(CROISSANCE AFRIQUE)-Le Tchad, conscient des défis posés par sa situation géographique, aspire à s’interconnecter à l’Égypte par la fibre optique, un projet qui pourrait transformer radicalement son paysage numérique.
Ce projet ambitieux était au cœur des discussions lors d’une rencontre cruciale tenue le jeudi 26 décembre, où Boukar Michel (photo, au centre), ministre tchadien des Postes et de l’Économie numérique, a échangé des visions stratégiques avec une délégation de la société publique égyptienne Telecom Egypt, dirigée par son directeur exécutif Mohamed Al Fowey.
L’importance de cette initiative ne réside pas seulement dans l’interconnexion elle-même, mais aussi dans son potentiel à stimuler l’innovation et à moderniser les infrastructures télécoms nationales du Tchad, ce qui, à terme, améliorera la qualité des services offerts aux populations ainsi que l’accès à Internet à haut débit.
La nouvelle route de fibre optique terrestre, prévue pour tracer un chemin innovant le long de l’itinéraire reliant le Tchad à l’Égypte via la Libye, apportera également des opportunités d’emploi et de développement pour les populations locales, tout en facilitant le commerce et l’échange d’informations à une échelle régionale. Le ministère tchadien a déclaré avec optimisme : « La proposition de connexion avec l’Égypte offre au Tchad une autre voie de désenclavement numérique.
Étant donné que le pays est enclavé, ce projet renforcera sa position de hub pour l’interconnexion numérique en Afrique. » Cette ambition cadre avec une vision plus large pour le continent africain, où le développement des infrastructures numériques est crucial pour connecter les pays entre eux et favoriser un développement économique inclusif, durable et résilient. En facilitant l’accès à des réseaux de communication fiables, le Tchad pourrait également jouir d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs étrangers, prêts à s’engager dans un pays en pleine transformation numérique.
Actuellement, le Tchad dépend essentiellement de ses pays voisins pour sa connectivité internationale, ce qui souligne la fragilité de son infrastructure numérique. Bien que le pays soit déjà interconnecté par fibre optique avec le Cameroun et le Soudan, cette dépendance expose le Tchad à divers défis. Les problèmes récurrents rencontrés sur les réseaux de transport de données dans ces deux pays affectent non seulement la disponibilité, mais aussi la qualité des services télécoms, en particulier l’accès à Internet.
Par ailleurs ces difficultés sont souvent exacerbées par des pannes techniques, des ruptures de câbles et des interruptions de service, qui peuvent entraver gravement les activités économiques et le quotidien des citoyens tchadiens. Dans ce contexte, le Tchad s’engage à participer au projet ambitieux de la dorsale transsaharienne de fibre optique, qui vise à améliorer le maillage numérique en Afrique et à offrir des alternatives viables pour la connectivité.
En parallèle, l’Égypte se distingue comme l’un des pays africains les plus riches en matière de câbles sous-marins, un atout qui repose sur sa position géographique stratégique reliant de manière unique l’Afrique, l’Europe et l’Asie. Fortement équipée, l’Égypte est déjà connectée à une quinzaine de câbles sous-marins, y compris des corridors essentiels pour le transfert de données à l’échelle mondiale. Un certain nombre d’accords sont également en cours pour faire atterrir d’autres câbles, ce qui renforcera encore sa position sur le marché mondial de la télécommunication. Cette abondance de connectivité maritime pourrait s’avérer cruciale pour le Tchad, permettant de diversifier ses sources de connectivité internationale et d’améliorer la résilience de son réseau numérique.
Notons que les discussions entre les deux parties n’en sont qu’à leurs débuts, mais elles représentent une étape significative vers le développement d’une infrastructure numérique robuste et résiliente. Aucune information supplémentaire quant à la date de début des travaux ou à la mise en service de la liaison n’a encore été divulguée, ce qui laisse un certain suspense quant aux prochaines étapes.
Cependant, la partie tchadienne a été invitée à se rendre au siège de Telecom Egypte, au Caire, pour entamer des discussions techniques. Ces pourparlers préliminaires devraient permettre de définir les grandes lignes du projet d’interconnexion et de jeter les bases d’une collaboration prometteuse qui pourrait transformer le paysage numérique du Tchad et renforcer son rôle de hub en Afrique centrale.
Zangouna KONE