Par Magaye GAYE
Économiste international
Ancien Cadre de la BOAD
Le 29 mai prochain, la Banque Africaine de Développement (BAD) se dotera d’un nouveau président. Une échéance importante, abondamment commentée dans les médias. Mais derrière les spéculations sur les candidats se cache une question bien plus fondamentale : la BAD a-t-elle vraiment rempli sa mission depuis sa création en 1964?
Créée pour financer le développement du continent africain, soutenir les infrastructures, accompagner l’industrialisation et contribuer à l’émergence de chaînes de valeur transnationales solides, la BAD devait être un levier de transformation économique. Mais où en est l’Afrique aujourd’hui ?
Force est de constater que les résultats sont décevants :
- La pauvreté reste endémique, malgré des taux de croissance parfois flatteurs.
- L’Afrique ne représente que 3 % du commerce mondial, signe d’un manque d’intégration dans les chaînes de valeur internationales.
- Les matières premières sont encore majoritairement exportées à l’état brut, sans réelle transformation locale.
- Entre 50 et 100 milliards de dollars par an fuient illégalement le continent, et certains financements sont détournés ou inefficacement utilisés.
- L’endettement des États africains est devenu abyssal, sans que cela se traduise par des projets viables ou des gains de productivité durables.
Il est donc légitime de s’interroger :
La BAD est-elle à la hauteur des enjeux du continent ? A-t-elle su évoluer pour répondre à un monde devenu plus agressif, plus concurrentiel, plus instable ?
Choisir un président est une chose. Mais le véritable enjeu, c’est de repenser le rôle de cette institution, d’interroger sa gouvernance, son efficacité, et surtout, son alignement avec les priorités réelles des peuples africains.
Le moment est venu de recalibrer la BAD, pour qu’elle cesse d’être un simple bailleur technique, et devienne enfin un véritable moteur stratégique du développement africain.