(CROISSANCE AFRIQUE)-En 2024, cinq fonds de private equity ont clôturé un impressionnant total de 2,61 milliards de dollars pour l’Afrique, un chiffre qui témoigne de l’élan continu de l’investissement sur le continent, malgré un léger recul par rapport aux performances de l’année précédente.
Ce montant, bien que significatif, masque une réalité plus nuancée : la dynamique des levées de fonds de private equity et de venture capital en Afrique a été moins active en 2024 qu’en 2023, révélant les défis que le secteur doit surmonter. Selon des données méticuleusement compilées par l’Agence Ecofin tout au long de l’année, le total des cinq plus importantes clôtures de mobilisation de fonds pour le private equity en Afrique a atteint ces 2,61 milliards de dollars.
Aussi, ces chiffres mettent en lumière les choix stratégiques adoptés par les fonds et les priorités d’investissement dans le contexte économique actuel. Parmi ces fonds, LeapFrog Investments s’illustre en finalisant son quatrième fonds avec un capital impressionnant de 1,02 milliard de dollars, dont 808 millions proviennent d’engagements primaires et 210 millions de co-investissements.
Ce fonds se concentre principalement sur les services financiers et la santé, des secteurs jugés cruciaux pour le développement socio-économique du continent. L’engouement d’investisseurs prestigieux tels que Temasek, AIA, et la Fondation Ford pour ce fonds témoigne de la confiance renouvelée dans la capacité de l’Afrique à offrir des retours sur investissement attractifs et durables.African Infrastructure Investment Managers (AIIM) a également fait forte impression, clôturant son fonds AIIF4 avec 748 millions de dollars, auxquels s’ajoutent 206 millions en co-investissements.
Ce fonds cible des infrastructures stratégiques, notamment dans les domaines de l’énergie et des transports, des secteurs fondamentaux pour soutenir la croissance économique et améliorer la qualité de vie dans de nombreuses régions d’Afrique. Un autre acteur à noter est Adenia Partners, qui se classe en troisième position avec un closing annoncé à 470 millions de dollars pour son cinquième fonds.
Ce fonds, combiné à d’autres initiatives d’investissement, témoigne de la volonté de dynamiser le paysage économique africain à travers l’expansion d’entreprises dynamiques et innovantes. Metier Capital, quant à lui, avec ses 219 millions de dollars mobilisés pour son troisième fonds dédié à la croissance, réussit à dépasser ses objectifs initiaux.
Ce fonds se concentre sur les entreprises de taille moyenne travaillant dans des secteurs prometteurs tels que les télécommunications, les technologies de l’information et l’énergie, des domaines essentiels à la transformation digitale du continent. Enfin, TLcom Capital conclut le top cinq avec son deuxième fonds, le TIDE Africa Fund II, clôturé à 154 millions de dollars.
Ce fonds met l’accent sur les startups en Afrique subsaharienne et en Égypte, englobant un large éventail sectoriel et privilégiant les investissements précoces, qui sont souvent les plus créatifs et les plus porteurs en termes d’innovation.
Cependant, il est important de noter que si plusieurs de ces clôtures de fonds ont été annoncées en 2024, certaines d’entre elles ont commencé leur processus de mobilisation en 2023. En effet, une analyse plus détaillée révèle que la valeur totale des ressources financières allouées à des fonds d’investissement en Afrique n’était que de 1,2 milliard de dollars pour un total de 54 transactions, selon les données officielles
Une proportion considérable des fonds clôturés en 2024 avait été mobilisée l’année précédente, ce qui souligne la continuité dans le développement de projets d’investissement.2024 s’est donc révélée être une année plus modeste, en matière de mobilisation de ressources pour les fonds de capital-investissement en Afrique, en comparaison avec les performances antérieures.
Le volume de 1,2 milliard de dollars pour 54 transactions représente une baisse remarquable par rapport à 2023, où des levées de fonds de 3,44 milliards USD avaient été réalisées à travers 88 transactions.
Cette tendance à la baisse suggère un ralentissement dans la dynamique de croissance qui avait été observée lors des années précédentes, incitant les investisseurs à réévaluer leurs stratégies et à identifier de nouvelles région où investir.
Une perspective plus globale se dégage également de l’analyse de la base de données couvrant la période de 2017 à 2024, confirmant un volume total de 10,5 milliards USD mobilisés à travers 404 opérations. Cette analyse chronologique dresse le tableau d’une croissance des investissements jusqu’en 2023, avec une progression passant de 699 millions USD en 2017 à un sommet de 3,44 milliards USD en 2023, avant de connaître une nette diminution en 2024.
En ce qui concerne les principaux investisseurs, les données montrent que les institutions de financement du développement (DFI) dominent toujours le marché, représentant 54 % des investissements totaux, soit 5,7 milliards USD.
Notons que l’International Finance Corporation (IFC) se positionne comme le premier investisseur unique avec 1,04 milliard USD, suivie de près par la Banque Européenne d’Investissement (EIB) avec 1,09 milliard USD, et le US-DFC, qui a investi 689 millions USD.
Cette prépondérance des DFI souligne leur rôle crucial dans le développement du private equity en Afrique, tout en mettant en lumière la nécessité d’une diversification des sources de financement pour soutenir la croissance et la durabilité à long terme de ce secteur prometteur.
Zangouna KONÉ
