Au Mali, l’un des principaux partis d’opposition, le Parena, a publié jeudi 4 novembre un memorandum très critique envers la gestion des autorités de transition, intitulé « crise institutionnelle et sécuritaire : comment sortir de l’impasse, comment préserver l’État ». Interviewé par la Radio France Internationale, Tiebilé Dramé dira que le seul constat est « qu’il est urgent de créer les conditions d’un sursaut national et d’un rassemblement. Il n’y a pas de place à une diversion quelconque ». Lisez.
En répondant aux questions de David Bachet, Tiébilé Dramé est catégorique. Selon lui, le Mali est dans une triple impasse. « Une première impasse est d’ordre sécuritaire. Nous sommes sous la pression de groupes terroristes un peu partout sur le territoire : dans le delta central du fleuve Niger, sur le plateau Dogon, au Sahel occidental, dans le Gourma malien, dans le Méma, même dans le sud du pays », a laissé entendre.
« Le problème est simplement que, une année après le début de la transition, la situation ne s’est pas améliorée. Loin s’en faut. Alors qu’il y avait beaucoup d’attentes. Cela est un constat. Face à cette situation, Là, vous parlez des Assises… », a déclaré, le président du PARENA (Parti pour la renaissance nationale).
Ce pas tout car le sieur Dramé pense que les Assises divisent déjà le pays et l’on ne voit pas la pertinence de ces Assises. Selon lui, la priorité, c’est rassembler le pays autour des forces armées et de sécurité pour faire face à la menace terroriste. Et à la question de savoir si cette pression terroriste suffit ou pas pour justifier, comme l’a fait le gouvernement, un éventuel report des élections,
Le chef du PARENA a affirmé que les « Maliens ont pris l’engagement entre eux-mêmes d’aller aux élections lors des concertations nationales. Et que tout cela a été consigné dans le cadre de la charte de la transition et de la feuille de route », dit-il. Par ailleurs, il explique que « S’il n’est pas possible d’aller aux élections, au lieu de faire comme le gouvernement précédent, il faut réunir les forces vives du pays pour dessiner une nouvelle feuille de route. « Mais, cette fois-ci, sur la base d’une réelle volonté politique de restaurer l’ordre constitutionnel, parce que la restauration de l’ordre constitutionnel fait partie des solutions », a-t- il proposé.
En dénonçant « l’instauration d’un climat d’intolérance et d’atteinte aux libertés démocratiques fondamentales »… Tiébilé Dramé a affirmé que « Le pays est sous la menace de groupes jihadistes et terroristes. Ce n’est pas le moment d’une chasse aux sorcières, d’atteintes aux libertés démocratiques fondamentales, parce que ce pays-là a connu, en 1991, une révolution démocratique pour les droits et les libertés. Donc, il faut les respecter. D’autant, que ça ne contribue pas à rassembler le pays ».
« …Nous sommes dans une situation d’isolement diplomatique… »
« Le Mali a besoin du reste du monde. Ce n’est pas seulement avec la Cédéao ou la France. Nous sommes suspendus de l’Union africaine. Nous sommes suspendus de la Cédéao. Les États-Unis viennent de suspendre les bénéfices de l’Agoa [loi sur le développement et les opportunités africaines]. L’Union européenne suspend son aide budgétaire. Nous sommes dans une situation d’isolement diplomatique qu’il faut résoudre le plus tôt possible. Raison pour laquelle le Parena a exhorté le président de transition à resserrer les liens avec la Cédéao et à éviter tous bras de fer avec nos voisins et nos partenaires. Je crois qu’il est urgent de sortir de cette situation. La solution à l’ensemble des défis auxquels le pays est confronté aujourd’hui, c’est inviter le président de la transition à unir les forces vives le plus tôt possible, créer les conditions du rassemblement autour de nos forces (armées, ndlr). Nos jeunes gens sur le terrain ont besoin de sentir que le pays tout entier est réuni et rassemblé autour d’eux. C’est cela qui peut leur permettre de faire face à la menace terroriste. Deuxièmement, il faut qu’ensemble, il y ait une feuille de route consensuelle. Troisièmement, nous préconisons que les organes de transition que sont le gouvernement et le CNT (Conseil national de transition) soient plus inclusifs. Enfin, tout cela requiert un Premier ministre rassembleur, consensuel, moins clivant. Je pense que les forces vives du pays ont intérêt à ce qu’il y ait un Premier ministre plus à l’écoute, moins va-t’en guerre, parce que le pays a besoin de rassemblement ».
Au sujet du sommet de la Cédéao
Tiébilé Dramé a affirmé que je cite « Je ne sais pas. Moi, ce que je peux dire, c’est que la Cédéao, c’est nous-mêmes. La vocation africaine du Mali est telle que nous devons renouer et dialoguer avec la Cédéao pour une sortie de crise heureuse » fin de citation.
Daouda Bakary Koné