Afrique : les compagnies aériennes de la CEMAC revendiquent le paiement de 1,2 milliards de dollars de revenus 

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(CROISSANCE AFRIQUE)-En Afrique Centrale, la pression monte de manière significative sur les autorités monétaires d’Afrique centrale, et la situation devient de plus en plus préoccupante.

En effet, alors que l’Association internationale du transport aérien (IATA) tire la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation, faisant état de 1,2 milliard de dollars de revenus de compagnies aériennes bloqués dans 26 pays à travers le monde à la fin d’octobre 2025, il est important de noter que la zone CEMAC émerge comme l’un des foyers persistants de ce problème complexe et multifacette.

 Bien qu’il y ait eu une légère amélioration dans les conditions financières depuis le mois d’avril, les fonds bloqués dans cette région – s’élevant à environ 191 millions de dollars à l’époque, ce qui équivaut à plus de 120 milliards de FCFA – continuent de causer de vives frustrations parmi les transporteurs internationaux. Ces derniers dénoncent avec véhémence des procédures lourdes, ainsi que des délais de validation qui demeurent excessivement longs et pénalisants pour leur activité.

Afin de mettre en lumière ces difficultés, l’IATA, dans une note détaillée publiée le 10 décembre, explique que malgré la soumission de tous les documents requis par les compagnies aériennes, le processus de rapatriement des fonds reste gravement entravé par un mécanisme interne de validation en trois étapes, minutieusement piloté par la BEAC, la banque centrale de la zone. Ce processus est jugé non seulement trop lent, mais également opaque, ce qui contribue à alimenter un arriéré qui est désormais devenu structurel, accentuant ainsi l’impasse économique à laquelle sont confrontées les entreprises du secteur aérien. Nous demandons à la BEAC de rationaliser le processus de validation et d’améliorer les délais de traitement afin de résorber durablement l’arriéré », insiste l’organisation.

Dans le contexte actuel, marqué par des marges relativement faibles et des coûts qui sont en grande partie exprimés en dollars américains, Willie Walsh, le directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA), souligne que les compagnies aériennes sont dans une position précaire, fortement dépendantes de l’engagement des gouvernements. 

Aussi, ces derniers doivent s’assurer d’un rapatriement des fonds sans obstacles, ce qui est crucial pour la stabilité et la viabilité de l’industrie aérienne. Au-delà des préoccupations spécifiques aux entreprises aériennes, la situation soulève également des questions macroéconomiques significatives. Une détérioration de la connectivité aérienne, qui pourrait résulter de ces défis financiers, frapperait de manière dramatique divers secteurs, notamment le commerce international, le tourisme, les chaînes logistiques, et même les investissements étrangers dans la région de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). 

À l’échelle mondiale, la situation est d’autant plus alarmante lorsque l’on examine les chiffres : environ 93 % des fonds bloqués se trouvent en Afrique et au Moyen-Orient, mettant en lumière une crise financière qui touche particulièrement ces régions. Parmi les neuf pays qui sont responsables d’une part écrasante de 89 % du total, six d’entre eux sont des pays africains, avec l’Algérie qui prend désormais la tête de ce classement, suivie de l’Angola et de l’Éthiopie, tandis qu’il est intéressant de noter qu’aucun pays de l’Afrique de l’Ouest ne figure sur cette liste préoccupante. En dehors des frontières africaines, d’autres pays tels que le Liban et le Pakistan sont également mentionnés, soulignant l’ampleur et la diversité des défis liés aux fonds bloqués à travers le globe.

Dans une région du monde où un grand nombre d’économies continuent d’être profondément ancrées dans la dépendance vis-à-vis des recettes générées par les exportations de pétrole et de gaz, la pression croissante sur les réserves en dollars américains constitue un facteur explicatif essentiel de la lenteur du développement économique observée dans cette zone. 

Cependant, du point de vue des compagnies aériennes, ce type d’explication ne semble plus suffisant pour justifier les défis qu’elles rencontrent au quotidien. L’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) souligne l’importance cruciale pour les compagnies de bénéficier d’un accès stable et fiable à leurs recettes en dollars, car cela est vital pour leur capacité à maintenir des opérations durables, gérer le règlement de leurs fournisseurs, ou encore financer les coûts associés à leur maintenance, toutes ces activités étant souvent facturées dans des devises considérées comme fortes et stables. 

En outre, l’IATA insiste sur le fait que les restrictions de change sont fréquemment le résultat direct d’une instabilité tant économique que politique, manifestant ainsi une volonté des gouvernements de protéger leurs réserves monétaires internes de manière préventive. Willie Walsh, le directeur général de l’IATA, rappelle que l’allocation des devises reste un choix politique délicat et complexe, qui implique de trouver un juste équilibre entre les priorités économiques à court terme et les besoins sociaux à long terme. 

Notons qu’il  « est bien vrai que les bénéfices à long terme pour l’économie dans son ensemble et pour l’emploi surpassent largement les gains immédiats qui pourraient être obtenus par la rétention stricte des fonds, » insiste-t-il, soulignant ainsi l’importance d’une approche équilibrée et réfléchie en matière de politique économique.

Moussa KONÉ 

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