Exclusive: l’inclusion financière comme clé de la prospérité : l’Afrique trace sa voie

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(CROISSANCE AFRIQUE)-50% de la population africaine n’a pas accès aux services financiers[1], pourtant c’est un facteur clé de développement pour le continent. Faire progresser l’inclusion financière, c’est faire reculer la pauvreté.

Les conséquences de l’exclusion financière touchant une telle proportion de la population africaine entravent significativement les efforts déployés pour encourager la prospérité économique et sociale. Ces obstacles, combinés, ont des répercussions à grande échelle, entravant la croissance et privant le continent d’exploiter pleinement les opportunités qui se présentent dans divers secteurs.

À l’instar de nombreuses industries en Afrique, les technologies numériques ont révolutionné la gestion, la performance et l’efficacité opérationnelle de ces secteurs. L’industrie financière ne fait pas exception à la règle.

Surmonter les disparités régionales de la digitalisation de l’industrie financière

La Banque Mondiale définit l’inclusion financière comme la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à toute une gamme de produits et de services financiers qui soient d’un coût abordable[2]. C’est toute la promesse de la FinTech. Ces dernières années, nous observons une croissance fulgurante du nombre de startups de la FinTech. Les chiffres sont éloquents : +81% entre 2019 et 2021 portant leur nombre à 564. Si ces startups sont principalement nées au Nigéria, en Afrique du Sud et au Kenya (qui forment les « Big Four » avec l’Egypte), l’Afrique subsaharienne reste tout de même dans la course avec des performances impressionnantes en matière de mobile money notamment. À l’échelle mondiale, ce secteur a traité plus de $1000 milliards d’opérations en 2021 et la part de l’Afrique subsaharienne cette performance serait de $697 milliards, soit une croissance annuelle de 40% (9 points supérieur à celle mondiale (GSMA 2022))[3]. C’est d’ailleurs en Afrique de l’Ouest, à Lomé, capitale du Togo, que s’est déroulé les 15 et 16 novembre le sommet de l’industrie financière (AFIS) réunissant les acteurs les plus influents du secteur partageant la même ambition : bâtir une industrie financière panafricaine de classe mondiale.

Ces FinTech fournissent alors des services financiers alternatifs avec Internet et l’intégration de technologies de pointe telles que la blockchain, le big data et l’intelligence artificielle (IA). Ces startups sont même en mesure de proposer des services élargis ou combinés comparés au structures financières et bancaires traditionnelles : prêts, paiement, règlement de l’impôt, investissement, gestion de patrimoine, gestion des revenus et meilleure rémunération des travailleurs notamment indépendants, microfinance etc. La palette est grande.

La technologie au service d’une bancarisation intelligente et sécurisée sur le continent

En 2017, le G20 évoquait d’ores et déjà son engagement profond pour faire progresser l’inclusion financière dans le monde en mettant en œuvre des Principes de haut niveau[4] incitant les gouvernements à « promouvoir une approche numérique de l’inclusion financière ». Dans ce paysage, l’Afrique dispose de nombreux atouts pour réussir sa transition numérique financière et ainsi accélérer la réalisation des Objectifs de Développement Durables tels qu’édictés par les Nations Unies. Parmi ses atouts majeurs, le continent compte une population urbaine jeune et adepte de la technologie, sans surprise. Nous observons également une très forte pénétration du mobile et de l’Internet grâce à la multiplication des infrastructures réseaux. Selon Internet Society, l’Afrique subsaharienne affichait moins de 1% de pénétration d’internet en 2000 alors qu’en 2021 ce taux grimpe à 30%[5].

En parallèle, les écosystèmes bancaires et les opérateurs téléphoniques répondent présent à l’appel de la transformation digitale, soutenus par un volontarisme politique pour renforcer la régulation du secteur, notamment en matière de cybersécurité et de protection des données – 90% des juridictions africaines ont déjà établi des cadres réglementaires[6].Il s’agit d’un point non négligeable qui fut d’ailleurs souligné à l’occasion d’un side-event organisé par Huawei en marge de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS) le 15 novembre dernier sur les opportunités que revêt le numérique pour stimuler l’émergence d’un écosystème bancaire et financier agile. Christophe Grenier, CTO régional pour le stockage, Huawei Northern Africa, a tenu à évoquer l’existence de la menace cyber qui pèse sur le secteur financier dans ce contexte de rapide digitalisation : « On recense une cyberattaque toutes les 11 secondes dans le monde » a-t-il indiqué.

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Ce que l’on appelle ainsi l’Open Banking dans le jargon expert va permettre d’accélérer le taux de bancarisation au service des populations et du tissu économique. Nul besoin de rendez-vous, toutes opérations est réalisable depuis n’importe quelle région, du moment qu’elle est équipée de la connectivité. Selon Mouhamed Dia, Président du mouvement ID4Africa, ce système, en ayant recours à la rapidité de traitement des informations que permet l’IA, va permettre au secteur d’économiser $1000 milliards d’ici à 2030 et de réduire considérablement les risques de fraudes[7]. L’intégration des technologies telles que le Cloud et l’IA sont indispensable pour la construction de solutions et de services financiers efficaces et performants, comme l’a rappelé Jean Sun, Vice-président Enterprise, Huawei Northern Africa. Il s’agit donc d’une révolution pour toute une profession et de toute une chaine de valeur afin de simplifier des opérations auparavant complexes et lentes comme le traitement des demandes de crédits, ou les transactions transfrontalières.

L’intégration et la coopération à l’échelle continentale entre les écosystèmes numériques et les structures bancaires traditionnelles sont impératives pour la démocratisation des services financiers sur tout le continent et ainsi éviter une inclusion financière à deux vitesses. Ces collaborations et ces synergies avec les banques classiques, ouvrent la voie à des opportunités tangibles pour les populations, tant dans leurs transactions quotidiennes que dans leurs relations commerciales, façonnant ainsi leur réalité économique.

Daouda Bakary KONE


[1] Jeune Afrique, 25 septembre 2023 https://www.jeuneafrique.com/1485078/economie-entreprises/comment-relever-le-defi-de-linclusion-financiere-en-afrique/

[2] https://www.banquemondiale.org/fr/topic/financialinclusion/overview

[3] GSMA 2022 : Le point sur le secteur : les services de mobile money dans le monde.

4] New G20 High-Level Principles for Digital Financial Inclusion, 16 septembre 2016, https://www.gpfi.org/news/new-g20-high-level-principles-digital-financial-inclusion

[5] Internet Society, https://www.internetsociety.org/fr/news/communiques-de-presse/2022/linternet-society-sengage-a-etendre-lacces-a-linternet-en-afrique/

[6] Jeune Afrique, Fintech : secteur à croissance rapide en Afrique, mode d’emploi (2022), https://www.jeuneafrique.com/1389523/economie-entreprises/fintech-secteur-a-croissance-rapide-en-afrique-mode-demploi/

[7] CIO Mag N°83, Novembre-Décembre 2023

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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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