(CROISSANCE AFRIQUE)- Le Président du Niger, Son Excellence le Général Abdourahamane TIANI, a effectué, le mardi 30 septembre 2025, un séjour de 24 heures dans la capitale malienne, où il a été reçu avec tous les honneurs par son homologue, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi GOÏTA.
Si l’agenda officiel évoquait l’examen de l’évolution de la Confédération des États du Sahel (AES) et le renforcement de la coopération bilatérale, plusieurs observateurs s’accordent à dire que cette visite portait aussi un message diplomatique clair : le Niger réaffirme son soutien indéfectible au Mali, au moment où ce dernier est la cible de propos jugés hostiles en provenance d’Alger.
Comme l’a souligné Ban Ki-moon, ancien Secrétaire général de l’ONU, « les alliances durables ne reposent pas sur les intérêts du moment, mais sur la confiance et le soutien mutuel face aux crises ». Cette maxime illustre parfaitement la portée de cette visite éclair, mais hautement symbolique, du Président du Niger, Son Excellence le Général Abdourahamane TIANI. En effet, quelques jours avant son arrivée à Bamako, lors du 86e Sommet de l’Assemblée générale des Nations Unies, des déclarations tenues par des responsables algériens avaient suscité une vive indignation à Bamako ainsi que dans les autres pays de l’AES. Ces propos, perçus comme une ingérence et une tentative de fragiliser la Transition malienne, ont ravivé les tensions entre les deux pays voisins. Dans ce climat, la visite du Président TIANI à Bamako apparaît comme une réponse diplomatique forte : le Niger, aux côtés du Burkina Faso, se tient solidairement derrière le peuple malien et son président.
Ce déplacement inattendu n’est donc pas seulement un acte de coopération classique ; il s’inscrit dans une logique de défense mutuelle face aux pressions extérieures. Comme le rappellent certains analystes, le Sahel est devenu un espace de luttes d’influence où les choix souverains des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) dérangent. Dans ce contexte, la présence physique de TIANI à Bamako équivaut à un signal de fermeté adressé aux chancelleries étrangères.
Un partenariat forgé dans l’épreuve
Le discours du Président nigérien à Bamako a d’ailleurs fait écho à l’histoire récente. Il a rappelé le 22 novembre 2023, lorsque le Niger, sous menace d’intervention militaire après le coup d’État, avait bénéficié du soutien inconditionnel du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée. Ce moment de solidarité avait ouvert la voie à la création de l’AES, puis à l’institutionnalisation de la Confédération des États du Sahel en 2024 à Niamey.
En réaffirmant cette mémoire commune, le général Abdourahamane TIANI a souligné que le lien entre les peuples du Sahel dépasse les simples considérations politiques. Il s’agit, selon lui, d’une véritable communauté de destin, forgée dans la résistance face aux ingérences et dans la lutte commune contre le terrorisme.
Les entretiens au Palais de Koulouba ont permis de revenir sur les trois piliers structurants de la Confédération. D’abord, la défense et la sécurité demeurent une priorité absolue dans une région en proie au terrorisme et au banditisme armé. À ce titre, une force conjointe dotée d’un état-major basé à Niamey est déjà opérationnelle, preuve tangible de la volonté des États sahéliens de mutualiser leurs moyens militaires. Ensuite, la diplomatie constitue le second axe majeur, avec une position commune désormais portée dans les grandes instances internationales, afin de faire entendre une voix sahélienne unie face aux défis mondiaux.
Enfin, le développement représente le troisième pilier, matérialisé par la création de la Banque Confédérale d’Investissement et de Développement, un instrument stratégique conçu pour financer des projets structurants et favoriser l’émergence économique de la région. En somme, ces trois dimensions traduisent clairement l’ambition du Mali, du Niger et du Burkina Faso de bâtir un modèle alternatif, centré sur la souveraineté, l’autonomie stratégique et la prospérité partagée.
Un message au-delà de Bamako
Mais au-delà de ces aspects institutionnels, la portée symbolique de la visite est évidente. Elle constitue un avertissement à tous ceux qui tenteraient d’isoler l’un des membres de la Confédération. En venant à Bamako juste après les frictions diplomatiques avec Alger, TIANI a voulu montrer que le Niger et le Burkina Faso forment un bloc indissoluble avec le Mali.
Il s’agit aussi d’un signal adressé à la communauté internationale : les États sahéliens refusent toute politique de division et entendent définir eux-mêmes leur trajectoire politique, sécuritaire et économique. Comme l’a rappelé TIANI, la marche vers la souveraineté est « irréversible ».
Une dynamique irréversible
Au-delà des discours, le déplacement du président nigérien a été marqué par la chaleur de l’accueil populaire et la solennité des cérémonies. Il témoigne d’une volonté partagée de transformer la solidarité politique en actions concrètes. Le peuple malien, en accueillant son allié nigérien, a vu dans ce geste une reconnaissance de ses sacrifices et une confirmation de son rôle moteur au sein de l’AES.
Cette visite éclair, derrière son apparente simplicité, s’inscrit dans une dynamique régionale profonde. Elle renforce le partenariat stratégique entre Bamako et Niamey, consolide la Confédération des États du Sahel et envoie un message clair aux adversaires : les peuples du Sahel, unis par l’histoire et les épreuves, sont décidés à défendre leur souveraineté et à tracer ensemble leur avenir. Avec ce geste fort, Abdourahamane TIANI a confirmé que l’heure est désormais à l’action collective pour bâtir un Sahel digne, libre et prospère.
La Rédaction