(CROPISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, l’acquittement de Mahamadou Camara, dans le cadre des accusations portant sur des équipements militaires, soulève de nombreuses questions quant au fonctionnement du système judiciaire malien. Cet ancien ministre sous le régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un coup d’état le 18 août 2020 avait été poursuivi par la chambre d’accusation de « complicité de favoritisme » dans le dossier dit de l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires acquis en 2014.
Dans un pays où la confiance envers les institutions judiciaires a souvent été mise à mal, cet événement peut être perçu comme un signe positif de l’autonomie de la justice ou, à l’inverse, comme une illustration des tensions politiques sous-jacentes qui demeurent au sein de la classe dirigeante. L’Ex-ministre Camara a été jugé par une Cour d’assises spéciale de Bamako. Ainsi, les réactions de la population à la libération de l’ex-ministre pourraient être polarisées. D’un côté, certains verront cela comme une victoire pour la justice et un retour à l’État de droit, tandis que d’autres pourraient exprimer des doutes quant à l’intégrité du processus ayant conduit à son acquittement.
Par ailleurs, il est également probable que cet événement incite des discussions sur la nécessité de réformes judiciaires pour garantir l’indépendance et la transparence des instances judiciaires. Avant cet acquittement, Camara avait été inculpé pour les mêmes faits le 27 mars 2020, puis relâché par l’ancien procureur de la commune III, du district chargé du pôle économique et financier de Bamako, Mamadou Kassogué, actuel ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux. Enfin, dans un contexte politique déjà fragile, la manière dont les autorités et les citoyens réagiront à cet acquittement pourrait avoir des ramifications importantes pour la stabilité future du Mali, en influençant les relations entre différents groupes politiques et en affectant la confiance du public dans les institutions.
Aussi, le cas de Mahamadou Camara pourrait devenir un tournant, symbolisant soit un tournant vers une justice plus équitable, soit une persistance des ingérences politiques dans les affaires judiciaires. La preuve, 2013-2014, le vérificateur général avait noté, dans son rapport, la disparition de plus de 153 milliards de francs CFA (274 millions de dollars) et la dilapidation de plus de 20 milliards de FCFA (36 millions de dollars) dans l’achat de l’aéronef présidentiel et des équipements militaires. Les rapports d’enquête officiels avait été établi des surfacturations de 40 milliards de francs CFA (72 millions de dollars).
Notons que l’ancien Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga (décédé par la suite) et Mme Bouaré Fily Sissoko ancienne ministre de l’Économie et des finances, avaient été écroués le 26 août 2020 par la chambre d’accusation de la Cour suprême dans les dossiers de « l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires ». Toutefois, la comparution de Mme Bouré Filly Sissoko demeurait encore dans les locaux des tribunaux spéciaux Maliens à Bamako. Par la suite, la Cour d’assises spéciale de Bamako a condamné ce mardi soir Fily Sissoko, ancienne ministre malienne de l’Économie et des Finances, à dix ans de réclusion criminelle assortie d’une amende de 500 000 francs CFA.
Aussi, le ministère public a requis ce lundi 10 ans de prison ferme, 500 000 francs CFA d’amende, ainsi qu’une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant 10 ans contre Nouhoum Dabitao, colonel-major ancien directeur du Commissariat des Armées. Il est poursuivi pour faux et usage de faux dans le cadre des dossiers liés à la fourniture d’équipements militaires.
Pour rappel, la Cour d’assises spéciale de Bamako a déclaré ce mardi le général de brigade Moustapha Drabo non coupable des faits de faux et usage de faux ainsi que d’atteinte aux biens publics dans l’affaire des équipements militaires. Dans le cadre du dossier dit de « l’avion présidentiel et des équipements militaires », la Cour d’assises spéciale de Bamako a rendu, mardi, un jugement par contumace contre cinq prévenus absents au procès.
Yaya KONE/Moussa KONE/Mariam KONE