(CROISSANCE AFRIQUE)-La société singapourienne Trident Digital Tech Holdings Ltd (TDTH) a annoncé ce mardi, dans un communiqué de presse détaillé, avoir mobilisé un montant significatif de 2,6 millions de dollars via un financement de type PIPE (Private Investment in Public Equity), une méthode de levée de fonds permettant à des investisseurs privés d’investir dans une société cotée en bourse.
Selon l’entreprise, ces fonds, acquis avant toute déduction de frais divers et commissions, sont soigneusement planifiés pour être dirigés vers « l’expansion et la promotion » ambitieuses de son projet innovant de service d’identification numérique, dénommé « DRC pass », spécifiquement en République démocratique du Congo (RDC). Cette opération stratégique a été grandement facilitée par les services de la société Chaince Securities, qui a joué un rôle clé en agissant en tant qu’agent de placement exclusif, comme précisé dans ce communiqué officiel.
Cette importante levée de fonds, qui démontre une confiance accrue dans le potentiel de Trident Digital, intervient moins de trois mois après la signature d’un accord crucial entre la firme asiatique et le gouvernement congolais, visant à renforcer les initiatives techno-économiques dans la région. Le 25 juin 2025, une date désormais marquante, Trident Digital et le gouvernement de la RDC ont officialisé leur collaboration stratégique par la signature d’un partenariat public-privé à Kinshasa, la capitale vibrante du Congo.
Cet accord, dont les détails avaient été soigneusement anticipés et rendus publics à l’avance, a été solennellement paraphé par le ministre congolais des Postes et Télécommunications, un geste symbolique qui ouvre la voie à des améliorations substantielles dans le domaine de la technologie numérique et des infrastructures télécoms au sein du pays.
Ce partenariat stratégique établit Trident en tant que fournisseur unique et exclusif des services électroniques d’identification, connus sous le nom de e-KYC (connaissance de votre client), pour l’État congolais. Le système innovant, baptisé « DRCPass », est conçu pour être un identifiant numérique centralisé et hautement sécurisé, utilisant les dernières avancées de la technologie Web 3.0.
Ce dispositif de pointe a pour vocation de donner aux citoyens la possibilité d’accéder facilement à une multitude de services, que ce soit dans le secteur public ou privé, par le biais d’une authentification unique qui simplifie les démarches administratives. En outre, il offre la possibilité de réaliser des paiements sécurisés et confère des droits numériques équivalents à ceux d’une pièce d’identité physique traditionnelle, transformant ainsi la manière dont les individus interagissent avec les systèmes administratifs et commerciaux.
Lors de l’importante cérémonie qui s’est tenue en juin, le ministre de l’Economie Numérique, Augustin Kibassa Maliba, avait décrit la signature de cet accord comme un « moment fondateur », en soulignant son importance comme le pilier d’une « gouvernance numérique souveraine et inclusive ». Cette initiative est perçue comme un tournant décisif, promettant une plus grande intégration numérique pour le pays. Parallèlement, Soon Huat Lim a exprimé son admiration pour « la vision novatrice des dirigeants de la République Démocratique du Congo (RDC) », tout en prévoyant que ce modèle de déploiement à grande échelle serait une source d’inspiration et même d’émulation pour « d’autres pays africains » qui pourraient suivre cet exemple visionnaire afin de moderniser leur propre infrastructure numérique.
La réussite de ce projet est présentée comme un pilier du plan national de développement du pays, qui vise à moderniser son infrastructure numérique et à favoriser l’inclusion financière. Le gouvernement congolais mise sur ce système pour enregistrer biométriquement les cartes SIM – une mesure de lutte contre la fraude – et pour bancariser une part significative d’une population encore largement exclue du système financier formel. Cependant, le déploiement du DRCPass, un projet ambitieux visant à moderniser l’infrastructure numérique et à faciliter l’accès aux services en ligne, se heurte à des défis structurels majeurs qui doivent être surmontés.
Parmi ces défis, la nécessité de garantir un accès étendu et fiable à Internet ainsi qu’aux équipements numériques est cruciale, notamment dans les zones rurales qui souffrent souvent d’un manque de connectivité et de ressources technologiques. Le succès de ce projet dépend en grande partie de la capacité à sensibiliser les populations locales à l’importance des technologies numériques et à adopter ces innovations. Le cadre légal sur la protection des données, annoncé dans le nouveau Code du numérique, devra également être renforcé pour assurer la confiance des utilisateurs et protéger leurs informations personnelles de manière efficace.
Paradoxalement, cette annonce importante de levée de fonds destinée à soutenir le développement de DRCPass survient à un moment où Trident Digital, l’entreprise derrière ce projet, présente une situation financière préoccupante qui mérite l’attention des investisseurs et des partenaires. Les documents financiers récemment publiés par l’entreprise font état de difficultés significatives, telles que des marges négatives qui dérangent et un chiffre d’affaires en baisse persistante qui pourrait affecter la viabilité à long terme de ses opérations.
Avec une capitalisation boursière d’environ 73,25 millions de dollars, Trident Digital évolue comme un acteur modeste dans le secteur technologique, ce qui implique qu’elle doit surmonter ces défis pour maintenir sa position sur le marché. Elle est principalement spécialisée dans le conseil aux entreprises et la personnalisation informatique à Singapour, ce qui représente à la fois une opportunité de développer des solutions innovantes adaptées aux besoins des clients et un défi constant face à la concurrence accrue.
Yaya KONE
