(CROISSANCE AFRIQUE)-La dette publique du Burkina Faso a connu une montée significative, affichant un nouveau sommet à 7 148,29 milliards FCFA (10,8 milliards d’euros) au 31 mars 2024.
Ainsi, cette augmentation, qui marque une hausse de 2,9% par rapport à fin 2022, soulève des interrogations quant à la soutenabilité financière à long terme du pays. La gestion de la dette devient un défi de taille, reflétant la pression croissante sur les finances publiques dans un contexte économique déjà tendu.
La structure de la dette révèle une inclinaison marquée vers la dette intérieure, qui constitue 56,7% de l’encours global avec un montant de 4 050,77 milliards FCFA. L’évolution de cette dette interne, bien que modérée, avec une augmentation de 1,8% depuis 2023, symbolise une stratégie de financement interne privilégiée.
Par contre, la dette extérieure connaît une progression plus notable de 4,4%, s’élevant à 3 097,52 milliards FCFA et dépeint la dépendance vis-à-vis des emprunts auprès des bailleurs de fonds étrangers. Les organismes multilatéraux représentent la majorité des détenteurs de la dette extérieure, avec 88,4% de l’encours.
Cette configuration souligne une confiance apparente des institutions internationales dans l’économie du Burkina Faso, mais elle expose également le pays à des risques liés aux fluctuations des politiques de prêt de ces entités. La répartition minoritaire entre les créanciers bilatéraux et les banques commerciales met en lumière la diversité des sources de financement, mais aussi le défi d’une gestion équilibrée et stratégique des divers engagements financiers.
L’analyse de la répartition monétaire de la dette montre une prédominance de l’euro, qui encode 56,5% de la dette extérieure, suivie par le dollar américain et le franc CFA (XOF). Cette configuration multi-devises introduit une complexité supplémentaire dans la gestion de la dette due aux risques de change. Les fluctuations des taux de change peuvent avoir des impacts significatifs sur le coût de la dette et la capacité du Burkina Faso à remplir ses obligations financières.
Notons que la trajectoire ascendante de la dette publique du Burkina Faso invite à une introspection profonde et à l’adoption de mesures prudentes. Il devient essentiel d’équilibrer les besoins de financement à court terme avec la viabilité et la soutenabilité financière à long terme.
Pour rappel, la conduite d’une gestion rigoureuse de la dette, couplée à des politiques économiques axées sur la croissance et la réduction de la dépendance aux emprunts externes, devrait figurer parmi les priorités absolues pour assurer un avenir prospère au pays.
Moussa KONE