Une contribution de Moussa Sey Diallo/ Élu communal
Les militaires ont refait irruption sur la scène politique le 18 Août 2020 en mettant fin à un régime contesté depuis bien longtemps, mais secoué véritablement depuis le 05 Juin par un mouvement de contestation populaire implacable.
Cette quatrième prise en main du pouvoir au Mali par les militaires, a semblé être le parachevement d’une énorme protestation fondée sur des arguments solides et légitimes. Et l’intrusion des militaires avait bien toutes les apparences d’un acte salvateur, qui donnait l’impression d’être posé assurément pour empêcher une perte en masse de vies humaines.
Pourtant dès la prise effective du pouvoir, le CNSP, l’organe désormais de gestion des militaires, joue à un jeu flou et incompréhensible. Il paraît se muer en un organe de récupération, ou même de réhabilitation, au lieu d’être un comité de redressement d’une nation en banqueroute.Le coeur du pouvoir s’est confiné à Kati. Il rencontre du monde, sans réellement communiqué. Depuis plus de dix jours le Mali est dirigé en catimini. Des actes officiels d’envergure sont établis sans explications.
Des négociations sont effectuées en sourdine et sans plan avéré. Des décisions concernant le sort des anciens dignitaires sont prises en dehors de tout acte juridique. L’atmosphère au Mali est devenue soudainement lourde, et remplie de doute. Le malien s’inquiète. Le CNSP paraît patauger, il tergiverse et ne semble pas mesurer la portée du défi. Les bribes d’informations données sur quelques succès militaires ces derniers jours, ne serviront pas quand il n’y a pas de cadre organisé, surtout que le pays est administrativement désarticulé.
Un pays à terre ne se gère pas par morceau, et ne peut se relever à travers des actes isolés.Le Mali a besoin de se rebâtir avec tous ses fils, dans une transition sérieuse et réfléchie pour amorcer ensuite une phase de normalisation et de développement nécessaire. Et il importe de tenir en compte que certains ont été contestés dans la gestion qui vient de finir. Ils ne peuvent devenir des as en un tournement.
Au rythme ou ce groupe de jeunes militaires avancent, ils risquent d’affaiblir encore ce pays anémié. Des échanges sur une planification de la transition sont prévues dans les jours à venir. Mais les termes de référence ne sont pas connus, aucun document de base ne circule. Le mode de participation n’est pas su. La convocation est globale et impersonnelle. Une attitude qui donne la perception d’une énorme impréparation concernant une activité cruciale, même vitale pour le pays. Le spectre d’une grande cacophonie nationale se pointe.
Le CNSP doit comprendre que nous sommes dans un monde globalisé, qui a des principes rigoureux. Il doit intégrer que les maliens sont désemparés, et qu’ils n’ont plus beaucoup de patience. Il doit analyser les difficultés sociales et politiques, et apprécier leurs complexités. Et après, seulement après il percevra que le Mali, notre pays a tous est une véritable cocotte minute en pleine ébullition.
Alors, si après tout cela il reste dans une posture d’hésitation et d’arrangement, ces membres s’exposent, et seront jugés par le tribunal de l’histoire comme ceux qui ontparchevé l’état de décomposition finale de notre pays, et acté sa somalisation certaine. Moussa Sey Diallo, élu communal
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