C’est au cours d’une rencontre avec la presse et avec les autorités traditionnelles, coutumières, et religieuses de Bamako ce mardi 28 juillet 2020 à la maison des Aînés, que le conférencier le Dr Abdoulaye Sall, président du Cadre de Réflexion et d’Information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI 2002) s’est exprimé sur la crise sociopolitique dans notre pays. Cette rencontre a vu la présence du coordinateur général des chefs de quartier du District de Bamako, El Hadj Bamoussa Touré ainsi que les différents coordinateurs des chefs de quartiers des six (6) communes de Bamako.
Selon le conférencier, l’année 2020, il faut le reconnaître, est l’année d’une crise socio-politique majeure dans notre pays, qui, par défaut, de s’entendre, et de s’écouter, par nous maliens, entre nous maliens, pour nous maliens, est en train de s’étendre, et de prendre une dimension ouest- africaine, africaine, et internationale.
Pour lui, l’un des faits marquants reste incontestablement la mission, ou du moins les missions ministérielles et présidentielles, de médiation de la CEDEAO dont le Mali est Etat fondateur le 28 mai 1975 à Lagos (Nigéria), et qui, à travers une réunion par visioconférence de ses quinze (15) Chefs d’Etats le lundi 27 Juillet 2020 a formulé des mesures fortes tout en appelant les maliens et les maliennes de faire preuve d’ »union sacrée » pour sortir le Mali de la crise socio-politique à travers, entre autres, le respect du cadre institutionnel, la mise en place d’un cabinet restreint limité aux fonctions régaliennes avant la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, la démission des trente un (31) députés mal élus et l’organisation des élections législatives partielles dans les circonscriptions concernées, l’ouverture des enquêtes suite aux manifestations avec morts d’hommes. Et, ceci avant le 31 Juillet 2020.
Le président de CRI 2002 estime qu’il y a bien d’enseignements à tirer sur le chantier de la prévention, de la gestion, et de la non répétition d’une crise à hauts risques de cette nature. Selon lui, ces enseignements sont entre autres, enseignements, par l’action de transmettre des connaissances, connaissances nouvelles ou savoirs qu’on tire de cette crise socio-politique, de la somme d’erreurs commises et ou d’opportunités offertes dans Sa prévention, sa gestion, enseignements par des savoirs transmis sur la démocratie, l’Etat de droit et leur exercice, enseignements par les instructions, préceptes, leçons, forces, puissances et dangers des mots et gestes… pour soigner, guérir les mémoires, porter la grandeur du pays et le bonheur des populations.
A la lumière des enseignements de cette crise, il est bon de retenir, qui si par définition, la démocratie est le « pouvoir ou encore le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple », il reste évident qu’elle est à la fois a désirable « et « redoutable », « imparfaite » et toujours à parfaire » « ambivalente « avec ses dilemmes, ses apories, ses peurs, ses dangers et ses opportunités, « difficile et dure à assumer », qu’elle rime avec la crise son autre nom, a indiqué le conférencier.
Il estime que la démocratie au Mali, a grandi, et, est, incontestablement en cours de murissement accéléré avec d’énormes besoins de nouvelle vision, de nouvelles stratégies, politiques, approches, actions et pratiques adaptées, à hauteur et à envergure des nouvelles circonstances, enjeux, défis, et perspectives.
Pour lui ce que l’on appelle la crise socio-politique 2020 que nous vivons, n’est ni plus, ni moins, que la crise de la redevabilité, du contrôle citoyen, de la transparence, de l’intégrité, de l’impunité, de la gouvernance démocratique.
Un régime politique est « d’abord défini par des institutions, qui s’expriment sous la forme théorique qu’est une constitution, et par la pratique de ces institutions, qui est fonction des circonstances et des hommes ; tout cela amenant à étudier avant tout la vie politique dans le cadre chronologique fourni par la durée du régime. Mais, en profondeur. Un régime se caractérise aussi par l’idéologie, la doctrine politique, qui l’inspirent et par les bases sociales sur lesquelles il repose. Enfin, il se juge à une œuvre, a laissé entendre le conférencier.
Pour conclure, Dr Abdoulaye Sall propose dix (10) principaux points d’attention pour un nouveau contrat de génération au Mali.
- Soigner et guérir les mémoires ;
2.S’entendre sur les mots, les concepts, les définitions afin de nous éviter la guerre ; - « Gouverner, c’est prévoir… » « On gouverne avec les politiques, « On administre avec les compétences, « On gouverne de loin, on administre de près » ;
- Parti-Etat (1960-1968), Etat- Parti (1968-1991), Etat de Droit (1991…), Institutions ;
- Continuité de l’Etat ;
- Hiérarchie des normes (nationales, supranationales, internationales, principe de subsidiarité) ;
- Appartenance à l’Espace Communautaire CEDEAO (passeport CEDEAO) ;
- Accord pour la paix, l’unité, et la réconciliation nationale ;
- Expertise et compétences du dialogue (civil, technique, politique…) passer du monologue au duologue, et du duologue au dialogue constructif et porteur d’un nouveau contrat de génération au Mali ;
- Dialogue pour un nouveau contrat de génération au Mali
• Constitution du 25 Février 1992 (pouvoirs exceptionnels du Président de la République, Chef de l’Etat, échec parti-Etat, Etat- parti, régimes d’exception) ;
• Charte africaine de la démocratie, des élections, et de la gouvernance Mai 2004 ;
• Protocole de la démocratie et de la bonne gouvernance dans les Etats de la CEDEAO ;
• Cadre de règlement des conflits dans l’Espace CEDEAO ;
• Accord de Bamako des 15 Mai et 20 Juin 2015 pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ;
• Résolutions et recommandations de la Conférence d’Entente Nationale ;
• Cartographie des terroirs ;
• Résolutions et recommandations du DNI 14 au 22 Décembre 2019 (planification stratégique et opérationnelle) ;
• Mémorandum du Mouvement du 05 Juin 2020 du Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) ;
• Recommandations et décisions de la Visioconférence des Chefs d’Etats de la CEDEAO du lundi 27 Juillet 2020 ;
• Dispositif, mécanismes, instruments et outils d’opérationnalisation du nouveau contrat de génération (niveau politique, niveau technique et opérationnel, niveau accompagnement, niveau suivi/évaluation).
IB KONE