Par croissanceafrique
L’homme qui a choisi comme mentor, Amadou Toumani Touré, ancien président du Mali, a accordé une interview à un groupe de media dont notre organe ‘’Croissance Afrique’’, un site d’information fait partie. L’opérateur économique et homme politique malien s’est exprimé sur la situation actuelle du Mali notamment le choix du premier ministre de Transition, Moctar Ouane, les missions du gouvernement de Transition, les sanctions de la CEDEAO etc.
Croissanceafrique: Quelles sont vos impressions sur le choix du premier ministre de Transition, Moctar Ouane ?
Bittar: Selon la constitution du Mali du 25 février 1992, le premier ministre est choisi par le président de la république. C’est le président seul qui sait pourquoi son choix est porté sur telle ou telle personne pour le poste de premier ministre. Il est le seul responsable du choix de son premier ministre.
Quant au tout nouveau premier ministre de la transition, Moctar Ouane, je le connais bien. J’ai eu l’occasion de voyager avec lui dans beaucoup de pays pendant le régime d’Amadou Toumani Touré, quand il était aux affaires étrangères. Et j’étais à la chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM). Ce dernier est un diplomate de carrière chevronné. Il est quelqu’un qui a une expérience avérée dans la diplomatie et qui a beaucoup de relations.
Mais la question est de savoir si le choix lui sera laissé pour choisir des hommes avec qui il peut travailler. Puisqu’une équipe gouvernementale est comme une équipe de football. Le choix des hommes et femmes pour composer un gouvernement est très important pour un premier ministre. Il est aussi important de savoir si Moctar Ouane lui-même était prêt à occuper un poste politique de ce rang. Il est recommandé à Moctar Ouane de former un gouvernement dans 48 heures après sa nomination qui doit inclure toutes les composantes du pays. Est-ce que cette façon de former un gouvernement permettra à l’actuel premier ministre de faire correctement son travail ? cette façon de former un gouvernement est considérée comme un partage de gâteau. Il serait très difficile de produire de bons résultats dans ce sens. Je peux dire que la formation de gouvernement d’union nationale est l’une des principales causes de l’échec du Mali.
Généralement les membres du gouvernement se font leur connaissance lors du premier conseil des ministres, comme si c’était le hasard. Il n’y a pas de hasard dans la gouvernance d’un pays. Les affaires politiques doivent être gérées par les hommes politiques et non les technocrates comme beaucoup le recommandent. Un poste ministériel est politique.
Nous respectons le premier ministre Moctar Ouane. Mais selon moi, l’engagement n’a pas été respecté. Il était dit à tout le monde que le poste de premier ministre est réservé au M5-RFP qui est l’auteur du changement.
Croissanceafrique: Quelles sont les missions que vous recommandez au gouvernement de Transition ?
Bittar : Beaucoup de gens pensent que tous les problèmes seront résolus pendant la Transition. Qu’ils se détrompent. Le gouvernement de Transition doit avoir des priorités. Mais cela ne veut pas dire que tous les autres secteurs seront ignorés. Ce gouvernement de Transition doit se donner comme priorités, la révision constitutionnelle et celle du fichier électoral pour éviter les contentieux électoraux. Il doit aussi se donner comme priorité, la sécurité. Pour y parvenir, la conjugaison des efforts de tous les maliens est nécessaire.
Croissanceafrique: Que pensez-vous des sanctions de la CEDEAO contre le Mali ?
Bittar : Concernant les sanctions de la CEDEAO contre le Mali dans ces circonstances actuelles, ce n’est pas facile. Mais il faut savoir que seul le politique peut régler le problème politique. Sinon cette même CEDEAO est venue à plusieurs reprises au Mali quand nous demandions la démission du président Ibrahim Boubacar Keita. Nous avons été menacés de sanctions si nous franchissions la ligne rouge que nous considérions en son temps comme notre ligne verte. Malgré ces menaces nous avons résisté jusqu’à la démission d’IBK. Parce que nous étions bien préparés pour affronter toutes les difficultés sur notre chemin de bataille.
Mais nous constatons que le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP) manque de bons interlocuteurs en face de la CEDEAO pour négocier. Nous, en tant que M5-RFP ne pouvons pas nous prononcer sur le contenu du sommet tenu à Accra entre les chefs d’Etat de la CEDEAO et le CNSP. Puisque nous, membres du M5-RFP n’avons pas été associés. Moi personnellement en tant que leader du M5-RFP n’ai pas encore reçu une copie de la charte de la Transition. Donc je ne peux pas me prononcer sur cette question de façon nette.
Croissanceafrique: Quelle est votre position actuelle par rapport au M5-RFP ?
Bittar : Je suis chef d’un regroupement de 23 partis politiques qui est toujours dans le M5-RFP. Ce groupe s’appelle le Pôle Politique de Consensus (PPC). Malgré les divergences, le M5-RFP se porte bien. Je l’ai toujours dit que le M5-RFP est composé de partis politiques, associations et autres. Les gens ne peuvent pas avoir les mêmes objectifs politiques. Et je pense que le combat du M5-RFP n’est pas fini. Le départ d’IBK était un des objectifs de notre mouvement. Nous allons lutter pour atteindre les autres objectifs. Certains leaders du mouvement ont des ambitions pour cette Transition. Par contre d’autres visent l’après Transition. Moi personnellement, je n’ai aucune ambition pour cette Transition. Les projets de j’ai pour ce pays ne peuvent pas être réalisés pendant une période de transition. Je veux un mandat complet.
Croissanceafrique: Le poste de premier ministre n’est pas attribué au M5-RFP. Que pensez-vous ?
Bittar : Aujourd’hui, les choses doivent se passer dans les normes. Il faut que chacun respecte ses engagements. Si ça ne tenait qu’à moi, aucun membre du M5-RFP ne devait envoyer son dossier pour le poste de premier ministre. Tous les leaders du M5-RFP sont connus de tous. D’ailleurs même le président de Transition a tous les moyens pour se renseigner sur n’importe quel membre de notre mouvement. Le gouvernement n’est pas une entreprise où les gens doivent postuler pour chercher de l’emploi.
Croissanceafrique: Des rumeurs sur les réseaux sociaux faisant croire que l’imam Dicko serait à la base du choix du premier ministre Moctar Ouane. Qu’en pensez-vous ?
Bittar : Je demande aux maliens d’être reconnaissants envers des personnes comme l’imam Mahmoud Dicko, autorité morale du M5-RFP. Pour connaitre cet homme, il faut l’approcher. Sinon j’ai beaucoup appris avec lui dans ces derniers moments. Il est un homme animé de bonne foi. Il est loin d’être un traitre. Il sait ce qu’il dit et ce qu’il fait. L’imam Dicko est une bibliothèque. L’imam n’a choisi personne pour être premier ministre ou président de Transition. Que les gens arrêtent de raconter des mensonges sur notre imam.
IB KONE