Meng Wanzhou, 49 ans, a été arrêté en vertu d’un mandat américain le 1er décembre 2018, lors d’une escale à l’aéroport international de Vancouver. La directrice financière du groupe Huawei est accusée par les États-Unis d’avoir induit HSBC en erreur au sujet des transactions commerciales de Huawei en Iran, mettant la banque en danger de violer les sanctions américaines contre le pays du Moyen-Orient.
Meng Wanzhou nie les accusations et a demandé que la demande d’extradition soit rejetée parce que ses droits ont été violés durant toute cette procédure. Selon son avocat Tony Paisana, les autorités canadiennes et américaines ont manqué à leurs obligations de transparence, et il a fait état de nombreuses violations présumées des droits de Meng Wanzhou. Citons par exemple que les douaniers et les policiers canadiens n’avaient aucune raison légale d’obtenir les mots de passe des téléphones et autres appareils électroniques de Meng Wanzhou. S’ils l’ont fait, en toute illégalité, c’est notamment pour permettre au FBI de recueillir des informations. Toutes ces preuves devraient ainsi permettre d’entraîner l’annulation de toute la procédure.
L’avocat de la défense a également mentionné des vices de procédure présumés lors des audiences d’extradition. L’avocat soutient que le document d’arrestation était trompeur et les faits cités douteux, allant à l’encontre d’une nécessaire clarté pour permettre au juge d’évaluer correctement s’il devait ou non délivrer un mandat. « Une transparence complète est nécessaire » a déclaré Tony Paisana. « Ce ne devrait pas être une chasse au trésor pour le tribunal ».
En effet, Tony Paisana a déclaré que le mandat d’arrêt provisoire contre Meng Wanzhou délivré par un juge canadien le 30 novembre 2018 à la suite d’une demande américaine, a été obtenu sur la base d’allégations fausses ou trompeuses – que Meng Wanzhou était une fugitive évitant de voyager aux États-Unis parce qu’elle était au courant des accusations portées contre elle, que son escale à Vancouver représentait une occasion unique de la capturer et qu’elle n’avait « aucun lien » avec le Canada. C’est nier le fait que Meng Wanzhou possède deux résidences à Vancouver, et a fait de nombreux voyages au Canada dans sa vie, dont six fois en 2018. Elle possédait également par le passé le statut de résident permanent du Canada.
Meng Wanzhou apparaît finalement de plus en plus comme le dommage collatéral d’un conflit sino-américain qui dépasse sa seule personne. Ses droits ont été bafoués lors de son arrestation, et la preuve de cette vendetta doit faire naître l’espoir de faire dérailler la procédure d’extradition vers les États-Unis qui doit s’achever mi-mai. Si personne n’est au-dessus des lois, le contraire doit être respecté aussi et nos lois doivent être les mêmes pour tous, sans jamais laisser la politique et les affaires commerciales s’en mêler.
Paulette Kimuntu