(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Cameroun, c’est avec anticipation que l’on attend la visite du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, qui est prévue pour le 22 août 2025 à Ntui, située dans la région administrative du Centre.
Cette visite marque le début d’une tournée très attendue pour la remise des primes à la qualité attribuées aux producteurs de cacao. Selon des informations obtenues de sources bien informées proches du dossier, ces primes totalisent un montant impressionnant de 1,7 milliard de FCFA.
Aussi, elles concernent les campagnes cacaoyères des années 2020-2021 et 2021-2022, périodes au cours desquelles les producteurs ont fourni des efforts considérables pour maintenir la qualité de leur production. Ces paiements sont destinés à plus de 42 000 producteurs répartis à travers les nombreux bassins de production du Cameroun, soulignant l’importance et l’ampleur de ce secteur pour l’économie nationale.
La prime à la qualité du cacao a été instituée par les autorités camerounaises pour minimiser l’impact négatif de la crise qui s’est manifestée sur le marché international durant la saison cacaoyère 2016-2017. En effet, cette prime est financée par un prélèvement de 5 FCFA sur la quote-part de la redevance d’exportation, laquelle revient naturellement au Fonds de Développement des Filières Cacao-Café (Fodecc).
Ce mécanisme innovant et incitatif a pour but de récompenser les producteurs qui consacrent des efforts particuliers à la production de fèves de cacao de grade I, réputées pour leur excellente qualité. Ainsi, cette initiative ne vise pas seulement à soutenir les producteurs financièrement, mais aussi à encourager la hausse des standards de qualité dans toute la filière cacaoyère, portant ainsi le potentiel de positionner le Cameroun comme un acteur majeur sur la scène internationale du cacao de qualité.
La liste des bénéficiaires est minutieusement arrêtée par un comité dont la composition inclus des membres diversifiés, comprenant aussi bien des représentants expérimentés de l’administration, des structures d’encadrement spécialisées dans le soutien aux producteurs, que des professionnels reconnus de la filière cacao. Ce comité joue un rôle indispensable en se basant rigoureusement sur les bordereaux de vente qui sont systématiquement délivrés à chaque opération d’achat. Ces bordereaux détaillent toujours de manière précise la qualité spécifique du cacao qui a été vendu, assurant ainsi une traçabilité et une transparence essentielles dans le processus de sélection.
Néanmoins, malgré les efforts déployés, les résultats observés sont pour le moment mitigés. Outre l’initiative ambitieuse de mise en place de centres d’excellence dédiés au traitement post-récolte du cacao, laquelle vise à produire des fèves d’une qualité supérieure, souvent qualifiées de « zéro défaut », l’institution de la prime dite « à la qualité » s’inscrit parmi les mesures significatives prises par les autorités camerounaises.
Cette approche vise à stimuler et récompenser les efforts déployés par les cacaoculteurs locaux pour améliorer leurs pratiques de culture. En parallèle, cette incitation gouvernementale s’ajoute aux nombreuses initiatives déjà mises en place par certains exportateurs, qui, depuis plusieurs années, ont entrepris des démarches substantives pour rehausser la qualité du cacao camerounais. Ces exportateurs ont ouvert la voie en encourageant activement la production de cacao certifié, promouvant ainsi des standards élevés de production et de durabilité dans l’industrie.
Le cas du négociant Telcar Cocoa illustre bien les efforts déployés pour la promotion de la culture du cacao certifié au Cameroun. Dans le cadre de son ambitieux programme, cet exportateur influent a joué un rôle clé en formant plusieurs milliers de producteurs agricoles, dans le but d’améliorer non seulement les techniques de culture, mais aussi la qualité globale des fèves de cacao produites. De manière notable, avant le lancement de la campagne 2018-2019, Telcar Cocoa a distribué une enveloppe globale impressionnante de 3,7 milliards de FCFA à titre de primes, dans le seul but d’encourager la production de fèves répondant aux critères de qualité élevés.
Cependant, en dépit de ces mesures incitatives mises en place depuis des années pour rehausser le standing de la fève camerounaise, les retombées ne sont pas encore pleinement satisfaisantes. Ainsi, sur un impressionnant volume global de 193 430 tonnes de cacao soumises à des contrôles stricts de qualité durant la saison 2024-2025, qui s’est conclue le 15 juillet 2025, on constate que 78% des fèves ont été exportées en tant que grade 2, indiquant une qualité moyenne. En comparaison, un maigre 8% correspondait à des fèves de grade I, celles-ci représentant le standard de qualité supérieur, si l’on se réfère aux chiffres fournis par l’Office national du cacao et du café (ONCC).
Un regard rétrospectif sur la saison 2016-2017, selon les données de la même institution, révèle que 95% des cargaisons exportées étaient également classées au grade 2. Au cours de la dernière décennie, certaines améliorations sont remarquables, mais relativement faibles et lentes, suggérant que les efforts entrepris ont permis une évolution progressive et limitée de la situation.
Notons que cette stagnation dans l’amélioration de la qualité met en lumière un défi persistant, reflétant des obstacles encore présents, qu’il s’agisse de pratiques culturales ou de formations à intensifier.
Zangouna KONÉ