Au Burkina Faso, l’État prend le contrôle total de Taparko Mining SA 

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Burkina Faso, les autorités ont en effet, décidé lors du conseil des ministres de ce 11 septembre, de retirer à la société Taparko Mining S.A., son permis d’exploitation industrielle de grande mine d’or dans la province du Namentenga, région du Centre-Nord.

Ainsi, ce retrait soudain, inattendu pour beaucoup dans le secteur, vient après une série de discussions et d’évaluations qui ont mis en lumière des litiges complexes. Il s’agit d’un coup de théâtre dans le secteur minier au Burkina Faso, selon des observateurs.

« L’État burkinabè a décidé du retrait du titre minier de la société Taparko Mining S.A en raison des litiges et des différends susceptibles de menacer l’ordre public et d’entamer l’image du secteur minier dans son ensemble », peut-on lire dans le compte rendu de la réunion ministérielle. Une décision aussi perturbatrice que nécessaire, qui témoigne d’une volonté manifeste de réformer la gouvernance des ressources naturelles du pays, et de garantir que celles-ci bénéficient pleinement à l’économie nationale tout en préservant l’intégrité du secteur minier. 

Cette mesure de retrait intervient moins d’un an après que l’État burkinabè a renouvelé, en septembre 2024, le permis d’exploitation de Taparko pour une durée de cinq ans, avec un objectif ambitieux de 7,6 tonnes d’or sur la période et des retombées fiscales attendues de 61 milliards FCFA. La société s’était engagée dans de nouveaux investissements visant à optimiser l’extraction et la production, tout en respectant des normes environnementales strictes.

Cependant, les tensions sous-jacentes ont émergé, éclatant au grand jour, et ont bouleversé ces plans, jetant une ombre sur le tableau positif initialement envisagé. Avec cette décision, les autorités burkinabès réaffirment l’importance de veiller aux intérêts nationaux dans un secteur aussi stratégique que celui des ressources minières.

Mais entre-temps, les litiges judiciaires et les différends persistants ont convaincu le gouvernement qu’il devenait risqué de maintenir ce partenariat. Conformément au nouveau code minier adopté en juillet 2024, l’exécutif a donc tranché : le titre minier est retiré, l’État reprend la main. L’objectif affiché par Ouagadougou est clair, à savoir exploiter directement le gisement pour maximiser les retombées économiques et sociales. Dans un contexte où les besoins en financement sont immenses, notamment pour soutenir les populations et renforcer la réponse sécuritaire, l’or reste une ressource vitale.

En 2023, le secteur extractif du Burkina Faso, qui est largement dominé par l’exploitation de l’or, a connu une année remarquable avec une production atteignant un niveau record de 57,35 tonnes, ce qui représente une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente, 2022. La valeur de cette production a été estimée à environ 2 161 milliards de francs CFA, une somme impressionnante qui montre l’importance économique de cette ressource pour le pays. 

Les revenus générés pour l’État issus de cette extraction se sont élevés à 581 milliards de francs CFA. Cette manne financière n’a pas seulement eu un impact significatif sur les finances publiques, mais a également représenté approximativement 14,8% du produit intérieur brut (PIB) du pays. De plus, le secteur a contribué à hauteur de 75,5% des exportations totales et a représenté 20% des recettes fiscales nationales, soulignant ainsi son rôle crucial dans le paysage économique burkinabè. Par ailleurs, il a joué un rôle clé sur le plan social en fournissant pas moins de 25 000 emplois directs, créant ainsi de nombreuses opportunités d’emploi pour la population locale.

Pour l’exécutif burkinabè, la décision de retirer certains permis miniers envoie un message clair et audacieux aux compagnies opérant dans le secteur minier du pays. En effet, le gouvernement entend montrer qu’il ne saurait maintenir les concessions minières à tout prix, surtout lorsque ces dernières ne parviennent pas à livrer les résultats escomptés. À une époque où l’or a acquis la stature de colonne vertébrale de l’économie nationale, le Burkina Faso a clairement manifesté sa volonté de concilier la souveraineté économique avec une stricte discipline contractuelle, établissant ainsi un cadre où les bénéfices économiques doivent impérativement s’accompagner d’une gestion rigoureuse et responsable de la richesse nationale.

Pour la petite histoire, la mine de Taparko, entrée en production en 2007, est longtemps apparue comme un actif stratégique incontournable pour le Burkina Faso, un pays où l’industrie minière joue un rôle essentiel dans l’économie. Cependant, depuis plusieurs années, elle accumulait les difficultés qui semblaient s’aggraver avec le temps. En avril 2022, son opérateur d’alors, la Société des mines de Taparko (SOMITA S.A., devenue Taparko Mining S.A.), avait annoncé la suspension des activités, invoquant l’insécurité persistante et inquiétante dans la commune de Yalgo, une région confrontée à de nombreux défis sécuritaires.

Depuis cette annonce, l’actif s’est enlisé dans un feuilleton judiciaire complexe et prolongé, faisant l’objet de multiples discussions et actions légales. En mai 2023, la compagnie malienne Skygold Resources avait révélé publiquement la reprise de la mine, ce qui laissait espérer un retour à la normale, sans que cela ne se traduise finalement par un véritable redémarrage opérationnel tangible sur le terrain.

Notons que la production a chuté de manière drastique, créant une situation économique difficile : elle est passée de 2,92 tonnes d’or en 2021 à seulement 353 kg en 2022, entraînant une baisse significative du chiffre d’affaires, limité à 12,6 milliards FCFA comparativement aux 94,5 milliards FCFA enregistrés un an plus tôt. Cette situation met en lumière les défis importants que le secteur minier burkinabé doit surmonter pour retrouver sa prospérité d’antan.

Mariam KONE 

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