CROISSANCE AFRIQUE)-Dans un contexte économique mondial en constante évolution, le Tchad fait une entrée remarquée sur le marché des notations souveraines.
L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a récemment évalué le pays pour la première fois, attribuant des notes de « B- » pour les emprunts à long terme et de « B » pour les obligations à court terme. Cette évaluation est un jalon crucial, car elle marque l’ancrage du Tchad dans le paysage financier international. Cette reconnaissance pourrait transformer la manière dont les investisseurs perçoivent le pays et ses perspectives de développement.
Le Tchad a longtemps été à la croisée des chemins, avec des défis politiques et économiques majeurs. L’élection de Mahamat Idriss Déby en mai 2024 a contribué à stabiliser le climat politique, ce qui a facilité la délivrance de cette notation. Cette stabilité est essentielle pour encourager la confiance des investisseurs. L’évaluation de S&P, assortie d’une perspective stable, positionne le Tchad dans une catégorie moins risquée pour les emprunts, mais il reste tout de même dans une zone « hautement spéculative ».
Les notes « B- » et « B » attribuées par S&P indiquent que le pays présente des niveaux de risque significatifs. Ces notes se situent six niveaux au-dessus du défaut de paiement, ce qui en fait une situation délicate mais potentiellement prometteuse. S&P a également signalé les défis économiques importants, étant donné que l’économie tchadienne dépend fortement des exportations pétrolières. Les fluctuations des prix du pétrole pourraient avoir un impact direct sur la viabilité financière du pays, rendant cette notation particulièrement critique.
Cette notation pourrait radicalement changer la perception internationale du Tchad. Avec une évaluation reconnue et un cadre financièrement crédible, le Tchad est mieux placé pour attirer des investissements étrangers. Les investisseurs pourraient être incités à examiner les opportunités de développement dans le pays, ce qui pourrait également conduire à une amélioration des infrastructures. La possibilité d’émettre des obligations internationales offre une avenue supplémentaire pour générer des fonds nécessaires à son Plan national de développement.
L’économie tchadienne demeure vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole, qui représentent une part substantielle de ses revenus. Environ 75 % des exportations du pays proviennent du secteur pétrolier, ce qui le rend particulièrement exposé aux chocs économiques. Le gouvernement prévoit d’augmenter sa production, mais une chute des prix pourrait rapidement remettre en question ces projections. La diversification de l’économie est donc cruciale pour atténuer ces risques.
Le gouvernement tchadien est conscient de la nécessité de diversifier son économie pour garantir une croissance soutenue. Des efforts sont en cours dans des secteurs tels que l’agriculture et l’agro-industrie, ainsi que dans l’exploitation minière et gazière. Ces initiatives visent à réduire la dépendance au pétrole et à créer des opportunités d’emploi. Le Tchad explore également des réformes fiscales qui pourraient augmenter ses revenus non pétroliers.
S&P s’attend à ce que le Tchad connaisse une croissance d’environ 3,6 % par an entre 2024 et 2027, à condition que des réformes structurelles soient mises en œuvre. Ces réformes devraient se concentrer sur l’amélioration de la gestion financière et la création de nouvelles opportunités économiques. Les prévisions sont positives, mais dépendent fortement de l’engagement du gouvernement à stabiliser et développer l’économie. La réussite de ces réformes déterminera en grande partie la solidité future des notations du Tchad.
Dans une perspective régionale, le Tchad se positionne avec d’autres pays subsahariens notés par S&P, tels que le Cameroun, l’Angola, et le Nigéria. Bien que ces pays partagent des défis similaires, y compris une dépendance économique aux ressources naturelles, le Tchad se distingue par sa récente évaluation. Cette note peut servir de tremplin pour une amélioration continue de sa situation financière par rapport à ses voisins.
Notons que la notation souveraine du Tchad par Standard & Poor’s représente un tournant potentiel pour la nation. Bien que des défis demeurent, cette évaluation pourrait ouvrir des portes à des opportunités de financement et favoriser une diversification économique tant attendue. Le chemin reste à tracer, mais la direction semble enfin indiquée.
Korotoymou Sylla