(CROISSANCE AFRIQUE)-Le secteur agroalimentaire sénégalais fait un pas de géant vers une plus grande indépendance et un renforcement notable de sa capacité interne à produire des denrées essentielles. En effet, Adama Sène Cissé, une entrepreneuse visionnaire sénégalaise reconnue pour son dynamisme et son engagement, et cofondatrice de l’entreprise innovante Gade Gui, a réussi à obtenir un financement substantiel de 2,5 milliards FCFA, soit l’équivalent impressionnant de 4,6 millions de dollars.
Ce soutien financier provient de Proparco, une branche du groupe Agence française de développement (AFD), connue pour son rôle crucial dans le financement de projets prometteurs en Afrique. Ce fonds considérable sera consacré à la création et au développement d’une ferme avicole ultramoderne, spécialement dédiée à la production d’œufs de consommation, avec une capacité impressionnante qui devrait atteindre plus de 80 millions d’unités par an.
Il est important de noter qu’il s’agit du tout premier financement direct accordé par Proparco à une petite ou moyenne entreprise d’Afrique de l’Ouest dans le cadre de son initiative ambitieuse et ciblée ‘’PME à forte croissance ». Cet engagement fort témoigne de la confiance renouvelée envers les entrepreneurs locaux engagés à renforcer la souveraineté alimentaire du continent africain, un enjeu crucial dans un contexte de dynamique démographique et d’urbanisation rapide. Jusqu’à présent connue principalement pour son expertise et son succès dans l’élevage de poulets de chair, Gade Gui élargit désormais ses horizons en ciblant un segment stratégique et porteur : la production d’œufs, un aliment de base dont la demande croît de façon exponentielle en raison des mouvements d’urbanisation et de la croissance démographique constante.
Ce projet permettra de réduire la dépendance du Sénégal aux importations et de stabiliser l’approvisionnement local, alors que les chocs récents sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ont révélé la vulnérabilité des économies africaines face aux marchés internationaux. Outre la création d’emplois locaux, cette nouvelle unité bénéficiera d’équipements modernes et d’un accompagnement technique du groupe français NTD, garantissant une production durable, traçable et économe en énergie.
Avant de devenir entrepreneure, Adama Sène Cissé a bâti une carrière exemplaire dans la finance, marquée par son solide parcours au sein de prestigieuses institutions. Ancienne cadre de la brillante Ernst & Young ainsi que de Citibank Sénégal, sa présence s’est également faite sentir chez Ecobank. Dans ces entreprises, elle a dirigé avec maestria des équipes réparties dans huit pays du continent africain, ce qui témoigne de sa capacité à étendre son influence et à optimiser les performances dans divers contextes culturels et économiques. Avant de faire un pivot significatif dans sa carrière, elle a atteint le poste de directrice générale en Guinée-Bissau et a ensuite exercé ses talents de leadership au Mozambique, renforçant ainsi sa réputation d’excellence.
Aujourd’hui, forte de cette expertise qu’elle a acquis au fil de nombreuses années de service dans le secteur bancaire, elle se consacre à l’agriculture, un secteur aux multiples facettes et challenges qu’elle décrit comme étant ‘’l’un des plus exigeants, mais aussi des plus gratifiants ». Sa transition notable de la finance à l’agroalimentaire ne fait pas que refléter son ambition personnelle, elle illustre également une tendance émergente au sein du leadership africain. Cette tendance se caractérise par des cadres chevronnés qui, après avoir acquis une vaste expérience dans des institutions de renommée, choisissent de quitter ces environnements corporatifs pour investir dans des domaines cruciaux tels que l’agriculture, essentiels au développement durable et à la prospérité du continent africain.
À travers cette levée de fonds conséquente, Gade Gui exprime son ambition de devenir un acteur de référence incontournable dans la filière avicole sénégalaise. Ce projet novateur vise non seulement à donner une impulsion significative à l’industrie nationale, mais aussi à contribuer à un objectif plus large de rendre les protéines animales plus accessibles pour les populations sénégalaises. Les espoirs placés dans ce projet dépassent le cadre individuel, puisque cette initiative promet de générer un impact économique significatif en créant des centaines d’emplois, directs et indirects, et d’apporter une modernisation essentielle aux pratiques agricoles locales. Le succès de ce projet pourrait ainsi renforcer l’infrastructure agricole du pays, tout en assurant une sécurité alimentaire accrue pour ses habitants.
Cette opération marque véritablement un tournant significatif pour la finance d’impact sur le continent africain. En effet, il ne s’agit pas simplement d’un soutien ponctuel, mais d’un engagement profond envers les petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des femmes, en particulier dans des secteurs stratégiques où l’influence économique peut être profondément transformée. Proparco, par son action, réaffirme sa conviction que ces petites entreprises, souvent négligées, peuvent devenir de puissants leviers de changement économique et social. Pour le Sénégal, ce projet prend une dimension bien plus importante que celle de la simple production d’œufs. Il est le symbole de la montée en puissance d’un entrepreneuriat féminin qui ne se contente pas de prospérer de manière isolée, mais qui s’inscrit dans un mouvement structuré et ambitieux, devenu moteur de souveraineté alimentaire pour le pays. Ce projet illustre comment les femmes peuvent jouer un rôle essentiel dans la construction d’une économie résiliente et autonome, ouvrant la voie à un avenir plus équilibré et durable.

