Côte d’Ivoire : « le secteur minier représente désormais 4% du PIB national, contre moins de 1% » avant 2014

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(CROISSANCE AFRIQUE)- Lors de la 3e édition du Choiseul Africa Summit, qui s’est tenue le 3 juillet à Abidjan sur le thème : ‘Industrialisation en Afrique de l’Ouest : où en est-on aujourd’hui ?’, Laetitia Gadegbeku-Ouattara, directrice Côte d’Ivoire d’Endeavour Mining et vice-présidente de la Chambre des Mines de Côte d’Ivoire, a animé une masterclass sur l’importance cruciale du secteur minier pour l’industrialisation régionale.

Son intervention a mis en exergue la grande complexité du cycle minier, qui dépasse largement l’extraction brute, en abordant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux ainsi que le contenu local.

Gadegbeku-Ouattara a souligné que l’activité minière commence bien avant l’ouverture d’une mine, à travers une phase d’exploration souvent longue, coûteuse et incertaine. ‘Sur 10 000 projets d’exploration dits “greenfield”, un seul aboutit à la mise en exploitation d’une mine’, a-t-elle précisé, ajoutant que cette étape peut nécessiter jusqu’à 100 millions de dollars d’investissements sans aucune garantie de succès.

Par la suite, des études de faisabilité économique et des évaluations environnementales et sociales sont réalisées, suivies par la mobilisation de financements – notamment Endeavour Mining, qui a levé 100 milliards FCFA via des banques locales, un fait sans précédent en Afrique de l’Ouest – avant de passer à la construction et finalement à l’exploitation, qui s’étend généralement sur une période de 10 à 15 ans. Ce cycle souligne la nécessité d’une approche industrielle à long terme, visant à structurer des écosystèmes durables autour des sites miniers.

Contrairement à des idées reçues, le secteur minier ivoirien ne fonctionne pas en silo. ‘Chez nous, la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) n’est pas une façade.

C’est une culture’, insiste-t-elle. Tout au long de ce cycle, des stratégies environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) sont systématiquement mises en œuvre, qui incluent l’intégration des communautés locales, la création de comités villageois, la formation professionnelle, ainsi que la création d’emplois directs et indirects, tout en soutenant les PME locales par le biais de sous-traitance.

Un exemple significatif est le développement du commerce informel, comme celui d’un vendeur de “choukouya” (viande grillée) près d’un site minier, dont l’activité a prospéré grâce à la présence accrue de travailleurs. ‘L’effet boule de neige de la mine dépasse les murs de la société’, souligne-t-elle.

Les données témoignent de l’impact croissant du secteur. La production d’or en Côte d’Ivoire a augmenté de 13 tonnes en 2016 à 52 tonnes aujourd’hui, ce qui représente un quadruplement en moins de dix ans. Avec seulement six compagnies opérationnelles, le secteur minier constitue désormais 4% du PIB national, contre moins de 1% avant 2014. En 2023, 320 milliards FCFA de taxes et de royalties ont été versés à l’État, sans compter l’obligation légale d’investir 0,5% du chiffre d’affaires minier dans le développement local. Ce secteur génère également des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects.

Pour Laetitia Gadegbeku-Ouattara, la clé de l’industrialisation réside dans l’intégration des compétences et des entreprises locales. Elle appelle à un investissement massif dans la formation technique, à la contractualisation avec des fournisseurs ivoiriens, et à l’élargissement de l’accès aux marchés de sous-traitance, souvent dominés par quelques acteurs étrangers. Elle évoque notamment une initiative en cours visant à créer un fonds d’investissement minier panafricain, prévu pour soutenir les PME locales dans la chaîne d’approvisionnement minière. ‘Renforcer les capacités tout en stimulant l’économie locale’, affirme-t-elle, est fondamental.

Laetitia Gadegbeku-Ouattara insiste sur le fait que l’industrialisation en Afrique de l’Ouest ne pourra se faire sans une vision intégrée du développement minier. Il ne s’agit pas seulement de produire davantage, mais de produire de manière plus qualitative, inclusive et durable, tout en tenant compte des territoires et des populations. ‘On ne peut pas juste produire de l’or.

Notons qu’il faut produire de la prospérité’, déclare-t-elle, affirmant ainsi l’ambition d’un secteur en pleine mutation, qui aspire à devenir un véritable catalyseur d’industrialisation plutôt qu’un simple fournisseur de matières premières.

Yaya KONÉ

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