APERÇU SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE : CAS DE LA REGION DE THIES

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Production et sécurité alimentaire, la région de Thiès reste parmi toutes les autres, celle qui a réuni les conditions d’une amélioration sur le plan de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Elle arrive à fournir la quasi-totalité des besoins en légumes et fruits. Les ressources halieutiques sont suffisamment abondantes au point de répondre aux besoins alimentaires (poisson et dérivés ) dans d’autres régions. Mbour, Mboro, Joal et Cayar sont les principaux sites de pêches. La production céréalière socle de toute sécurité alimentaire connait une certaine stabilité. Elle a connu une légère baisse au cours des dernières années. Cette tendance baissière s’explique par le fait d’une diminution de la pluviométrie, raccourcissement du cycle des pluies sans compter le réchauffement climatique.

Ces variations résultant de ces changements doivent trouver des mesures d’accompagnement qui assurent la résilience : Mesure d’amélioration des sols,  Amélioration des matériels de production ( Matériels végétaux),  Mesures portant sur la gestion de l’eau Pour assurer la sécurité alimentaire et augmenter les revenues économiques de nos producteurs, il faudra accorder une importance au rehaussement du potentiel agricole. La structure des composantes paysannes est marquée par le vieillissement des paysans et des jeunes tournés vers l’exode rural ou l’immigration clandestine. Ce phénomène apparemment nouveau découle d’un manque d’intérêt et une perception négative de notre agriculture au Sénégal. Cela entraine une baisse de production vu le niveau des forces de travail en présence.

La fonction nourricière de l’agriculture est assurée en grande partie par les exploitations familiales sous une agriculture pluviale. Les unités de production doivent être repensées en fonction des objectifs nouveaux en faisant référence aux ressources et contraintes par rapports à la vulnérabilité face aux changements climatiques. Le Sénégal connait des impacts néfastes sur les ressources en eau dans les activités agro sylvo-pastorales et de la pêche.

Il nous faudra des options d’adaptation qui nous soustraient des effets d’un changement climatique. Parallèlement à l’agriculture familiale, il faut noter que la présence de fermiers ou de petites entreprises agricoles se voit participer dans l’évolution de notre potentiel céréalier. Une irruption de l’agro- business qui permet de potentialiser au profil des préoccupations alimentaires. La sécurité alimentaire est le résultat d’une couverture des besoins nutritionnels et alimentaires d’une population donnée en assurant la disponibilité des stocks et leur accessibilité. Dans le monde rural la BCV est une de ces dispositions. Les besoins doivent être préférentiellement et potentiellement assurés par la production intérieure. A la différence de l’autosuffisance alimentaire on peut recourir à l’importation pour compléter cette différence qui pourrait exister entre production intérieure et besoins exprimés ou évalués.

Le concept de la sécurité alimentaire a évolué au fil des années. Dans les années 70, le déficit au niveau de la consommation alimentaire était principalement attribué à une offre de nourriture insuffisante et de pérennité non garantie de nourriture. Apres une décennie, une réflexion au niveau international a conclu qu’il pouvait y avoir une insécurité alimentaire dans un contexte d’abondance de nourriture. Cette dernière pouvait dès lors procéder de carence dans l’accessibilité à la nourriture. II. Banques céréalières villageoises et perspectives Au sortir des années de sècheresse dans les années 70, les pays d’Afrique sub-saharienne ont connu un niveau d’insécurité alarmant. Sentant le besoin d’apporter une réponse, la FAO et d’autres ONG ont favorisé la création de ces banques céréalières.

Ces unités économiques gérées par les différentes communautés se sont données un double objectif : Assurer une fourniture correcte à une population donné afin d’atteindre la sécurité alimentaire Favoriser l’augmentation des revenues économiques C’est cela en bref le sens donné aux banques céréalières villageoises.  La banque de céréales villageoise (BCV) est un dispositif décentralisé constitué de réserves de céréales en vue d’assurer la sécurité alimentaire d’une population donnée.  Organisée, gérée, par et pour les agriculteurs au niveau du village ou groupe de villages. Elle constitue un outil de développement local, assurant un rôle social et économique, avec la participation des populations rurales.

 L’unité de base reste le lieu où vont se servir les intérêts individuels à travers :  L’achat et la vente des produits céréaliers  L’octroi de crédits alimentaires  Récépissé en dépôt : formule qui permet aux membres de contracter un prêt en déposant une partie de leur production sous forme de garantie en attendant que les prix soient compétitifs. Une diversification plus importante des BCV permettant en dehors des objectifs principaux qui lui sont assignés de réguler à l’achat et à la vente les prix des principaux produits céréaliers.

Elle permettra de nous protéger de la charge spéculative des commerçantsA l’origine certains organismes (Programme Alimentaire Mondiale, Vision Mondiale etc) estimaient que les BCV allaient déréguler les fluctuations qui pouvaient qui pouvaient s’opérer avec les commerçants mais il s’est avéré que c’est tout le contraire. Elle peut en même faire faire partie des mesures d’accompagnement pour la résilience de nos paysans par rapport à la pauvreté. Face au crédit, la banque céréalière peut être une interface pouvant permettre à ses membres d’accéder au financement.

Celui-ci est un facteur qui peut améliorer les conditions de production des paysans (semences de qualité, intrants pour l’amélioration de la fertilité des sols. La lutte contre la pauvreté connaitra un essor avec la présence et la densification des BCV ; celles-ci doivent participer à la définition de la stratégie de lutte contre l’insécurité alimentaire. Les paysans sur les lesquels nous pensons compter pour des solutions durables sont en même temps les fournisseurs en céréales des BCV mais également les consommateurs à qui nous devons assurer la sécurité alimentaire. L’appellation de BCV devient exagérer car on confond magasin de stock avec une rotation d’approvisionnement, de vente pour prétendre avoir une BCV.

Le directeur de l’agriculture O Sané a eu a u cours de l’atelier de partage et de validation au mois de novembre décembre 2017 à déclarer qu’en 7ans, le projet de banque céréalière villageois du programme alimentaire mondiale en appuyant l’état du Sénégal a dénombré 771 BCV dont 712 fonctionnelles. Dans le cadre du projet 5400 tonnes ont été collectés pour une valeur de 850 millions. En analysant ces données nous nous rendons compte que: Le ratio par BCV est relativement faible (7,50 tonnes). Ces quantités contribuent uniquement à moins de 0,50% des besoins pour atteindre la sécurité alimentaire (mil, maïs, sorgo). Beaucoup de ces BCV ne répondent pas aux normes en terme d’infrastructures ni aux fonctions qui leur sont attribuées.

Une autre vision des BCV doit être repensée si nous voulons réellement atteindre les objectifs essentiels des banques céréalières. Dans la région de Thiès, nous avons dénombré 7 Banques financés USADF (Fondation des Etats Unis pour le Développement en Afrique. Localisés dans le département de Tivaouane polarisant 85 villages touchant une population rurale de 20 milles habitants. Après trois années d’existence, l’impact économique et social est bien apprécié par les populations. Une meilleure densification des BCV, combinée à une harmonisation des interventions des ONG vont permettre aux organisations paysannes de mener des actions durables qui impactent positivement sur la vie des ruraux.

Les BCV peuvent constituer une réponse aux contraintes de crédit observées chez les ruraux plus vulnérables. En tirant des leçons des BCV dans le département de Tivaouane, nous avons noté : Un intérêt pour les producteurs d’être reliés à une unité économique où ils peuvent vendre et acheter  Exercer une gouvernance locale et de démocratie (comité de gestion, comité de contrôle)  Soutenir les petits agriculteurs en leurs octroyant des prêts alimentaires en période de soudure III. Les perspectives de l’investissement public et de l’investissement privé pour l’atteinte de la sécurité alimentaire Les différents documents stratégiques de politique (Plan Sénégal Emergent, Enquêtes nationales pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, Stratégies nationales pour la sécurité alimentaire et la résilience 2015-2035) placent l’objectif de la sécurité alimentaire comme priorité.

Programmes et projets des ONG (Vision Mondiale, Programme Alimentaire Mondiale) concourent à l’atteinte de la sécurité alimentaire. Pour y arriver des investissements publics et privés sont nécessaires. Il ne s’agira pas uniquement d’une volonté politique mais elle doit s’adosser à une réelle stratégie d’investissement. Ces derniers doivent privilégier le secteur de l’agriculture en lui associant des mécanismes de financement à la portée des petits producteurs. Nous avons pensé que le relèvement du potentiel agricole doit être accompagné des infrastructures de stockage, de banques céréalières villageoises, de moyens de productions consistants et de formation et d’encadrement technique. Tout cela doit se résumer dans une stratégie à moyen et long terme qui permet d’apporter les changements voulus.

Ainsi l’investissement public s’occupera de l’objectif de la production et des mesures d’accompagnement : distribution, stockage, commercialisation et transformation. S’agissant de l’investissement privé il est préférable de penser à des mécanismes qui assurent le retour sur investissement. Le fond de garantie déposé auprès des banques et institutions de microfinance en est un exemple. Le succès de l’investissement privé passera par une caution des organisations paysannes ou des communautés elles-mêmes.

Docteur Alexandros Ragoussis de la Société Financière Internationale (IFC) déclara : « les investissements dans le secteur de l’agriculture est deux fois ou quatre fois plus efficaces qu’en investissant dans tout autre secteur d’activités pour sortir les gens de la pauvreté extrêmes ». C’est là une raison de plus vu notre niveau de chômage et la faible contribution de l’agriculture dans le produit intérieur brut (PIB) de réfléchir du comment potentialiser notre agriculture ? Occupant un pourcentage assez élevé (55% à 60%) de notre population active il devient non rentable de confiner ce secteur dans une situation de précarité.Marchés et sources de financement font partie des contraintes. Docteur Alexandros Ragoussis prévient en disant que : « l’argent ne sera pas le moteur du développement à lui seul ».

Réfléchissons alors à une utilisation de l’argent suivant un consensus fort avec les acteurs principaux (producteurs agricoles, pastorales, avicoles etc) De ce qui précède, il s’avère obligatoire de relever le niveau d’accompagnement politique en élaborant des stratégies qui prennent en compte l’impact risque des productions alimentaires. D’après les statistiques disponibles, 95% de notre agriculture est de type familiale, donc tout investissement doit tenir en compte cette particularité. Il existe des risques si ces producteurs sont pris isolément d’où la nécessité de considérer les organisations paysannes ou les BCV comme vecteurs pour canaliser les investissements surtout ceux privés.

Une présence plus marquée des privés dans l’agriculture est notée. Peut-être leur préoccupation essentielle en termes de production ne vise pas particulièrement la sécurité alimentaire mais ils ont le mérite d’y contribuer. L’investissement privé dans l’agriculture offre des opportunités pour des filières industrialisantes (riz, maïs, tomates etc). Il y a également l’agro-business qui a sa part de contribution. Assurant tous ces investissements l’agriculture saura apporter une résilience contre la pauvreté. Elle n’aura uniquement à assurer la nourriture .

Source: N’Diamé THIAM

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