(CROISSANCE AFRIQUE)-!Au Mali, dans l’Affaire « Youssouf Bathily et autres », la justice ouvre un feuilleton emblématique de blanchiment de capitaux et d’atteinte aux biens publics, survenu en pleine crise sanitaire.
La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a récemment rendu un verdict très attendu concernant le dossier controversé des « Youssouf Bathily et consorts ». Bien que des preuves considérées comme accablantes aient été présentées, la cour a décidé d’un non-lieu partiel pour certaines accusations de blanchiment de capitaux et de favoritisme.
Cette décision relance le débat sur la lutte contre l’impunité économique au Mali. Selon des informations fiables, l’arrêt rendu le 15 juillet 2025 exonère certains inculpés tels qu’Alpha Paul Guindo, Alou Bathily, Soya Golfa Bathily et Sékou Dramera, en lien avec une somme d’environ 8 milliards de FCFA. En revanche, Youssouf Bathily, ancien président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), ainsi que plusieurs autres coaccusés, sont renvoyés devant une juridiction criminelle pour des charges incluant blanchiment de capitaux, atteinte aux biens publics, faux et usage de faux, ainsi que favoritisme.
Le programme « Un Malien, un masque » : le Nœud du scandale. Ce dossier trouve son origine dans la mise en œuvre de deux conventions de financement signées en 2020, dans le cadre du programme d’urgence présidentiel « Un Malien, un masque », destiné à fournir 20 millions de masques à la population pendant la pandémie de COVID-19.
Cependant, derrière cette initiative salutaire se cachent des schémas alarmants de détournement et d’abus, mis au jour par des enquêtes minutieuses. Les investigations, menées par la CENTIF, la Brigade du Pôle économique et financier, ainsi qu’une analyse des données bancaires et contractuelles, ont révélé un système organisé de blanchiment transfrontalier.
Par ailleurs, certaines sociétés écrans étrangères comme AZ Groupe, EMS, et SATEX, domiciliées en Côte d’Ivoire, sont impliquées dans des transferts bancaires suspects portant sur plusieurs milliards de FCFA. De plus, l’absence de documents justificatifs lors de l’exécution des marchés, ainsi que le retour de fonds vers le Mali et leur redistribution à des proches, exacerbe les préoccupations.
Témoignages internes et reconnaissance de dysfonctionnements. Plusieurs témoignages recueillis au cours de l’enquête renforcent les soupçons d’irrégularité. Cheick Oumar Camara, Secrétaire général de la CCIM, aurait admis l’existence de ces irrégularités, justifiées par l’urgence de la situation. Cheick Abdoulaye Traoré, directeur financier, aurait refusé de signer certains documents pour non-conformité.
Fatoumata B. Sidibé, agent à la DFM, aurait rejeté la validation de pièces non réglementaires. Lamine Sacko, agent comptable, a reconnu avoir effectué des paiements sans justificatifs à l’instruction de Youssouf Bathily. Les inculpés eux-mêmes ont, lors des auditions, avoué la confusion entre l’intérêt public et l’intérêt privé, mentionnant des liens personnels et familiaux dans l’attribution des marchés et la gestion des ressources.
Un précédent judiciaire en période de crise sanitaire. Ce dossier constitue une première au Mali, marquant un cas de blanchiment de capitaux lié à une crise sanitaire nationale. En conséquence, cela pourrait représenter une avancée jurisprudentielle significative dans la lutte contre la criminalité économique, établissant ainsi les bases d’un avenir juridique plus robuste.
Affaire « Youssouf Bathily et autres » : un dossier emblématique de blanchiment de capitaux et d’atteinte aux biens publics sur fond de crise sanitaire. Dans une décision qui suscite de nombreuses interrogations et vives réactions, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a rendu un attendu arrêt concernant l’affaire dite des « Youssouf Bathily et consorts ».
Malgré des éléments que l’on peut considérer comme accablants, elle a prononcé un non-lieu partiel pour les faits de blanchiment de capitaux et de favoritisme, relançant ainsi le débat sur l’impunité économique au Mali. Le 15 juillet 2025, l’arrêt a prononcé le non-lieu pour certains inculpés, dont Alpha Paul Guindo, Alou Bathily, Soya Golfa Bathily et Sékou Dramera, en rapport avec une somme d’environ 8 milliards de FCFA.
Cependant, Youssouf Bathily, ancien président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), ainsi que plusieurs coaccusés, seront renvoyés devant une juridiction criminelle pour des accusations de blanchiment de capitaux, atteinte aux biens publics, faux et usage de faux, ainsi que favoritisme. Le programme « Un Malien, un masque » au cœur du scandale.
Ce dossier découle de l’exécution de deux conventions de financement signées en 2020 dans le cadre du programme d’urgence présidentiel « Un Malien, un masque », qui visait à fournir 20 millions de masques à la population en pleine pandémie de COVID-19.
Les enquêtes menées conjointement par la CENTIF et la Brigade du Pôle économique et financier, accompagnées par l’analyse de données bancaires et contractuelles, ont révélé un système structuré de blanchiment transfrontalier impliquant des sociétés écrans étrangères (AZ Groupe, EMS, SATEX) basées en Côte d’Ivoire, ainsi que des transferts bancaires suspects portant sur plusieurs milliards de FCFA, l’absence de pièces justificatives dans l’exécution des marchés, le retour de fonds au Mali et leur redistribution à des proches.
Témoignages internes et reconnaissance de dysfonctionnements. Plusieurs témoins ont corroboré ces soupçons durant l’enquête. Cheick Oumar Camara, Secrétaire général de la CCIM, aurait admis l’existence d’irrégularités, justifiées selon lui par l’urgence, tandis que Cheick Abdoulaye Traoré, directeur financier, aurait refusé de valider certains documents jugés non conformes.
De son côté, Fatoumata B. Sidibé, agent à la DFM, aurait rejeté la validation de pièces non réglementaires, et Lamine Sacko, agent comptable, aurait reconnu avoir procédé à des paiements sans justificatifs, sur ordre de Youssouf Bathily. Les inculpés ont eux-mêmes admis, lors des auditions, la confusion entre intérêt public et intérêt privé, en évoquant des liens personnels et familiaux ayant influencé l’attribution des marchés et la gestion des ressources.
Un précédent judiciaire en période de crise sanitaire. Ce dossier représente une première au Mali, car il s’apparente à un cas de blanchiment de capitaux lié à une crise sanitaire nationale. Il pourrait constituer une étape jurisprudentielle majeure dans la lutte contre la criminalité économique, en établissant les bases d’un renforcement des procédures de gestion d’urgence, en augmentant l’exigence de redevabilité pour les fonds publics en situation exceptionnelle et en incitant une réévaluation des mécanismes de passation de marchés publics.
Un procès à fort enjeu pour la justice malienne. Le procès à venir devant la juridiction criminelle s’annonce hautement symbolique. Il s’agit de déterminer les responsabilités pénales individuelles, de rétablir la vérité dans l’esprit d’un public choqué, et d’assurer la réparation du préjudice de plus de 11 milliards de FCFA infligé à l’État malien.
La Direction du Contentieux de l’État, en tant que partie civile, exige le remboursement intégral des fonds détournés ainsi que la saisie conservatoire des biens des mis en cause. Une crise révélatrice de failles de gouvernance. Au-delà des personnes impliquées, l’affaire met en évidence des lacunes systémiques dans la gouvernance publique.
Comme l’a souligné un témoin, l’absence de contrôle effectif et la précipitation dans l’exécution des marchés en période d’urgence ont permis l’émergence de nombreuses dérives. À la suite des scandales liés à l’avion présidentiel et aux équipements militaires, cette affaire pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre l’impunité au Mali et contribuer à une réévaluation globale de la gestion des ressources publiques. Une justice attendue au tournant.
Notons que la population malienne ainsi que les partenaires du pays attendent de ce procès une justice ferme, transparente et équitable, susceptible de restaurer l’image des institutions judiciaires, de renforcer la confiance citoyenne et de sanctionner la criminalité en col blanc, même à des niveaux élevés. Le verdict à venir pourrait redéfinir le paysage de la justice financière au Mali, alliant rigueur, équité et exigences démocratiques.
Yaya KONÉ