Guinée: Alpha Condé a ouvert la voie au retour de l’armée à la tête de son pays, selon Crisis group

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En Guinée, le 5 septembre, après de brefs combats dans le quartier administratif de la capitale Conakry, les forces spéciales ont mis aux arrêts le président Alpha Condé. Le colonel Mamady Doumbouya a annoncé la dissolution du gouvernement et la suspension de la constitution. Où en est la situation ?

Pour l’heure, le calme est revenu dans la capitale Conakry, et le reste du pays n’a pas été affecté par les violences. Les sources disponibles évoquent une dizaine de morts à Conakry, principalement au sein de la garde présidentielle. A l’heure où nous publions, le président Condé est sous la garde des putschistes. Quelques heures après le coup d’Etat, des manifestations spontanées regroupant parfois plusieurs centaines de personnes ont éclaté pour célébrer la chute d’Alpha Condé, notamment dans les fiefs du principal parti d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dans la banlieue de Conakry et à Labé. Aucune manifestation ne semble avoir été organisée pour protester contre le coup d’Etat. Rares sont ceux qui semblent regretter Alpha Condé. En 2020, il avait été réélu pour un troisième mandat au terme d’une modification constitutionnelle et d’un processus électoral controversés qui avaient suscité des manifestations au cours desquelles des dizaines d’opposants avaient trouvé la mort.

Dans son discours prononcé au nom du Comité national de rassemblement et du développement (CNRD), la structure exécutive mise en place après le putsch, le colonel Mamady Doumbouya a coché toutes les cases : unité, lutte contre la corruption, réconciliation, bonne gouvernance, respect de l’état de droit. Il a également annoncé ses premières mesures, qui visent à la fois à consolider sa mainmise sur le pouvoir et à rassurer la communauté internationale et les Guinéens. Dès le lendemain du coup, les gouverneurs de région ont été remplacés par des commandants des zones militaires. Les secrétaires-généraux des ministères ont quant à eux remplacé les ministres, qui ont été convoqués par le CNRD et contraints de remettre leur passeport et leur véhicule de service. La libération des opposants emprisonnés au fil des manifestations contre le troisième mandat a commencé. Brièvement fermées, les frontières aériennes ont été rouvertes dès le 5 septembre, et un certain nombre de checkpoints déployés dans Conakry depuis la crise électorale, redoutés des habitants pour la rudesse des contrôles qui y étaient effectués, ont été démantelés. Doumbouya a également annoncé que les contrats miniers en cours – le pays dépend étroitement des revenus de l’extraction – ne seraient pas remis en cause.

Comment expliquer ce coup d’Etat ?

Ce coup d’Etat est lié à la fois aux tensions qui se sont exacerbées au sein de l’appareil militaire au cours des derniers mois et à la perte de légitimité du Président Condé, particulièrement aggravée par sa réélection contestée pour un troisième mandat. Les forces de sécurité sont très opaques, traversées par des luttes clientélistes ; certains réseaux seraient même impliqués dans des affaires douteuses, notamment le narcotrafic. Les forces spéciales, que dirige Mamady Doumbouya, créées en 2018 pour « lutter contre le terrorisme », avaient pris de l’importance dans la défense du régime d’Alpha Condé, par exemple en réprimant la mutinerie d’octobre 2020 à Kindia. Selon certaines sources, elles auraient aussi été impliquées dans la répression des manifestations contre le troisième mandat. Mais la puissance rapidement acquise par les forces spéciales aurait suscité des inquiétudes au sein du pouvoir. Le 1er juin dernier, le Président Condé a pris un décret créant une nouvelle unité des forces de sécurité, le Bataillon d’intervention rapide, pour les concurrencer et rééquilibrer le rapport de force. Des rumeurs ont même circulé quant à l’arrestation de Doumbouya. Il semble donc que Doumbouya ait d’abord agi pour se protéger, profitant de l’usure de la légitimité d’Alpha Condé.

Source: Crisis Group

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