(CROISSANCE AFRIQUE)-L’Algérie accroît ses importations de blé en provenance de Russie, délaissant de plus en plus le blé français. Selon les données de 2024 fournies par l’organisme russe des exportations agricoles, l’Algérie figure parmi les principaux clients des producteurs de céréales russes.
En 2024, la Russie a atteint un nouveau sommet dans ses exportations de céréales, expédiant 72 millions de tonnes, en hausse par rapport à 68,6 millions de tonnes l’année précédente, selon le Centre fédéral russe « Agro Export ». Les exportations de céréales russes pourraient franchir le seuil des 75 millions de tonnes d’ici 2030, générant des revenus de plus de 17 milliards de dollars. Environ 80 % de ces exportations sont constituées de blé, suivies par le maïs et l’orge, représentant respectivement 10 % et 9 % des volumes écoulés.
Actuellement, l’Égypte se positionne comme le premier client de la Russie, ayant acquis 11,1 millions de tonnes de céréales au cours de cette année. Elle est suivie par la Turquie (7,2 millions), l’Iran (5,6 millions), l’Arabie Saoudite (4,6 millions) et le Bangladesh (3,9 millions).
En 2024, l’Algérie a émergé en tant que sixième plus grand client des céréales russes, avec des achats totalisant 2,8 millions de tonnes. Juste derrière, on trouve le Kenya avec 2,6 millions de tonnes, suivi de près par la Libye avec 2,5 millions de tonnes, ainsi que la Syrie et le Yémen, chacun ayant importé 2 millions de tonnes. Ce volume de 2,8 millions de tonnes représente près d’un tiers (30 %) des importations totales de céréales de l’Algérie, qui sont estimées à 9,4 millions de tonnes pour la période 2023-2024.
Durant la campagne 2022-2023, l’Algérie a acheté 2,1 millions de tonnes de blé russe, enregistrant une augmentation significative par rapport aux 0,5 million de tonnes de la campagne précédente. Les prévisions de la mission commerciale russe indiquent que les exportations de blé vers l’Algérie pourraient atteindre 3 millions de tonnes durant la campagne 2023-2024.
Cela se rapproche des 2,8 millions de tonnes de blé que la Russie a fournies à l’Algérie lors de la saison précédente. En trois campagnes, les exportations russes de blé vers l’Algérie ont connu une augmentation remarquable, passant de 0,5 million de tonnes en 2021-2022 à 2,8 millions de tonnes en 2023-2024, ce qui représente une hausse exceptionnelle de 460 %. En octobre dernier, le département d’État américain de l’agriculture (USDA) a indiqué que les exportations de céréales russes vers l’Algérie avaient dépassé 2,3 millions de tonnes durant les campagnes 2022-2023 et 2023-2024.
Dans son rapport, l’USDA a souligné que « la Russie a considérablement renforcé sa présence sur le marché algérien des céréales depuis que l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a adopté sa politique de diversification des partenaires commerciaux en 2022 ». L’agence américaine a également mentionné que « malgré une part de marché en diminution, les pays de l’Union européenne continuent d’être la principale source d’importations de blé en Algérie, confrontée à une concurrence croissante, notamment de la part de la Russie ».
L’Algérie figure parmi les plus grands importateurs de céréales au monde, en particulier de blé tendre. Le président Abdelmadjid Tebboune a réitéré son engagement en faveur de l’autosuffisance en blé dur d’ici à 2025-2026. D’après le rapport de l’USDA, une amélioration de la production céréalière en Algérie est attendue pour la campagne 2024-2025. Cependant, les importations devraient se maintenir à un niveau élevé, s’élevant à 9 millions de tonnes, contre 9,4 millions de tonnes pour 2023-2024.
À la mi-janvier, France AgriMer a noté que le marché algérien est quasiment fermé aux produits en provenance de France. Malgré les efforts des exportateurs français pour proposer des offres, l’Algérie n’a réalisé aucun achat de blé français. Un expert de France AgriMer a expliqué que cette situation résulte de relations diplomatiques tendues, en plus de la concurrence accrue d’autres pays producteurs.
Korotoumou Sylla
