(CROISSANCE AFRIQUE)-L’annonce récente du report du lancement de la première agence de notation financière panafricaine a capté l’attention des acteurs économiques et financiers du continent. Initialement prévue pour 2024, la mise en œuvre de cette agence a été repoussée à 2025.
Albert Muchanga, commissaire au commerce et à l’industrie de la Commission de l’Union africaine, a partagé lors d’une conférence de presse à Accra, que le projet entre maintenant dans sa phase critique d’opérationnalisation, soulignant l’importance de peaufiner le plan de travail final avant son déploiement effectif.
Le report survient dans un contexte où l’Afrique cherche à affirmer son autonomie dans le domaine de la notation financière. La décision repose sur la nécessité d’une préparation approfondie pour garantir que l’agence remplisse efficacement son rôle d’instrument impartial et adapté aux réalités africaines.
Cette marge de temps supplémentaire doit permettre de consolider les bases de l’agence, assurant ainsi une notation crédible et reconnue à l’échelle mondiale.
L’ambition derrière la création de cette agence est double.
D’une part, elle vise à fournir une évaluation des risques financiers qui reflète fidèlement les réalités économiques du continent, contrastant ainsi avec les perspectives souvent critiquées des agences de notation internationales.
D’autre part, elle aspire à contribuer à la réduction des coûts de financement pour les nations africaines, en offrant une alternative crédible aux investisseurs et créanciers internationaux.
Les agences de notation traditionnelles, telles que Fitch, Moody’s et S&P, ont été régulièrement critiquées par les dirigeants africains pour leur approche jugée arbitraire, voire biaisée, envers les économies africaines.
Par ailleurs, ces critiques mettent en lumière un sentiment de méfiance envers les évaluations souvent plus sévères à l’égard de pays africains, ce qui engendre des coûts d’emprunt plus élevés sur les marchés internationaux.
Un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a souligné l’impact financier significatif de ces évaluations, suggérant que des perspectives plus objectives pourraient permettre aux pays africains d’économiser près de 75 milliards de dollars.
Cette somme représente une portion substantielle des besoins d’investissement annuels du continent, soulignant l’urgence d’adopter des mécanismes d’évaluation plus équitables et bénéfiques pour le développement africain.
La réaction de Moody’s, par l’acquisition de l’agence CGR Ratings pour renforcer sa présence en Afrique, témoigne de l’intérêt croissant pour un marché de la notation financière plus inclusif et représentatif des dynamiques africaines.
Notons que cette évolution suggère une période de transition vers une compétition accrue et potentiellement plus équitable, ouvrant la voie à des conditions de financement plus favorables pour les initiatives de développement sur le continent.
Pour rappel, l’établissement de l’agence de notation africaine pourrait ainsi marquer un tournant décisif dans la perception et la valorisation des risques financiers en Afrique.
Korotoumou sylla
