La gouvernance allemande qui est réputée pour sa rigueur est sous le feu des critiques après la survenance d’un nouveau scandale financier sur Wirecard. Des défaillances ont aussi été observées dans d’autres secteurs. Le marché financier allemand résiste autant que possible à la crise.
La faillite aujourd’hui constatée de Wirecard, le fleuron des fintech allemandes, a une fois encore dévoilé des failles dans la régulation allemande que de nombreuses personnes dans le monde prennent souvent en exemple. Le BaFIN (régulateur du secteur financier) est particulièrement visé par la nouvelle vague de critiques.
Début 2019, lorsque l’affaire a été révélée au grand jour par le Financial Times, l’institution allemande avait soutenu l’entreprise nationale, interdit aux investisseurs de parier contre le titre en bourse sur la base des informations révélées par la presse. De plus, une plainte au pénal a été déposée contre deux journalistes du média britannique.
Il en ressort aujourd’hui que la régulation semble avoir été moins rigoureuse qu’on ne peut l’espérer des Allemands. Wirecard qui était audité par Ernst Young, une des quatre plus grosses firmes d’audit au monde, a reconnu avoir trompé la vigilance des investisseurs, en déclarant 2 milliards $ dans son bilan ; une somme qui n’existe pas.
« Ce que l’affaire Wirecard a montré c’est que l’autorégulation des auditeurs ne fonctionne pas correctement », a déclaré Jörg Kukies, vice-ministre allemand des Finances, selon des propos rapportés par le Financial Times. « Nous devrons donc inévitablement nous demander si les organismes qui réglementent actuellement l’industrie devraient continuer de le faire sous sa forme actuelle.»
Ces problèmes ne pouvaient pas être méconnus. Il existe une entité quasi privée dénommée la FREP qui s’occupe pour le compte de l’administration publique allemande, de la surveillance des résultats financiers publiés par les sociétés cotées sur le marché financier local. Mais son équipe de 15 personnes et son budget sont faibles comparés à ce que mettent comme ressources les grandes firmes d’audit.
Si Wirecard est le plus gros scandale financier allemand en termes de volume, il n’est pas le premier. L’affaire Steinhoff, du nom d’une entreprise allemande cotée sur la Bourse de Johannesburg a fait grand bruit à son éclatement fin 2017. Il était toujours question de manquements tolérés dans le cadre de la gestion d’entreprise. Mais au-delà du secteur financier, la régulation allemande peine aussi dans d’autres domaines, notamment celui de l’industrie.
Dans sa récente publication qui pour titre: « Défaillances allemandes », Michel Santi, un expert des questions financières a rappelé toutes ces autres affaires dans lesquelles la régulation allemande n’a pas été au rendez-vous. Il est revenu sur le récent arrangement à l’amiable de Bayer qui a accepté de payer 12 milliards $, après Volkswagen qui lui avait dû débourser 30 milliards $ pour des défauts de fabrication. D’autres affaires sont aussi citées en exemple.
