(CROISSANCE AFRIQUE)-Le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, M. Aguibou Bouaré a animé une conférence de presse au Conseil National du Patronat du Mali, mardi 14 novembre 2023. Au cours de cette rencontre annuelle avec la presse, le conférencier a fait une présentation succincte du rapport 2022 de la commission sur la situation des droits de l’Homme au Mali.
Ce rapport 2022 établit que la Commission Nationale des Droits de l’Homme déplore des cas de violations et d’abus des droits de l’homme à Kayes, première région administrative du Mali. Ici, sur le tronçon Kayes-Yelimané, un convoi de la croix rouge malienne a été attaqué en juin de l’année dernière. Cette situation, selon le président Bouaré constitue un défi à relever.
En effet, le chauffeur et le délégué expatrié qui se trouvent à bord ont perdu la vie. Les familles de ces victimes broyaient aisni du noir. Au même moment et sur le même tronçon, selon le rapport, un véhicule d’une ONG a été attaqué, il y a eu également de mort.
Dans son adresse aux professionnels de l’information, le chef des commissaires des droits de l’homme martèle qu’un accent particulier est mis encore une fois sur la question de l’esclavage par ascendance qui sévit, notamment dans les Régions de Kayes, Kita, Nioro du Sahel, Nara, Koulikoro.
<< Malgré les multiples actions entreprises sur le plan holistique par des acteurs divers, l’année 2022 reste marquée par d’importantes atteintes aux droits de l’Homme relatives à la pratique de de l’esclavage par ascendance.>>, nous renseigne M. Aguibou Bouaré.
Une illustration éloquente, selon lui, est l’assassinat odieux de madame Diogou Sidibé, le 31 juillet dans le village de Lany-Mody, situé dans la Région de Kayes. Mais, la CNDH salue les efforts du gouvernement, notamment dans le domaine judiciaire, en faveur de la lutte contre ce fléau.
<< Surpopulation carcérale >>
Par ailleurs, le président Aguibou note que l’année 2022 a été́ également marquée par des abus et violations graves des droits de l’Homme visant aussi bien les populations civiles que les Forces de Défense et de Sécurité.
Ces abus se manifestent par des atteintes aux droits à la vie et au respect de l’intégrité́ physique, à la liberté́ de presse, de manifestation, de cortège et de réunion, perpétrés, au Centre comme au Nord, sans qu’aucune partie du territoire national ne soit épargnée.
Le rapport précise cependant que ces abus et violations enregistrés sont la résultante du terrorisme, des conflits inter et intracommunautaires, de la crise socio- politique.
Le rapport mentionne également que le droit à l’éducation a connu des difficultés dans sa mise en oeuvre. Son effectivité́ dans les zones de conflits en raison, notamment des fermetures d’écoles sur menaces de groupes terroristes, dit-il, demeure une préoccupation pour la CNDH.
Dans le rapport de l’année écoulée des commissaires des droits de l’homme, il est à noter que les droits des personnes privées de liberté́ et la situation carcérale pourraient connaitre davantage de progrès avec la décongestion des prisons. Ainsi, dénonce Aguibou, la surpopulation carcérale, le dépassement des délais de garde à vue, de détention provisoire, demeurent une réelle source de préoccupation tant les conditions de détention sont souvent inhumaines.
En dépit de ces préoccupations qui demeurent, les commissaires des droits de l’homme se réjouissent des progrès notoires dans certains domaines.
Ce faisant, la Commission salue le recrutement de plus de 120 agents pénitentiaires, qui va dans le sens de l’amélioration.
En outre, la commission salue également les réformes en cours, notamment la relecture du Code pénal afin de prendre en compte certaines infractions liées aux violences faites aux femmes et aux filles.
Ce rapport 2022 sur la situation des droits de l’Homme, faut-il rappeler, s’articulait autour de six parties, notamment les droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels, les droits des personnes vulnérables, la situation carcérale et les conditions de détention ainsi que le droit à un environnement sain.
Par Drissa KEITA