(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Ghana, les autorités se préparent avec diligence à un rendez-vous décisif avec le Fonds monétaire international (FMI), un moment clé dans le parcours économique du pays. Une mission de l’institution financière internationale est attendue à Accra à la fin du mois de septembre 2025, dans le but de procéder à la cinquième revue de son programme de Facilité élargie de crédit.
Cette phase cruciale, qui constitue l’avant-dernière étape avant la conclusion de l’accord prévu pour mai 2026, sera déterminante pour le déblocage d’un nouveau décaissement d’environ 360 millions de dollars américains, dont la disbursal est planifiée pour le mois d’octobre.
La visite de la mission du FMI survient quelques mois après l’achèvement de la quatrième revue, et à un moment où les marchés financiers expriment des inquiétudes quant à la capacité du Ghana à maintenir une discipline budgétaire sustainable et rigoureuse une fois que l’accompagnement du Fonds arrivera à son terme. Plusieurs bailleurs de fonds internationaux ont encouragé les autorités ghanéennes à instaurer des marges de sécurité afin de garantir une stabilité économique solide et durable après la fin du programme. Dans cette optique, le gouvernement du Ghana affirme haut et fort avoir mis en place toutes les réformes nécessaires et structurelles pour rassurer les investisseurs potentiels et existants sur la stabilité et la viabilité économiques du pays.
La cinquième revue, qui représente une phase d’analyse approfondie, portera sur les performances économiques enregistrées jusqu’à juin 2025, évaluant de manière critique les progrès réalisés et les ajustements opérés pour aligner l’économie ghanéenne sur les normes internationales et efficacités exigées par le programme du FMI. Cette évaluation influencera directement la trajectoire économique du Ghana dans les mois et années à venir.
Elle examinera notamment l’évolution de l’inflation, la solidité des réserves de change, l’audit des arriérés de paiement et la situation du secteur bancaire. Dans ce cadre, il est crucial de garder à l’esprit que des points sensibles persistent, tels que la recapitalisation nécessaire de certaines banques privées et publiques, qui devraient renforcer leur capacité à résister à des chocs économiques.
En outre, les déficits de recettes dans un contexte d’appréciation de la monnaie présentent des défis considérables pour la stabilité fiscale. Un autre aspect à surveiller est l’accumulation continue d’arriérés dans des fonds tels que le NHIL (National Health Insurance Levy), le GETFund (Ghana Education Trust Fund) et le Fonds routier, qui impactent les infrastructures essentielles et la santé publique. Par ailleurs, le FMI suivra également l’atteinte de l’objectif essentiel d’excédent primaire de 1,5% du PIB, qui vise à améliorer la viabilité budgétaire du pays, ainsi que l’efficacité des dépenses sociales qui ont le potentiel de réduire les inégalités et d’améliorer la qualité de vie des citoyens.
Le programme ghanéen, approuvé en mai 2023, porte sur un financement total de l’équivalent de 3 milliards de dollars, une somme conséquente destinée à revitaliser l’économie nationale. Ses priorités incluent la consolidation des finances publiques par un accroissement significatif des recettes domestiques, ce qui permettrait d’élargir la base fiscale et de promouvoir une gestion économique plus robuste.
De plus, il prévoit une rationalisation des dépenses, visant à garantir que les ressources soient utilisées avec efficacité et transparence. La protection des populations vulnérables est également au cœur de ces mesures d’ajustement, avec un objectif clair d’élargir les transferts sociaux pour soutenir les couches défavorisées. Enfin, des réformes structurelles d’envergure touchant plusieurs secteurs devraient aspirer à stimuler la croissance à long terme et à repositionner le pays sur la voie de la prospérité durable.
La politique monétaire reste également sous surveillance étroite et constante : la maîtrise rigoureuse de l’inflation, la fin définitive du financement direct des déficits budgétaires par la banque centrale, et le maintien d’un régime de change flexible, sont tous considérés comme étant des mesures cruciales et indispensables pour reconstituer les réserves nationales. De plus, ces actions sont essentielles pour renforcer la crédibilité économique du pays sur la scène internationale, ce qui pourrait attirer davantage d’investissements étrangers et stimuler l’économie locale.
Notons que la réussite de cette cinquième revue enverrait un signal fort et positif aux marchés financiers internationaux, à un moment où la soutenabilité et la stabilité budgétaire demeurent des enjeux cruciaux. Elle confirmerait l’engagement d’Accra, qui s’attache à stabiliser ses comptes publics de manière durable, tout en se préparant soigneusement à une sortie ordonnée du programme de soutien du Fonds Monétaire International (FMI) prévue pour 2026. Cette démarche vise non seulement à restaurer la confiance des investisseurs, mais aussi à favoriser une croissance économique saine et résiliente pour les années à venir.
Moussa KONÉ