HYDROGÈNE NATUREL : le Mali dispose du seul gisement exploité au monde

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Le Mali ne cessera de surprendre le monde entier en raison de la richesse de son sous-sol : or, lithium, etc. A cette liste s’ajoute l’hydrogène naturel tant recherché par les puissances du monde. D’après plusieurs sources, le Mali est le seul pays au monde qui dispose d’un gisement exploité.


Appelé hydrogène blanc, l’hydrogène naturel est un gaz invisible, inflammable et décarbonné qui pourrait changer totalement la donne énergétique mondiale. D’où la ruée des scientifiques pour le decouvrir davantage depuis le cas unique au monde du Mali.

L’hydrogène blanc représente une solution déjà présente dans le sous-sol, prête à être exploitée sans transformation industrielle lourde. Il est produit sans intervention humaine, et est libéré dans les profondeurs terrestres par des réactions chimiques lentes entre l’eau et certaines roches, ou par la désintégration radioactive naturelle d’éléments comme l’uranium ou le potassium. Depuis sa découverte anodine au Mali, c’est la course effrénée, à travers le monde, pour sa découverte.


Le potentiel du Mali révélé de façon naturelle
En 1987, un fait inédit se passa à Bourakébougou (à environ 60 kilomètres au nord-ouest de Bamako, la capitale du Mali ) : creusement d’un puits pour approvisionner en eau le village. Lorsque l’excavation dépasse cent mètres de profondeur, ce qui ressemble à un courant d’air remonte du puits. Pendant sa pause, un ouvrier, en tentant d’allumer sa cigarette, provoque une explosion soudaine.

Dans la stupeur, le puits est fermé, cimenté et condamné. Vingt ans s’écoulent. En 2007, l’entreprise « Petroma », aujourd’hui rebaptisée « Hydroma » de l’homme d’affaires malien, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018 au cours de laquelle il est devenu troisième, Alou Boubacar Diallo, revient sur les lieux, acquiert les droits de prospecter et se risque à rouvrir le puits. Pour cela, Diallo fait appel à l’entreprise albertaine « Chapman Petroleum Engineering » pour analyser ce fameux « courant d’air ».

Résultat : il est composé à 98 % d’hydrogène.

Ainsi, dès 2012, de l’équipement est installé pour convertir cet hydrogène en électricité, ce qui a permis d’alimenter le village en électricité. Via un puits, l’équipement convertit la petite molécule en électricité, d’abord grâce à un générateur en combustion directe de 30 kW, puis, depuis 2022, grâce à l’installation d’une pile à combustible de 5 kW. Ce qui permet l’éclairage public du village et quelques appareils électroniques.


Le Mali, référence emblématique d’accumulations naturelles d’hydrogène


En 2017, le géologue Stephan Séjourné, réalisant des cartographies au Burkina, entend parler de Bourakébougou auquel il n’y croyait pas.  » La première fois que je suis allé sur le site, mon rôle était très simple : faire des prélèvements de ce gaz pour certifier sa composition », explique-t-il.

Les analyses confirment qu’il s’agit bien d’hydrogène presque pur, et le scientifique les publie en 2018 dans « International Journal of Hydrogen Energy ». Et voilà que le monde entier découvre que le Mali est le seul pays au monde jusqu’à ce jour disposant d’un gisement d’hydrogène naturel exploité.

Cette exploitation a suscité la curiosité de la communauté scientifique internationale qui, a, depuis fait un certain nombre d’études sur les lieux et a découvert d’autres réserves d’hydrogène naturel dans les sous-sols d’autant plus importantes. En plus de ses réserves colossales d’hydrogène naturel, la région possèderait, selon l’équipe de chercheurs de l’Institut de Physique du Globe de Paris (citée dans la revue spécialisée « International Journal of Hydrogen Energy « ) « les caractéristiques géologiques et géochimiques uniques d’un système d’hydrogène actif », soit une source de production continue, qui permettrait d’exploiter un flux inépuisable.

Depuis, plusieurs dizaines de forages d’exploration ont eu lieu aux alentours, rapporte le géologue Philippe Dubreuilh. La ressource exploitable estimée serait de 5,4 millions de tonnes, soit 5 % environ de la production mondiale d’hydrogène, toutes sources confondues.

Autrement dit, le champ de Bourakebougou est aujourd’hui la référence emblématique d’accumulations naturelles d’hydrogène (98 mol%) dans le sous-sol, à la fois dans un réservoir géologique situé à une centaine de mètres de profondeur et dans d’autres réservoirs plus profonds.

Ce qui fait du Mali, d’après des publications respectives de médias français (Le Télégramme, 09 septembre 2023 ; sefe-enery.fr, le 02 février 2024 ) le seul pays au monde disposant d’un gisement exploité


L’hydrogène blanc pourrait changer la donne énergétique mondiale


Plus de 95 % de l’hydrogène produit dans le monde est issu du méthane, du pétrole ou du charbon. L’hydrogène dit « vert » est, quant à lui, une alternative sur laquelle beaucoup investissent, mais celle-ci est très chère, car très gourmande en électricité et en eau.

Quant à l’hydrogène blanc, c’est un gaz qui est produit sans intervention humaine. Il est libéré dans les profondeurs terrestres par des réactions chimiques lentes entre l’eau et certaines roches, ou par la désintégration radioactive naturelle d’éléments comme l’uranium ou le potassium.

Contrairement à l’hydrogène industriel – qu’il soit « gris », « bleu » ou même « vert » – l’hydrogène blanc issu du sous-sol n’émet quasiment pas de CO₂ , car il ne nécessite ni combustion ni électrolyse pour être généré.

Cependant malgré son abondance sur Terre, on ne trouve que très rarement l’hydrogène sous sa forme pure (H2). Il est, le plus souvent, présent dans d’autres matériaux et molécules, comme l’eau par exemple. On en trouve également dans certains gaz ou certaines énergies fossiles.

Dans de rares cas, certains processus naturels génèrent directement de l’hydrogène pur, présents dans la croûte terrestre et dans les sous-sols de la planète. C’est ainsi qu’est produit ledit hydrogène « blanc ».

Potentiellement, l’hydrogène naturel pourrait alimenter des entreprises ou encore toutes sortes de transports (voitures, trains, bateaux, avions). C’est au regard des énormes avantages offerts par l’hydrogène blanc, que l’on constate un vif regain dans la recherche. Ce regain d’intérêt rappelle les débuts de l’exploration pétrolière, avec ses incertitudes, ses intuitions géologiques et ses forages expérimentaux.

À la différence près qu’il s’agit ici d’une ressource propre, dans un contexte mondial de lutte contre le changement climatique. Pour les États, l’enjeu dépasse largement la seule production d’énergie. En effet, celui qui maîtrise cette nouvelle filière pourrait bien s’imposer comme un acteur central de la transition énergétique mondiale. Et le Mali devra largement en profiter pour assurer son indépendance partielle ou totale en terme d’énergies ./.
Sidi Modibo COULIBAL

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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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