(CROISSANCE AFRIQUE)-Au coeur des turbulences économiques actuelles, le Gabon se retrouve dans une position délicate suite à la récente dégradation de sa note souveraine par Fitch Ratings, passant de B- à CCC+.
Cette décision, faisant suite à celle de Moody’s, vient mettre en lumière les défis économiques et financiers auxquels le pays est confronté. Cet article explore les raisons derrière cette dégradation, ses conséquences pour les investisseurs, les pressions sur les finances publiques, les perspectives économiques, les options de financement limitées et le besoin impérieux d’un assainissement budgétaire.
La dégradation de la note souveraine du Gabon par Fitch s’explique principalement par l’augmentation des risques liés à la capacité du pays à rembourser sa dette. Fitch pointe du doigt une politique économique jugée trop expansionniste de la part du gouvernement de transition, avec une augmentation des dépenses budgétaires sans les marges de recettes nécessaires. De plus, la dépendance du Gabon vis-à-vis des recettes pétrolières, susceptibles de diminuer dès 2025, aggrave la situation.
La dégradation à CCC+ place le Gabon dans la catégorie « ultra-spéculatif » de l’échelle de Fitch, ce qui signifie un risque élevé pour les investisseurs. La capacité d’emprunt du pays sur les marchés internationaux est désormais limitée, avec la perspective de devoir proposer des taux d’intérêts élevés pour attirer les investisseurs, augmentant ainsi le coût de sa dette.
Le Gabon est passé d’un excédent budgétaire à un déficit prévu de 3,9% du PIB en 2024, qui pourrait atteindre 5,8% en 2026. Les besoins en financement du pays vont en conséquence augmenter significativement, dans un contexte où les ressources restent limitées et où la dette publique pourrait atteindre 79% du PIB en 2026.
La croissance économique du Gabon est attendue comme modérée dans les années à venir, ce qui n’est pas de bon augure pour les efforts de réduction de l’endettement. La révélation de dettes cachées de la précédente administration et la dépendance aux revenus pétroliers rendent la situation économique précaire et la réduction de la dette publique ardente.
Face à l’exclusion de l’aide au développement et au coût élevé des émissions sur le marché international, le Gabon se voit contraint de se tourner vers le marché domestique de la dette, où il peine également à lever des fonds. Les analystes de Fitch suggèrent que le gouvernement pourrait avoir à négocier des financements avec des banques commerciales ou accumuler davantage d’arriérés, compromettant l’accès futur à des financements pour des projets essentiels.
L’inévitable conclusion à laquelle nous arrivons est le besoin pressant pour le Gabon de procéder à un assainissement budgétaire substantiel. Cela implique la mise en place de mesures drastiques pour réduire les dépenses, optimiser les ressources et diversifier l’économie au-delà de la dépendance au pétrole. Sans ces ajustements, le Gabon risque de s’enfoncer davantage dans une situation économique et financière difficile à redresser.