(CROISSANCE AFRIQUE)-Aux États-Unis, les autorités ont officialisé, mercredi 17 décembre, leur engagement financier le plus majeur à ce jour en faveur du corridor de Lobito, un projet d’une importance stratégique dans le cadre des initiatives de développement régional.
À Washington, la U.S. International Development Finance Corporation (DFC), une agence fédérale américaine dont la mission est de soutenir les projets d’investissement du secteur privé dans les pays émergents et en développement, a annoncé la signature d’un prêt s’élevant à 553 millions USD, ce qui équivaut à environ 309 milliards FCFA.
Cette somme considérable est destinée à soutenir la modernisation de la ligne ferroviaire de Benguela, qui constitue le maillon central de ce corridor de transport essentiel reliant la République démocratique du Congo (RDC) à l’Atlantique via l’Angola, comme l’a rapporté l’agence Reuters. Ce projet de développement ambitieux vise non seulement à désenclaver les régions minières riches en ressources naturelles de la RDC et de la Zambie, mais également à établir une connexion directe avec le port stratégique angolais de Lobito. L’objectif affiché à travers cette initiative est de faciliter et d’accélérer l’exportation de minerais critiques tels que le cuivre et le cobalt, qui sont essentiels pour diverses industries à travers le monde, répondant ainsi à une demande croissante sur le marché international.
Le prêt consenti par la DFC est structuré de manière à bénéficier à un consortium qui associe des acteurs clés, dont le groupe portugais Mota-Engil, ainsi que le négociant international Tra, consolidant ainsi des partenariats qui devraient favoriser le développement et la prospérité régionale. Attribuée en concession à LAR en 2022 pour une durée de trente ans, la ligne de Benguela constitue non seulement l’ossature angolaise d’un corridor plus vaste, mais elle représente également un projet d’envergure qui vise à transformer les dynamiques commerciales et économiques de la région.
Ce corridor ambitieux doit relier, par le biais de nouvelles infrastructures modernes et efficaces, les riches gisements de cuivre situés en Zambie ainsi que les mines de cobalt stratégiques de la République Démocratique du Congo (RDC) au port de Lobito, un passage crucial pour l’exportation des ressources minérales. Le schéma de développement prévoit la construction d’environ 515 km de nouvelles voies ferrées en Zambie et de 315 km supplémentaires en RDC, toutes venant se connecter à la ligne angolaise existante, qui s’étend sur environ 1 300 km, créant ainsi un réseau logistique essentiel pour le renforcement des échanges commerciaux, selon les données relayées par l’agence de presse Reuters.
Ce projet ambitieux est piloté par l’Africa Finance Corporation (AFC), une institution financière régionale qui joue un rôle central dans le financement d’infrastructures en Afrique. En 2025, l’AFC a lancé un appel à propositions pour les travaux sur le tronçon zambien, une étape cruciale qui a suivi la finalisation des études de faisabilité approfondies. Un responsable de l’AFC a récemment indiqué en septembre à Reuters que d’autres accords de financement restaient attendus pour garantir la viabilité économique du projet, avec un calendrier de bouclage fixé à l’horizon 2026.
Ce projet d’infrastructure revêt une importance stratégique, car il pourrait considérablement améliorer l’accès aux marchés internationaux pour les ressources naturelles de la région, tout en stimulant le développement économique et créant des opportunités d’emploi pour les populations locales. Derrière ce projet ambitieux, Washington cherche stratégiquement à sécuriser des routes d’exportation alternatives pour les minerais stratégiques, indispensables à la fabrication des batteries et au développement des technologies de transition énergétique qui façonnent notre avenir durable.
Le corridor de Lobito est ainsi présenté par les autorités américaines comme une réponse directe et réfléchie à l’influence croissante de la Chine dans les infrastructures minières africaines, influençant non seulement les économies locales, mais également les dynamiques géopolitiques au sein de la région. Dans cette dynamique de compétition pour les ressources, Pékin, de son côté, soutient activement la réhabilitation du corridor ferroviaire reliant la Tanzanie et la Zambie, qui joue un rôle essentiel dans l’exportation des minerais vers l’océan Indien, via des ports stratégiques.
Notons que la China Civil Engineering Construction Corporation, un acteur clé des grands projets d’infrastructure, a même annoncé, plus tôt en 2025, un investissement considérable de 1,4 milliard de dollars pour ce corridor concurrent, une annonce relayée par des déclarations publiques reprises par des médias tels que Reuters, soulignant ainsi l’importance stratégique de ces initiatives dans le cadre d’un jeu d’influence international.
Abdoulaye KONÉ

