(CROISSANCE AFRIQUE)- Le commerce en ligne est en train de prendre racine au Mali. Porté par une jeunesse connectée, un taux croissant de pénétration du mobile et l’essor du paiement électronique, le e-commerce devient progressivement un levier incontournable de développement économique.
Des centaines de boutiques en ligne, de comptes commerciaux sur les réseaux sociaux et de marketplaces voient le jour, notamment dans les grandes villes comme Bamako, Ségou, Sikasso ou Kayes. Mais pour que ce mouvement prenne véritablement de l’ampleur, une condition semble désormais incontournable : restaurer la confiance des consommateurs par la transparence.
Aujourd’hui, le paysage du commerce en ligne malien est animé par une multitude d’acteurs : commerçants traditionnels en reconversion digitale, jeunes start-ups, importateurs, influenceurs devenus revendeurs, plateformes de vente en ligne, etc. Cette diversité témoigne de la vitalité du secteur, mais elle est aussi le reflet d’un écosystème encore désorganisé.
Un simple tour sur les réseaux sociaux permet de constater une prolifération de pages marchandes : des produits électroniques, cosmétiques, vêtements, électroménagers ou accessoires divers y sont proposés à des prix très variables. Il n’est pas rare de trouver, pour un même produit, des écarts de prix de plus de 50 %, selon le vendeur ou la plateforme. Un article affiché à 16 000 F CFA sur une page Facebook peut apparaître à 8 000 F sur une autre page la même journée. Pire encore, une recherche sur un site comme Alibaba ou Temu montre que le même produit est vendu à l’équivalent d’à peine 1 dollar. Ces différences, souvent injustifiées, suscitent doutes, confusion et méfiance chez les acheteurs.
Cette absence d’harmonisation, conjuguée à un manque de régulation, expose les consommateurs à des pratiques floues : faux avis, contrefaçons, délais de livraison non respectés, absence de politique de retour ou de remboursement, etc. Et pourtant, malgré ces risques, la demande ne cesse de croître. Les jeunes urbains, en particulier, sont de plus en plus friands d’achats en ligne, encouragés par la facilité des paiements via Orange Money, Moov Money ou les cartes bancaires. On assiste à une transformation des habitudes de consommation, accélérée par l’usage intensif du smartphone.
C’est dans ce contexte que la question de la transparence devient centrale. La transparence sur les prix, sur les délais, sur la qualité réelle des produits, mais aussi sur l’identité des vendeurs eux-mêmes. Le client veut savoir d’où vient ce qu’il achète, pourquoi un tel écart de prix, et à qui s’adresser en cas de litige. À défaut de règles claires ou de mécanismes de régulation, c’est la réputation des vendeurs qui devient la principale monnaie d’échange. Et celle-ci peut rapidement être entachée sur les réseaux sociaux.

L’État malien, les opérateurs économiques, les plateformes numériques et les organisations de consommateurs ont tous un rôle à jouer. Il en va de la crédibilité du secteur, mais aussi de son avenir.
Car au-delà des tendances et des buzz passagers, le e-commerce est un gisement d’opportunités pour les jeunes, les femmes, les artisans, les commerçants et les producteurs locaux. Avec un accompagnement adapté, il peut devenir un pilier de l’inclusion économique, de la formalisation des petits commerces, et de la modernisation du tissu économique national.
Mais cela ne sera possible que si les acteurs du e-commerce font le pari de la transparence. C’est à ce prix que le secteur pourra tenir ses promesses : celles de créer des emplois durables, de faciliter l’accès aux biens et services, et de contribuer à l’émergence d’une économie numérique responsable et inclusive au Mali.
Développement du e-commerce au Mali : le pari de la transparence pour booster un secteur créateur d’emplois
Le commerce en ligne est en train de prendre racine au Mali. Porté par une jeunesse connectée, un taux croissant de pénétration du mobile et l’essor du paiement électronique, le e-commerce devient progressivement un levier incontournable de développement économique. Des centaines de boutiques en ligne, de comptes commerciaux sur les réseaux sociaux et de marketplaces voient le jour, notamment dans les grandes villes comme Bamako, Ségou, Sikasso ou Kayes. Mais elle s’accompagne aussi de nouveaux défis, en particulier celui de la transparence des prix et de la confiance des consommateurs
Aujourd’hui, difficile d’échapper à la vague du e-commerce : publicités ciblées, promotions agressives, publications sponsorisées… Les écrans des internautes maliens sont littéralement envahis par des offres alléchantes de vêtements, téléphones, produits de beauté, appareils électroniques ou encore services divers.
Mais derrière cette effervescence numérique, une réalité trouble le consommateur. Il n’est pas rare de trouver, pour un même produit, des écarts de prix vertigineux d’un vendeur à l’autre. Un article proposé à 12 000 F CFA sur une page peut être affiché à 8 000 F CFA sur une autre plateforme malienne, et à l’équivalent de 1 dollar (moins de 700 F CFA) sur un site international comme Alibaba. Ces disparités inexpliquées alimentent la méfiance du public, surtout en l’absence de contrôle ou d’information claire sur la provenance, la qualité ou les garanties des produits.
Dans ce contexte, la transparence devient un enjeu majeur. Si les technologies de paiement mobile et les habitudes d’achat en ligne progressent à grande vitesse, la confiance des consommateurs, elle, reste fragile. Une régulation adaptée, une meilleure information des acheteurs et une professionnalisation des vendeurs sont désormais indispensables pour structurer durablement ce secteur.
Le pari du e-commerce au Mali ne se gagnera pas uniquement sur la quantité d’offres, mais sur la crédibilité de ses acteurs. En misant sur la transparence, la qualité de service et la traçabilité des produits, ce secteur pourrait devenir un véritable moteur de création d’emplois et un levier pour l’inclusion économique.
Par Abdramane Bathily