Mali: environ 14.000 milliards de F CFA d’or ont été exportés sans déclaration entre 2012-2021

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, l’un des grandes problématiques de l’exploitation aurifère est l’orpaillage illégal, qui échappe au contrôle des autorités. Pendant la période 2012-2021, il a été estimé qu’environ 14.000 milliards de F CFA d’or ont été exportés sans déclaration. Cela représente moins de 1 % des exportations déclarées, révélant une lacune inquiétante dans le suivi des ressources. Cette information émane d’un collogue organisé en 2023 par le Centre d’études et de réflexion au Mali (CERM) à Bamako.

Ceci pose un défi énorme à la souveraineté économique du pays et à la nécessité d’une réglementation efficace. Les exportations non déclarées entraînent également des pertes financières significatives pour le gouvernement.


La production d’or au Mali est un sujet d’importance majeure pour l’économie du pays. Des quantités considérables d’or sont extraites chaque année, mais la question se pose de savoir qui en bénéficie véritablement.

Lors d’un colloque réalisé en juillet 2023, il a été démontré que le gouvernement malien est le principal bénéficiaire des ressources aurifères, malgré un contexte complexe marqué par l’orpaillage artisanal. Cet article examine les divers aspects de cette industrie, y compris son impact économique et les défis associés aux exportations d’or.


Entre 2006 et 2018, l’or a représenté une part exorbitante des exportations de biens et services, atteignant environ 68 %. Ce métal précieux est devenu le premier produit d’exportation, générant une valeur ajoutée significative pour l’économie nationale. En effet, la production industrielle d’or a contribué à hauteur de 6,3 % du PIB. Le Mali a exporté plus de 25 milliards de dollars d’or vers les Émirats Arabes Unis entre 2012 et 2021, soulignant l’importance cruciale de cette ressource. Toutefois, il y a un grand fossé entre les bénéfices réalisés et ceux qui profitent réellement de cette richesse.


Le gouvernement du Mali joue un rôle fondamental dans l’exploitation des ressources minières. En moyenne, 54 % de la valeur ajoutée de la production aurifère est revenue à l’État, ce qui en fait le bénéficiaire le plus important. Cependant, la gestion de ces ressources est souvent contestée, notamment en ce qui concerne la transparence et la redistribution des richesses générées.

Les exportations d’or représentent également environ 20 % des recettes gouvernementales, mettant en évidence la dépendance du pays à cette industrie pour sa santé financière. La question se pose de savoir si une gestion plus efficace pourrait mieux servir les Maliens.


Les conséquences des exportations illégales d’or sont désastreuses pour l’économie malienne. En 2021, ces exportations ont généré une perte d’environ 990 milliards de F CFA. Au total, sur la période de 2012 à 2021, les pertes financières ont franchi les 3 408 milliards de F CFA. Ces chiffres illustrent l’urgence d’une réorganisation du secteur de l’orpaillage pour recapturer ces ressources perdues. La mise en place de systèmes de contrôle plus rigoureux pourrait non seulement freiner les exportations illégales, mais aussi renforcer les recettes de l’État.


Des recommandations ont été formulées lors du colloque, visant à encadrer efficacement le secteur de l’orpaillage. Parmi celles-ci figurent la création de couloirs d’orpaillage, la sensibilisation des populations sur les lois minières, et la mise en place de centrales d’achat d’or.

Le gouvernement doit également établir un guichet unique pour les exportations issues de la production artisanale afin de garantir le suivi des ressources. De plus, renforcer les compétences des acteurs de l’exploitation minière et organiser le circuit d’approvisionnement est essentiel pour améliorer la situation actuelle. Il est primordial pour le Mali de consolider sa souveraineté économique à travers une exploitation contrôlée et responsable de ses ressources minières.

Notons que la mise en œuvre des recommandations susmentionnées ne doit pas rester lettre morte, mais se traduire en actions concrètes. Cela pourrait permettre de capturer une partie importante de la chaîne de valeur, de générer plus de revenus et de stimuler le développement économique local. Investir dans un secteur minier durable est non seulement un impératif économiquement, mais aussi une obligation morale envers les citoyens maliens. La richesse de l’or doit briller pour tous au Mali, et non pour une minorité seulement.

Daouda Bakary KONE

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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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