questions à l’égard du gouvernement concernant l’utilisation des 500 milliards FCFA que Alouséni Sanou a annoncés comme étant issus des négociations avec les entreprises minières.

Lors d’une réunion il y a deux semaines devant les membres du CNT, Sanou a précisé que « les montants issus des négociations devraient atteindre 750 milliards FCFA d’ici le 31 mars 2025, dont 500 milliards FCFA ont déjà été versés au trésor public par les sociétés minières ».

Suite à cette annonce, Moussa Mara a exprimé le souhait que le gouvernement fournisse des éclaircissements au peuple concernant l’enregistrement de ce montant dans les budgets de 2024 ou 2025. « Nous aimerions savoir quelles dépenses ont été engagées ou seront engagées avec cette somme », a déclaré l’ancien premier ministre.

Il a souligné que le gouvernement n’avait jamais communiqué un collectif budgétaire pour 2024. « Je n’ai également pas entendu parler d’une augmentation des 2 300 milliards FCFA des recettes de l’État suite à l’acquisition des 500 milliards FCFA issus des revenus de l’or. Ce montant devrait mathématiquement accroître les recettes de l’État de 20 % », a-t-il affirmé.

L’ancien chef du gouvernement a interrogé le gouvernement sur l’absence de mention des 500 milliards FCFA dans le budget de 2025. « Pourquoi le budget de cette année ne prend-il pas en compte ces 500 milliards FCFA ? », s’est-il demandé. Il a souligné que « l’augmentation des recettes de l’État entre 2024 et 2025 devrait être d’environ 100 milliards FCFA et non de 500 milliards ».

Moussa Mara a précisé que son intention n’est pas de remettre en question les déclarations du ministre de l’Économie et des Finances, mais plutôt de réclamer une transparence sur l’utilisation des fonds générés par l’exploitation de l’or. Il a insisté sur la nécessité de procéder avec transparence, clarté et conformément aux règles financières de l’État.

Le gouvernement malien a commencé des négociations avec des compagnies minières pour récupérer entre 300 et 600 milliards FCFA, correspondant à des pertes identifiées lors d’un audit sectoriel. Cependant, ces négociations, souvent présentées par le ministre de l’Économie comme des renégociations, ont fréquemment abouti à des arrestations de responsables des sociétés minières.

Aussi, cela a entraîné des tensions palpables entre les autorités de la transition malienne et la compagnie canadienne Barrick Gold. Actuellement, son directeur général, Mark Bristow, fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Par ailleurs, quatre hauts responsables maliens travaillant dans cette mine ont été inculpés et sont détenus pour diverses malversations financières. Barrick Gold a rejeté ces accusations et a annoncé son intention de saisir le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.

Dans un contexte où la confiance du public envers les institutions gouvernementales s’érodait, Moussa Mara a plaidé pour une plus grande collaboration entre le gouvernement et les parties prenantes de l’industrie minière. « Il est impératif que les entreprises minières aient un dialogue continu avec le gouvernement pour garantir que les bénéfices de l’exploitation minière soient réinvestis dans les communautés locales », a-t-il déclaré. Selon lui, cette approche pourrait contribuer à réduire les tensions et favoriser un climat d’investissement durable.

Les observateurs économiques s’inquiètent également de l’impact de ces tensions sur l’économie malienne, notamment en ce qui concerne la stabilité des investissements étrangers. L’incertitude entourant les négociations pourrait dissuader les entreprises de s’engager financièrement avec le pays. De plus, les groupes de défense des droits de l’homme ont appelé le gouvernement à garantir que la gestion des ressources naturelles soit faite avec intégrité et qu’elle bénéficie réellement aux populations locales, souvent laissées pour compte dans les accords économiques.

Notons qu’en tant qu’ancien Premier ministre, Moussa Mara a suggéré la création d’un fonds de développement local financé par une partie des revenus minièrs. « Cela garantirait que les communautés dans lesquelles ces ressources sont exploitées voient réellement des retombées positives. Les Maliens méritent de profiter des richesses de leur pays », a-t-il mot pour mot.

En attendant, les Maliens se demandent ce que l’avenir leur réserve alors que les négociations se poursuivent dans un climat marqué par la méfiance et l’incertitude. Des forums de discussion et des consultations publiques pourraient être organisées pour permettre aux citoyens d’exprimer leurs préoccupations et d’exiger plus de transparence du gouvernement sur cette question cruciale pour le développement du Mali.

Korotoumou Sylla

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