Afrique: Quand l’innovation technologique s’adapte aux besoins du continent !

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(CROISSANCE AFRIQUE)-En Afrique, les outils numériques se sont imposés comme de véritables piliers dans la conception des stratégies de développement des pays du continent, que ce soit à l’échelle locale, nationale ou régionale. L’intégration du numérique aux différentes activités humaines permet aujourd’hui aux populations africaines de répondre à des besoins essentiels, qui contribuent, de facto, au développement Socio-économique du continent.

Depuis quelques années, l’Afrique connaît ainsi une croissance fulgurante qui se traduit notamment par des investissements en constante hausse à destination des start-ups digitales du continent. C’est animé par une vision très pratique du rôle que doit endosser l’innovation en Afrique que ce nouvel écosystème entrepreneurial a vu le jour et s’est au progressivement aguerri. Un seul objectif :répondre aux problématiques spécifiques auxquelles fait face le continent. Les nouvelles technologies sont ainsi devenues une véritable nécessité sociale et un atout stratégique et économique majeur pour l’Afrique.

Plus que partout ailleurs dans le monde, en Afrique, l’innovation est véritablement mise au service du développement socio-économique des pays. Stimulées par les nombreux défis à relever, nousassistons ces dernières années à une multiplication du nombre de start-ups sur le continent et, in extenso, à un accroissement des opérations de financement à destination de celles-ci. En 2022, les jeunes pousses africaines ont ainsi levé 5,3 milliards de dollars[1].  Cela témoigne de la confiance que les investisseurs accordent à ces start-ups qui jouent un rôle clé dans le développement de solutions innovantes répondant ainsi aux principaux besoins des populations et contribuant parallèlement à la croissance des économies numériques des pays.

L’innovation comme réponse aux enjeux de développement en Afrique

Les défis liés au développement en Afrique sont nombreux. Nous pouvons tout d’abord citer la forte croissance démographique du continent : en effet, d’ici moins de 30 ans, plus de la moitié de la population aura moins de 25 ans. La question de l’intégration de ces jeunes sur le marché du travail posera donc un certain nombre d’enjeux, parmi lesquels la réduction du chômage et la lutte contre l’économie informelle caractérisée par l’emploi précaire. Ce premier défi souligne notamment l’importance d’investir dès maintenant dans l’éducation, en tant que vecteur d’amélioration du développement socio-économique. A ce premier défi, nous pouvons également mentionner celui de la faiblesse des infrastructures, tant numériques que de transport, qui peut dès lors constituer un frein à la compétitivité économique des pays et à la résilience des populations. 

Conscient de ces défis, la jeunesse africaine se donne les moyens de changer le narratif et de facto, de transformer son continent. Dynamique, engagée et volontaire, l’esprit d’innovation et de créativité qui l’anime couplée à la démocratisation des nouvelles technologies, lui donne le pouvoir de répondre aux besoins de leurs pairs. Dans le secteur de la santé par exemple, alors que l’Afrique ne compte que trois médecins pour 10 000 habitants[2], les start-ups évoluant dans le secteur de la HealthTech se sont multipliées pour venir pallier ce déficit d’infrastructures. Ainsi est née la start-up camerounaise Waspito[3]. Créée par Jean Lobé Lobé, Waspito est une plateforme mobile de télémédecine qui, en faisant usage de la géolocalisation, met en relation les patients et les médecins pour notamment faciliter la prise de rendez-vous.

L’innovation technologique constitue également une solution à l’enjeu crucial pour la sécurité alimentaire sur le continent. La crise de la Covid-19, couplée à l’invasion russe de l’Ukraine, est venue menacer les systèmes alimentaires africains, déjà très fragiles. Alors que la population sur le continent est amenée à tripler d’ici la fin du XXIe siècle, passant de 1 à plus de 3 milliards d’habitants, nourrir cette population sera capital. Or, les technologies numériques se sont avérées être de véritables alliées dans la réalisation de cette tâche. Le monde agricole est ainsi devenu l’un des secteurs les plus innovants en Afrique. A l’origine d’une véritable révolution sur le continent, les autorités publiques de nombreux pays ont fait le choix de développer des projets pour favoriser l’émergence de cette agriculture 4.0.  Au Maroc, l’Université Mohammed VI et l’Association Internationale de l’Industrie des Engrais (IFA) ont ainsi lancé The Africa Agtech Startup Showcase, une « compétition internationale ouverte aux entrepreneurs proposant des réponses innovantes aux défis de l’agriculture africaine et souhaitant faire connaître leurs solutions auprès de l’industrie de la nutrition végétale »[4].

Par ailleurs, pour répondre au manque d’infrastructures financières en Afrique, les populations ont développé des applications de mobile money. Cettesolution a été adoptée de manière significative sur le continent, où de nombreux utilisateurs n’ont pas accès à des comptes bancaires traditionnels ou à des services financiers avancés, notamment en raison du manque d’infrastructures. Le développement du mobile moneypermet ainsi à de nombreuses personnes de bénéficier de services financiers tels que le crédit, l’épargne ou encore le transfert d’argent, auxquels ils n’auraient pas pu accéder autrement. En somme, le mobile money apparaît aujourd’hui comme un outil clé pour combler le manque d’infrastructures numériques et financières en Afrique, en permettant aux utilisateurs d’accéder à des services financiers de base et de réaliser des transactions de manière efficace et sécurisée.

Relever les défis de la formation et des infrastructures pour pérenniser l’innovation technologique sur le continent

L’enjeu de la formation aux nouvelles technologies apparaît ainsi comme un point essentiel pour continuer à stimuler l’innovation en Afrique. L’ensemble des parties prenantes devra être mobilisée pour pérenniser et promouvoir cet élan qui se répand de plus en plus sur le continent. Conscients de l’enjeu que cela représente, les acteurs du secteur privé se sont également emparés du sujet et proposent de nombreux projets en ce sens. Le géant technologique chinois Huawei a ainsi lancé plusieurs programmes de formation afin de fournir aux populations les compétences numériques nécessaires à la prise en main de leur avenir. Nous pouvons notamment citer Seeds for the Future ou la Huawei ICT Academy. Il apparaît également pertinent de mentionner le lancement de la 2e édition de son concoursTech4Good. Lancé en 2021 dans le cadre du programme de formation « Seeds for the Future », ce concours demande spécifiquement aux étudiants d’«identifier un problème social et de proposer une solution technique basée sur les compétences en technologies de l’information et de la communications »[5]. L’équipe algérienne, SevenG a remporté le deuxième prix de concours mondial grâce à sa solution FarmAI. Il s’agit d’une solution basée sur l’intelligence artificielle permettant de répondre aux problèmes auxquels font face les agriculteurs : la rouille du blé. La solution permet en effet de détecter très rapidement la rouille affectant les champs de blé grâce à des drones.

Huawei n’est pas le seul acteur faisant de l’éducation l’une des clés de son action en Afrique. L’opérateur télécom françaisOrange a également investi ce terrain en inaugurant son centre d’innovation et de formation aux compétences numériques au Liberia en octobre dernier.

Il est par ailleurs crucial de développer les infrastructures numériques sur le continent afin de réduire la fracture numérique et permettre à tous un égal accès à l’innovation technologique. Les zones rurales en particulier sont souvent touchées par un accès limité à Internet et aux services numériques, ce qui limite les opportunités économiques et sociales pour les habitants de ces régions. Le développement de telles infrastructures permettra ainsi d’améliorer la connectivité dans ces territoires isolés, ce qui ouvrira dès lors la voie à de nouvelles opportunités pour déployer le potentiel d’innovation des populations africaines et ainsi répondre aux enjeux de l’éducation, de la santé et plus encore. En outre, cela aidera à améliorer l’inclusion économique et sociale en permettant à tous les audacieux issus de ces zones reculées qui souhaitent entreprendre de participer pleinement à l’économie numérique en bénéficiant des avancées technologiques.

Notons les défis auxquels font face les populations constituent une occasion pour créer des solutions qui peuvent avoir un fort impact sur leurs communautés, leur pays et de facto leur continent. Le désir d’une Afrique « meilleure » est l’ambition de cette jeunesse audacieuse.

Si l’urgence et les opportunités liées au développement de l’innovation sont très bien connues des acteurs privés et publics, seule la construction commune d’un écosystème entrepreneurial solide et pérenne pourra permettre à l’innovation technologique de déployer ses ailes afin de répondre aux besoins clés du continent et ainsi être vecteur d’une croissance socio-économique pérenne et durable.

Daouda Bakary KONE


[1] « Une campagne de financement record par les startups africaines masque les défis à venir », Afrique IT News, janvier 2023.

[2] « L’Afrique s’empare de la tech pour bâtir un système de santé plus performant », We Are Tech Africa, février 2022.

[3]L’Afrique s’empare de la tech pour bâtir un système de santé plus performant », We Are Tech Africa, février 2022.

[4] « Ces startups qui font bouger l’agriculture africaine », Afrimag, décembre 2022.

[5] « Technologie : Une startup algérienne, 2e au concours mondial Tech4Good (Huawei) », El Watan, janvier 2023.

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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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