Accusé dans un rapport intitulé “Des sanctions, mine de rien”, de l’ONG britannique Global Witness (financé entre autres par la fondation George Soros) et de la Plateforme française de lanceurs d’alerte en Afrique, (PPLAAF, domiciliée au cabinet de Me William Bourdon, rue Rivoli à Paris), d’avoir aidé le milliardaire israélien, Dan Gertler, à organiser un réseau international de blanchiment d’argent pour tenter de se soustraire aux sanctions américaines et continuer à mener des affaires en RDC, Afriland First Bank CD a déposé plainte, le 1er juillet 2020, devant le Tribunal judiciaire de Paris à travers Me Eric Moutet, avocat à la Cour d’appel de Paris.
L’ONG Global Witness et la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) ont, dans un communiqué du 03 juillet 2020, regretté la plainte déposée contre elles et estimé à travers Simon Taylor, co-fondateur de Global Witness, que la plainte est “abusive” et que sa substance ne résisterait pas aux faits. Afriland Frist Bank CD estime que l’”accusation” s’est fondée sur la “falsification” de documents volés par ses anciens employés.
Les avocats de la filiale du groupe bancaire panafricain fondent leur plainte devant la justice française sur 10 infractions dont “vols”, “abus de confiance”, “chantage”, “violation du secret bancaire”, “faux et usage de faux”, et, circonstance aggravante au regard du code pénal français, “bande organisée”.
Fuite ou vols de documents ?
A l’origine de l’affaire, deux anciens employés de la banque y auraient fait “fuiter” des documents. Il s’agit en l’occurrence de Koko Lobanga Gradi, chef de mission audit interne jusqu’à son placement en arrêt de travail de 14 jours à partir du 28 février 2018, suivi de sa démission et de son départ dans la région de Bordeaux (France). Puis de Malela Navy, salarié de la banque depuis 2009 et auditeur interne à partir de 2016 jusqu’à sa démission en février 2020 suivie de son départ à l’étranger comme le constatera un huissier dépêché par la banque qui se serait aperçu de “disparitions de fichiers de manière concomitante” au départ de son ex-employé. Les deux anciens employés seraient proches selon la banque.
Dès le 12 mars, Afriland First Bank CD recevait un courrier de Global Witness et du collectif des lanceurs d’alerte baptisé PLAAF, annonçant la publication d’enquête sur la manière dont un de ses clients aurait échappé aux sanctions américaines. Les enquêteurs exigeaient des réponses avant le 19 mars.
Afriland First Bank DC, réfute les graves accusations à son encontre et accuse Global Witness et son partenaire d’avoir tenté de corrompre ses employés et des fonctionnaires pour obtenir des informations confidentielles pour alimenter un rapport diffusé en partenariat avec Le Monde en France, Bloomberg au Royaume-Uni et Haaretz/The Marker” en Israël. Selon les avocats de la banque, certains témoignages ont été obtenus sous chantage. Cas des “aveux” de l’homme d’affaire israélien Tzahi Abu dont la conversation enregistrée avec une journaliste israélienne. Pour le conseil de Afriland First Bank, beaucoup de documents brandis par l’enquête sont faux.
A noter que la loi française 2016-191, dite “Sapin II” prévoit en son article 6 que le lanceur d’alerte, pour recevoir protection, doit être “désinteressé et de bonne foi”.
Dan Gertler, sous le viseur américain
Pour rappel, Dan Gertler et 18 de ses sociétés sont sous sanctions américaine depuis décembre 2017 soit douze mois avant que Joseph Kabila ne quitte le pouvoir. Dans son enquête, Global Witness présente des éléments de preuves donnant à penser que ce milliardaire pourrait désormais avoir accès à un réseau de sociétés-écrans, d’hommes de paille et de comptes bancaires par procuration lui permettant de faire circuler des millions de dollars en provenance et à destination de la RDC, d’y financer ses activités et d’échapper aux sanctions américaines.