Ebrahim Raïssi a été élu dimanche (il y’a un mois) avec près de 62% des voix… mais plus de 51% d’abstention, un record pour une élection présidentielle depuis l’instauration de la République islamique, en 1979. Ce dernier vient de prouver qu’en Iran c’est l’alternance qui prime, et cela, envoyant ainsi, le président Hassane Rohani à la retraite politique. Il a été investi ce mardi en Iran
Il s’agit de l’un des plus conservateurs des électeurs ont donc vu leur favori l’emporter. Favori, Ebrahim Raïssi l’était aussi faute d’adversaires sérieux, de nombreuses candidatures ayant été invalidées. Un mois et demi après son élection, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, 60 ans, prend ses fonctions à la présidence de l’Iran. En deux temps. Une réception mardi 3 août 2021 chez le Guide suprême et véritable numéro un de la République islamique, où Raïssi recevra l’onction de l’ayatollah Ali Khamenei. Puis, jeudi 5 août, une investiture au Parlement. Après la parenthèse modérée
incarnée par la présidence d’Hassan Rohani (1993-2021), les durs détiendront tous les leviers du pouvoir.
Qui est cet ultraconservateur qui a fait carrière dans le droit, comme procureur ?
En 1988, Ebrahim Raïssi devient procureur de Téhéran et l’ayatollah Khomeiny, qui est en fin de vie, le charge de trouver des solutions à des dossiers « problématiques ». Parmi eux, c’est le sort de quatre mille prisonniers politiques en Iran qui attendaient leur libération. Plusieurs centaines ou milliers d’entre eux avaient été déjà exécutés. En 1988, Khomeiny ordonne donc à un groupe de quatre personnes, dont Ebrahim Raïssi, de prendre une décision quant à l’exécution de ces prisonniers politiques. Ces prisonniers politiques seront exécutés quelques jours plus tard et leurs corps jetés dans des fosses communes près de Téhéran. Cet endroit qui n’est pas un cimetière, est devenu un lieu de pèlerinage pour les familles de ces prisonniers politiques assassinés et aussi pour d’autres opposants au régime.
Au nouveau président qui s’est posé en héraut de la lutte anti-corruption quand il était procureur, l’ancien directeur de la Banque centrale a, lors d’un débat, tendu une liste de 15 personnes les plus corrompues d’Iran qu’il n’avait pas poursuivies.
Daouda Bakary KONE