(CROISSANCE AFRIQUE)-La décision récente du gouvernement malien de suspendre l’exportation d’amandes de karité est significative pour l’industrie locale.
Ces mesures visent à renforcer le secteur de la transformation au Mali tout en assurant la disponibilité des matières premières pour les unités de production nationales. En tant que l’un des principaux fournisseurs d’amandes de karité en Afrique, le Mali se trouve à un carrefour important pour son développement économique. Le pays, aux côtés du Burkina Faso et du Nigeria, joue un rôle crucial dans le marché mondial des oléagineux.
Les amandes de karité sont un produit clé pour le Mali, contribuant significativement à ses recettes d’exportation. Le pays a exporté près de 28 000 tonnes d’amandes en 2021, générant des revenus importants pour l’économie locale.
Ce niveau d’exportation souligne l’importance de la filière karité pour de nombreux travailleurs ruraux et pour l’économie en général. En parallèle, l’essor de l’industrie de transformation est essentiel pour maximiser la valeur ajoutée de ces produits.
Depuis le 3 octobre 2024, le gouvernement malien a suspendu les exportations d’amandes de karité par un arrêté ministériel. Cette décision vise à garantir que les ressources essentielles soient disponibles pour le marché local, facilitant ainsi le développement de l’industrie de transformation.
Les produits saisis sur le marché noir seront réaffectés aux transformateurs locaux, comme l’indique le ministère de l’Industrie et du Commerce. Cette approche réactive vise à sécuriser l’industrie locale tout en décourageant les pratiques d’exportation illicites.
La suspension des exportations a un impact direct sur l’industrie de transformation locale des oléagineux. En favorisant l’accès aux matières premières, le gouvernement espère stimuler l’augmentation de la production locale. Cela pourrait également mener à la création d’emplois et à l’extension des capacités industrielles.
En effet, avec des projets comme l’inauguration d’une nouvelle usine de karité, le Mali se positionne comme un acteur clé dans le domaine de la transformation des oléagineux.
Cette décision de suspension au Mali fait écho à celle prise par le Burkina Faso un peu plus tôt cette année. Les deux pays, ayant des industries similaires, ont adopté des mesures visant à protéger leur production locale. Les politiques adoptées par chaque gouvernement cherchent à rendre disponibles les matières premières indispensables à l’industrie locale. Cette comparaison révèle une tendance régionale à prioriser le développement intérieur au détriment d’exportations immédiates.
Les données officielles montrent que les exportations de karité du Mali ont généré d’importantes recettes, avec 7,69 milliards de francs CFA en 2021. Les exportations de beurre de karité ont également contribué avec des revenus de 2,04 milliards de francs CFA. Ces chiffres illustrent l’importance de cette filière pour l’économie nationale. Avec cette suspension, les partenaires locaux pourraient voir une opportunité de transformation et de croissance dans ce secteur.
Notons que des développements récents témoignent d’un engagement fort du Mali envers l’industrialisation de sa filière karité. En 2021, le pays a inauguré sa première usine moderne de transformation de karité, soutenue par un investissement de 5 millions de dollars.
De plus, en juillet 2024, un nouveau complexe agro-industriel de 23 millions de dollars a été inauguré. Ces infrastructures sont essentielles pour soutenir l’essor de l’industrie et renforcer la compétitivité du pays sur le marché régional et international.
Daouda Bakary Kone