(CROISSANCE AFRIQUE)–Au Mali, les actions des femmes leaders sont moins visibles dans la lutte contre la Covid-19. Pourquoi une telle situation et comment les rendre plus visibles dans la lutte contre la Covid-19, notamment dans les campagnes de vaccination ?
Dans un document de plaidoyer de la Direction nationale de la Promotion de la femme, il est recommandé de consulter les associations des femmes lors de la conception et la mise en place des mesures de distanciation physique et garantir la participation des organisations de femmes, de filles et jeunes dans la riposte contre la COVID-19 par les autorités nationales et locales.
Dans le même document, la direction conseille les autorités d’équiper les femmes afin qu’elles produisent les outils de protection individuelle ainsi que d’autres produits ou matériels nécessaires pour lutter contre la COVID-19, comme les masques, le savon, les gels hydro alcool. La collaboration avec les organisations de femmes pour sensibiliser aux risques liés à la COVID-19, la fourniture de kits de protection contre le coronavirus (gels hydro alcool, kit de lavage des mains, masques), réclame la direction nationale de la promotion de la femme dans ledit document.
« Les femmes leaders ont été impliquées dans les activités de lutte contre la pandémie. Notamment lors des visites à domicile pour sensibiliser et orienter vers les sites de vaccination les populations dans les 6 communes du district de Bamako », confirme Mme Kalapo de la Direction nationale du Développement Social.
La Coordination des associations et organisations féminines du Mali (CAFO), est présente sur toute l’étendue du territoire dont sa contribution pourrait être très importante pour vaincre cette pandémie. La présidente par intérim de cette faîtière, Kouyaté Goundo Sissoko nous informe clairement que les moyens leur manquent depuis des années pour mener des activités notamment dans le cadre de la lutte contre la COVID-19. Malgré tout, elle précise que la CAFO a toujours mené des activités de sensibilisation au niveau des familles.
Pour Diawara Bintou Coulibaly, présidente de l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes au Mali (APDF), la femme a toujours joué un rôle primordial dans la société malienne. « Dans nos activités, nous avons toujours recommandé le respect de ces mesures barrières », explique-t-elle. Par ailleurs, Diawara Bintou Coulibaly appelle les femmes leaders du Mali à s’impliquer davantage en organisant des activités de sensibilisation au niveau de certains lieux stratégiques, notamment les marchés pour la vaccination contre cette maladie.
« Les femmes leaders n’ont pas été impliquées à hauteur de souhait »
Au début de la pandémie à COVID-19, les femmes leaders se sont impliquées auprès du Ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille et celui en charge de la Santé pour informer et sensibiliser sur le port du masque et pour le respect des mesures barrières. Plus de 5 millions de masques ont été distribués, souligne Bouaré Bintou Founé Samaké, ancienne ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille et présidente de Wildaf-Mali. « Cependant cet élan a été freiné par la non prise en compte des femmes qui travaillent dans le secteur informel, dans la distribution du fonds COVID-19. Ces femmes de l’informel comptaient sur les femmes leaders. Les leaders ont été aussi écartées lors de la mise à disposition du fonds COVID-19. Les femmes leaders n’ont pas été impliquées à hauteur de souhait », affirme-t-elle.
Du côté de l’Association Femmes Leadership et Développement durable (AFLED), Touré Rachida Ousmane, Chargée du projet explique qu’au début de la pandémie dans notre pays, les femmes ne sont pas totalement impliquées. Selon elle, le Mali à l’instar des autres pays en Afrique, la femme reste toujours en marge de plusieurs choses qui concernent ses droits ou le bien-être de la femme. Dans la lutte contre cette maladie, elle explique qu’au Mali la femme n’a pas les informations fiables parce qu’elle n’a pas été associée par l’Etat depuis le début. « Nous sommes la voix des sans voix. Il nous faut des explications fiables, claires et nettes et des directives qui peuvent nous permettre de s’exprimer et de pouvoir sensibiliser les autres femmes par rapport à la thématique », confie-t-elle.
Elle rappelle que la maladie a causé plus de préjudices à la femme que n’importe qui notamment des violences conjugales dues aux restrictions de mouvements. Par ailleurs, Touré Rachida Ousmane affirme qu’au moment où les réseaux sociaux étaient inondés par des fausses informations par rapport à la thématique, les femmes leaders se sont mobilisées pour faire des activités de sensibilisation pour pouvoir divulguer des bonnes informations. La femme étant la première victime selon elle, doit être informée en partageant des informations avec elle pour son implication à la lutte contre le coronavirus notamment la vaccination. « La femme joue un rôle prépondérant dans la société », conclut-elle.
Ibréhima Koné
« Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) et Affaires Mondiales Canada »
