Interview avec l’économiste Sénégalais Magaye Gaye, sur l’expansion des Fintechs en Afrique Francophone

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(CROISSANCE AFRIQUE)Au cours de ce dernier numéro du magazine Croissance Afrique consacré sur l’expansion des Fintech en Afrique Francophone, nous avons désigné et considéré cette interview accordée par l’économiste international M.Magaye Gaye comme l’économiste en chef qui analyse la montée fulgurante des fintech en Afrique Francophone. Ici, Monsieur Gaye vous explique les contours de ce développement rapide des sociétés financières qui utilisent les nouvelles technologies innovantes pour faciliter le transfert d’argent partout en Afrique via d’autres continents du monde.  « L’expansion de la Finance numérique en Afrique constitue une bonne opportunité pour le développement économique du Continent », dixit monsieur Gaye.

 Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Magaye Gaye : Votre fidele serviteur est un économiste engagé dans les questions de développement. Il totalise une modeste expérience d’une vingtaine d’années dans les questions de financement du développement obtenu notamment auprès de la Banque Ouest Africaine de Développement (boad) et du Fonds Africain de Garantie et de Coopération Économique (Fagace).

Que pensez-vous sur l’expansion des fintech en Afrique Francophone?

Magaye Gaye : Il convient de rappeler à vos lecteurs que la  Fintech est une entreprise qui développe une technologie numérique innovante pour optimiser un service financier. Le terme de Fintech remonte aux années 1980 et résulte de la contraction des mots finance et technologie.

Pour répondre à votre question je dirais que la Fintech est un domaine très porteur dans le monde. .Depuis environ une dizaine d’années, elle a permis à plus d’un milliard de personnes dépourvues de comptes bancaires d’accéder à des services financiers, soit une réduction de 35 % de la population non bancarisée dans le monde.

« L’expansion de la Finance numérique en Afrique constitue une bonne opportunité pour le développement économique du Continent ».

L’expansion de la Finance numérique en Afrique constitue une bonne opportunité pour le développement économique du Continent. Comme vous le savez, la majorité de la population africaine demeure sous-bancarisée, et dans un tel contexte, la fintech permet notamment de combler le gap en facilitant l’accès aux services financiers. En Afrique, les transactions enregistrées par les acteurs de la fintech connaissent une hausse spectaculaire. En 2021, 63 % des financements en faveur du secteur technologique sont allés à la fintech dont la croissance contribue à améliorer l’inclusion financière.  Il convient de faire remarquer que l’Afrique de l’Est, de part son dynamisme est en avance par rapport aux autres régions du Continent.

Avec la pandémie de COVID-19, les acteurs du fait de la distanciation sociale ont particulièrement utilisé les finetechs, notamment dans des activités comme le réglement des factures, les dépôts, les retraits, les virements et les demandes de microcrédit. 

Selon vous, c’est quoi les défis? Cette expansion des fintech en Afrique Francophone est-elle une bénédiction pour le continent ?

Magaye Gaye: Le marché africain de la fintech dispose d’une bonne marge de croissance. En effet, d après les statistiques, seuls 20 % environ des individus majeurs en Afrique subsaharienne disposent d’une carte bancaire contre plus de 80 % dans les économies développées. L’argent liquide constitue le moyen privilégié de paiement, avec tout ce que cela comporte comme risques en termes de vols, de coûts de fabrication des signes monétaires par les banques centrales et de compétitivité des conditions tarifaires proposées à la clientèle.

Oui une bonne extension des fintech est un gage d’accès plus accru des populations aux services financiers.  Au plan économique, les fintech sont de bons moyens d’éviter les phénomènes de thésaurisation qu’on observe souvent dans certaines contrées. L éducation financière est une condition sinequanon au développement. Par ailleurs une bonne frange de la population africaine étant dans la diaspora et jouant un rôle économique et financier très important en matière de transfert, évidemment un développement des fintech ne peut qu’être bénéfique.

Mais tout ceci suppose de bonnes politiques publiques d’accompagnement des start-up en mettant l’accent sur la mise en œuvre d’outils d accompagnements financiers spécifiques comme.les fonds de garanties, les fonds de prise de participation ou encore des instruments de bonification pour alléger les conditions d’emprunts. Il faut aussi mettre en place des outils de formation très pointus afin de détecter et rendre opérationnels les meilleurs talents.

Quels pourraient être les défis pour ces entreprises qui évoluent dans le secteur de transfert en Afrique Francophone?

Magaye Gaye : L’une des contraintes majeures est d’ordre managérial, d’abord au niveau des fondateurs, ensuite des équipes de direction en place. Il faut reconnaître que c’est un domaine très technique qui requiert une formation adaptée. Les staffs en place souffrent souvent de déficit de compétences

S’y ajoutent diverses faiblesses liées à la qualité des infrastructures disponibles notamment dans le domaine de l’energie et des télécommunications, la faiblesse des moyens financiers, le coût élevé de la main d’œuvre qualifiée disponible, le coût d’accès à internet, la faiblesse des politiques publiques de soutien aux start-up etc….

Quelle est votre remarque personnelle à l’égard des nouvelles fintech qui poussent. Surtout à l’instant de monney Gramm et Western Union?

Magaye Gaye: Cette diversification des acteurs du secteur et son corolaire à savoir une concurrence accrue sont normalement gages de meilleure maîtrise des conditions tarifaires et de services. Toutefois les niveaux de tarification me paraissent toujours exorbitants vu le pouvoir d’achat faible en Afrique.

Le législateur doit cependant être très prudent par rapport à la qualité de la signature des nouveaux entrants afin de rendre encore plus crédible le marché et préserver les intérêts des consommateurs  A cet effet, là réglementation devrait être renforcée et les cahiers des charges bien étudiés. Par ailleurs, je fais partie de ceux qui pensent que la réglementation doit enfin permettre aux fintech de faire du crédit à grande échelle. En effet, elles ont des avantages comparatifs certains par rapport aux banques: proximités avec les populations, organisations souples, connaissances de l’environnement, réseaux étendus,, possibilité de collatéraux souples etc..

Enfin, je nourris aussi l’espoir que des intérêts privés purement africains investissent massivement ce créneau porteur afin de relever le défi lié à la faiblesse du taux de financement de l’économie par le secteur bancaire.

Interview réalisés Daouda Bakary KONE

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croissanceafrikhttp://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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