(CROISSANCE AFRIQUE)- Au Gabon, le séjour du président Brice Clotaire Oligui Nguema à New York, dans le cadre de la très attendue 80ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, s’est distingué par une annonce retentissante portant sur un projet de financement de vaste envergure.
En effet, le chef de l’État, conscient des défis et des opportunités pour son pays, a tenu des discussions décisives avec Olivier Lokolomba, représentant influent du fonds de pension Roperfund. Ce dialogue portait sur la perspective d’un accord financier impressionnant, atteignant la somme colossale de 7 000 milliards FCFA. Les débats se sont concentrés sur un soutien crucial destiné à dynamiser des secteurs stratégiques tels que les infrastructures, qui nécessitent modernisation et développement, l’énergie, essentielle à la transformation industrielle, et les mines, source de richesses naturelles.
La somme mentionnée dans ces pourparlers ne manque pas d’impressionner par sa grandeur. Avec 7 000 milliards FCFA, on parle d’un montant qui s’approche dangereusement du budget national prévu pour 2026, soit 7 233 milliards FCFA. Ce chiffre représente environ 60 % de l’ensemble du produit intérieur brut du Gabon, lequel est estimé à environ 12 000 milliards FCFA pour l’année 2024.
De plus, cette somme excède nettement les besoins de financement annuels identifiés par la Banque africaine de développement (BAD), qui pointe un déficit financier de l’ordre de 987 milliards FCFA chaque année, pour la période allant de 2024 à 2026. L’accord envisagé reflète ainsi non seulement l’ambition du Gabon d’accroître ses capacités économiques, mais aussi sa volonté d’assurer un avenir plus prospère à sa population en répondant aux défis économiques et sociaux croissants.
Roperfund, qui se présente comme un fonds de pension ayant une visée internationale, n’apparaît toutefois pas dans les principaux bilans des investisseurs institutionnels déjà actifs sur le continent africain, malgré ses ambitions affichées. L’absence d’antécédents publics documentés sur le continent incite donc les acteurs à faire preuve de prudence et de circonspection.
Ainsi, les autorités gabonaises, en particulier, devront faire preuve de vigilance pour s’assurer de la crédibilité de ce partenariat potentiel, ainsi que de la capacité réelle de Roperfund à mobiliser une enveloppe financière aussi conséquente que celle qu’il prétend pouvoir déployer. Les expériences passées dans la région montrent que les annonces de financements massifs peuvent souvent se heurter à des obstacles de concrétisation, faute de garanties suffisantes, d’une structuration financière adaptée ou d’un suivi rigoureux pour assurer la mise en œuvre des projets.
Dans ce contexte économique complexe, le défi principal pour le Gabon demeure lié à la gouvernance financière. Selon le Rapport pays 2025 de la Banque Africaine de Développement (BAD), le Gabon fait face à une dette publique représentant 73,4% de son Produit Intérieur Brut (PIB) en 2024, et sa note souveraine a été dégradée à CCC, un niveau préoccupant qui souligne les dangers accentués par une pression fiscale qui reste faible, avoisinant les 11,9% du PIB. Le Fonds Monétaire International (FMI) projette que le ratio de la dette pourrait atteindre les 102% du PIB d’ici 2028, ce qui constitue un chiffre alarmant si les mesures correctrices ne sont pas appliquées en temps voulu. …
Actuellement, le projet en collaboration avec Roperfund représente une perspective ambitieuse et prometteuse, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités économiques et de développement pour la région. Toutefois, la réussite et la réalisation effective de cette initiative dépendront étroitement de la transparence des négociations en cours, un élément crucial pour établir une confiance mutuelle et garantir la pérennité de l’engagement des deux parties.
Notons qu’il, sera impératif que le Gabon puisse intégrer ce financement de manière à ce qu’il s’inscrive dans une trajectoire de soutenabilité, favorisant non seulement la croissance économique à long terme, mais aussi une transformation structurelle indispensable pour renforcer la résilience du pays face aux défis économiques actuels et futurs.
Moussa KONÉ