(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Cameroun, le président de la République a signé, le 11 septembre 2025, un décret habilitant le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) à conclure un accord de financement avec l’Association internationale de développement (IDA), qui est une branche de la Banque mondiale spécialement dédiée aux pays à faible revenu, offrant des solutions financières avantageuses pour soutenir leurs projets de développement.
Ce décret, qui marque une avancée significative dans les stratégies économiques du pays, permet ainsi au Cameroun d’obtenir un financement d’un montant total de 184,9 millions d’euros, équivalant à environ 121,3 milliards de FCFA, pour soutenir le Projet villes et gestion foncière durables (PVGFD). Ce prêt est crucial puisqu’il vise à financer cette nouvelle initiative ambitieuse, qui succède au Projet de développement des villes inclusives et résilientes (PDVIR), arrivé à son terme en août 2025.
Avec pour objectif de renforcer la résilience des métropoles de Douala et de Yaoundé, ce projet prévoit le développement d’infrastructures modernes, favorisant une gestion foncière plus transparente et une planification urbaine inclusive, essentiels pour le développement durable de ces villes clés du pays. Par ce biais, le Cameroun espère non seulement moderniser ses infrastructures urbaines mais aussi assurer un futur prospère, inclusif et résilient pour ses citoyens.
Cet appui financier arrive à un moment critique et constitue une véritable lueur d’espoir pour le pays. Les deux principales agglomérations, qui sont au cœur de son dynamisme économique, souffrent terriblement des voiries dégradées, d’une urbanisation anarchique et chaotique, ainsi que d’infrastructures vieillissantes qui ne sont absolument pas adaptées aux effets de plus en plus fréquents et intensifs du changement climatique.
Ce financement bienvenu, structuré en deux composantes, a pour vocation de transformer et d’améliorer sensiblement la qualité de vie urbaine dans ces métropoles en plein essor mais stagnantes en termes d’infrastructure.
La première composante, judicieusement baptisée Amélioration urbaine transformatrice et intelligente face au climat, se focalise sur les déficits graves en infrastructures observés à court et moyen terme. À Yaoundé, par exemple, un ambitieux projet prévoit la construction ou la réhabilitation de 28 kilomètres de voiries.
Par ailleurs, ces travaux incluent des axes structurants à 2×2 voies, qui sont absolument nécessaires au développement économique et à la fluidité du trafic, ainsi que des boucles secondaires destinées à améliorer considérablement la circulation urbaine. Douala n’est pas en reste puisqu’elle verra la création de 26 kilomètres de nouvelles routes, parmi lesquelles la rocade stratégique reliant Bonamoussadi à PK10 et le boulevard urbain Est, véritable colonne vertébrale de l’agglomération.
De plus, en parallèle, 40 kilomètres de routes seront entretenus, tandis que 10 kilomètres de drains seront construits pour enrayer le phénomène des inondations récurrentes, une plaie pour les habitants des zones comme Tongo’a Bassa et Bobongo.
Ces chantiers, qui s’inscrivent dans une démarche ambitieuse de revitalisation urbaine, seront complétés par des études stratégiques approfondies. Parmi ces études, figure la formulation minutieuse d’un programme national de modernisation des villes, visant à transformer et à améliorer leur infrastructure pour répondre aux besoins croissants de la population et à encourager un développement durable. De plus, des actions pilotes seront mises en place pour lutter efficacement contre les bidonvilles, un effort qui inclura la rénovation d’habitat et l’amélioration de la qualité de vie des résidents.
La deuxième composante de ce vaste plan global est axée sur la gouvernance foncière, un aspect crucial du développement urbain. À cette fin, le développement et le test d’un Système d’information foncier (SIF) seront entrepris dans les villes de Douala et Yaoundé, offrant la promesse d’une gestion des terres plus organisée et accessible.
Cette composante inclut également la numérisation avancée et l’indexation systématique des archives cadastrales existantes, ainsi que la production de plans digitalisés précis et la réalisation d’orthophotos de haute qualité.
Un bâtiment moderne et technologique sera érigé à Yaoundé, spécifiquement dédié aux archives foncières, permettant la centralisation des données. Grâce à cette infrastructure, la gestion foncière gagnera en transparence et en efficacité, facilitant ainsi un avenir mieux structuré pour les citoyens.
Approuvé en mai 2025 pour une durée de six ans, le PVGFD est un projet ambitieux destiné à transformer la vie de plus de deux millions de personnes, soit directement, grâce aux améliorations tangibles des infrastructures, soit indirectement, par le biais des services urbains modernisés. Ce programme vise à favoriser une meilleure accessibilité pour tous, permettant ainsi aux habitants d’avoir plus facilement accès aux services essentiels.
Parmi ses objectifs, on note l’optimisation des outils de planification foncière, qui devrait également conduire à une régulation plus efficace de l’usage des sols et des constructions. Bien que les chiffres soient impressionnants, l’envergure de ce projet ne se limite pas à ses statistiques. Il traduit une initiative remarquable, s’efforçant de redéfinir le rôle primordial des villes dans les politiques publiques.
Notons qu’en tant que vecteur d’équité territoriale, ce projet aspire à transformer les centres urbains en puissants moteurs de croissance et de résilience économique au sein des régions et communautés variées. À travers ces actions, le PVGFD démontre une volonté de promouvoir la durabilité et l’harmonie socio-économique, faisant des villes des exemples de développement intégré et équilibré.
Zangouna KONÉ