(CROISSANCE AFRIQUE) Au Gabon, l’Etat a pour objectif de générer 6,3 milliards USD de recettes fiscales hors pétrole d’ici 2027.
Le 22 mai 2025, à Libreville, Éric Boumah, le directeur général des Impôts, a lancé officiellement le Plan stratégique 2025-2027 de la Direction générale des Impôts (DGI). Ce document de référence vise à récolter 3 738,9 milliards FCFA (environ 6,3 milliards USD) de recettes fiscales en trois ans.
Dans un contexte de refondation de l’État, de recherche de justice sociale et de redressement économique, ce plan reflète la volonté des autorités de renforcer l’autonomie budgétaire du pays en s’appuyant sur les ressources fiscales domestiques. Le plan s’inscrit également dans l’ambition de diversifier l’économie gabonaise, qui a longtemps reposé sur les revenus pétroliers.
Articulé autour de quatre axes stratégiques—le renforcement de la gouvernance, la modernisation du service à l’usager, l’amélioration du rendement du personnel et l’accroissement des recettes fiscales—ce projet propose une série ambitieuse de réformes structurelles et de mesures opérationnelles destinées à transformer en profondeur l’administration fiscale.
Chacun des axes a été élaboré en prenant en compte les besoins spécifiques du pays et les défis uniques auxquels il est confronté dans un monde économique en perpétuelle évolution. En matière de gouvernance, Éric Boumah a souligné l’importance d’une approche inclusive, cherchant à engager non seulement les fonctionnaires du fisc, mais aussi la société civile et le secteur privé dans un dialogue constructif.
Cette gouvernance dynamique s’appuiera sur l’adoption de normes internationales telles que TADAT (Tax Administration Diagnostic Assessment Tool) pour optimiser le contrôle interne, tout en encourageant la transparence par des rapports réguliers sur l’avancement des objectifs.
La modernisation du service à l’usager impliquera non seulement la simplification des procédures, mais également l’intégration de technologies numériques afin de rendre le processus fiscal plus accessible et efficace. Cela se traduira par une interface en ligne où les contribuables pourront gérer leurs déclarations de manière intuitive.
Parallèlement, le secteur des ressources humaines se concentrera sur une gestion optimisée du personnel et une amélioration du climat social au sein de la DGI, avec un accent particulier sur la formation continue des employés afin de développer leurs compétences et les préparer à relever les défis futurs.
L’objectif principal, l’augmentation des recettes, sera atteint par l’élargissement de l’assiette fiscale, un contrôle fiscal renforcé, et une amélioration des mécanismes de recouvrement, en insistant particulièrement sur les secteurs informels et la lutte contre la fraude, qui sont essentiels pour garantir une rentrée des fonds plus équitable.
Le coût total de mise en œuvre du plan est estimé à 94,1 milliards FCFA, répartis en trois tranches annuelles : 31,4 milliards FCFA en 2025, 31,3 milliards FCFA en 2026, et 31,2 milliards FCFA en 2027.
Parmi ces coûts, 41,6 milliards FCFA seront destinés aux investissements, représentant près de 45 % du budget, tandis que les dépenses de fonctionnement s’élèveront à 52,5 milliards FCFA, incluant 8 milliards FCFA pour d’autres charges.
Pour garantir l’atteinte de ces objectifs, un système de suivi et d’évaluation a été établi, qui ne se contente pas de mesurer les résultats, mais qui intègre également le feedback des contribuables et des partenaires afin d’ajuster les politiques en temps réel.
Notons que ce dispositif repose sur des organes de gestion dédiés, responsables de la collecte des données d’exécution, de la production de rapports de performance et de l’élaboration de mesures correctives en cas d’écarts constatés, assurant ainsi une responsabilité accrue au sein de l’administration fiscale.
Korotoumou Sylla