Point de presse tenu à la maison de la presse, ce dimanche, le 31 mars 2019. C’était pour parler à la presse et à l’opinion publique nationale et internationale, la réaction de l’État suite à l’attaque d’Ogossagou. Sur cette occasion, nous vous proposons de lire l’intégralité de propos du président, Hamidou Djimdé.
Mesdames et messieurs,
Merci d’avoir répondu une fois de plus à notre appel,
Cela fait notre troisième rencontre ici dans la même salle, pour parler de la création de notre mouvement et de ses objectifs; aussi de l’alerte de la menace qui plane sur l’hivernage à venir.
Je voudrais vous dire, chers amis et confrères, merci d’avoir porté haut notre parole. Nous sommes très conscients de l’enjeu qu’il ya de communiquer mais aussi, nous savons combien grand est, votre responsabilité de devoir rester neutre à un moment aussi crucial que celui-ci, où l’on est obligé de choisir son camp dans ce piège que d’aucuns qualifient, de façon réductionniste, de crise intercommunautaire.
Mesdames et messieurs, chers invités,
Ce matin, nous vous fait appel pour faire le point de la situation sécuritaire en Pays Dogon. Depuis le début de la crise multidimensionnelle que connait notre pays, nous vivons une situation de plus en plus insoutenable.
Cette crise, nul besoin de le rappeler, a entrainé le départ des services essentiels étatiques d’une grande partie des régions du Nord et celles du centre, ouvrant ainsi la voie royale aux groupes terroristes dont les actes menacent le vivre ensemble et la cohésion entre la dizaine de communauté ethniques de cette aire de brassage et de métissage. La cohabitation a ainsi pris un coup très sérieux.
Mesdames et messieurs de la presse,
Nous, Mouvement BAGUINÉ SÔ, nos multiples alertes et appels ont été vains en l’endroit de nos autorités à sécuriser nos populations. Une fois de plus, le Pays Dogon vient d’être poignardé dans son cœur avec son lot de morts et de blessés à Ogossagou. Nous demandons avec forces cet acte ignoble et que les acteurs soient traqués et punis par la loi.
Par la même occasion, nous demandons tous les autres cas d’incendie volontaire de nos greniers, de nos villages et autres cas d’attaques ciblés qui ne sont pas cités dans les déclarations officielles. Nous invitons les autorités à être justes à ce niveau.
À cet effet, nous demandons aux autorités de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour mener des enquêtes sérieuses ( non sélectives ) et sanctionner les coupables.
Déjà un doigt accusateur nous indexe sans au préalable aucune enquête, que ceux-là qui veulent créer l’amalgame entre nos frères Peulh et nous, se trompent. Le Dogon ne saurait être capable d’une telle atrocité.
Mesdames et messieurs, amis de la presse,
C’est avec stupéfaction que nous avons appris la dissolution du Groupe de Légitime Défense ‹‹ Danan Ambassagou ›› par les autorités de la République.
Nous ne comprenons pas la rapidité avec laquelle le gouvernement a pris cette décision que nous qualifions de hâtive et sélective. Comme nous l’avons dit dans notre premier point de presse, en l’absence de l’État, ce sont ces vaillants messieurs de Danan Ambassagou qui ont sécurisé nos parents restés sur le terroir et qui nous ont permis de cultiver nos champs. N’eut été leur bravoure et leur sacrifice, le Pays Dogon n’existerait pas à l’heure où je vous parle.
Par conséquent, nous demandons au gouvernement de revenir sur sa décision de dissolution de notre Groupe de Légitime Défense car Danan Ambassagou est un partenaire et non un adversaire de la stabilité dans le Pays Dogon ou encore de dissoudre tous les groupes armés sans exception.
Mesdames et messieurs,
Pour terminer, nous réitérons nos recommandations antérieures à l’État du Mali auquel nous avons toujours juré notre appartenance et dont nous estimons en être un ciment, de :
- Jouer son rôle régalien de protection des personnes et de leurs biens;
- Désarmer systématiquement tous les détenteurs illégaux d’armes de guerre;
- Exiger le retour effectif de l’administration, la réouverture des centres de santé;
- Proposer la tenue d’une rencontre avec toutes les forces vives en vue de la faire la distinction entre groupe de légitime défense et bandits armés;
- Recommander la tenue d’un débat citoyen entre tous les fils du pays Dogon ( Dogon, Peulh, Mossi, Dafin, Bellah… );
- Proposer la restauration des principaux mécanismes traditionnels de règlement des conflits suivi d’une campagne de sensibilisation;
- Éviter l’amalgame en traitant toutes les victimes de la crise au même pied d’égalité;
- Protéger le patrimoine mondial de l’UNESCO ( une partie du Pays Dogon l’est ).
À nos amis de la MINUSMA et de la Communauté Internationale, nous leur demandons d’écouter attentivement toutes les parties avant de tirer toutes conclusions hâtives lorsqu’il s’agit de rédiger les rapports sur la situation au centre.
Bamako, le 31 mars 2019
MERCI POUR VOTRE AIMABLE ATTENTION ! - Hamadoun Alphagalo
- Source : Croissanceafrique.com