(CROISSANCE AFRIQUE)-Au 30 septembre 2024, le volume total des soldes engagées non décaissées (SEND’s) par le Cameroun est estimé à 3 980,1 milliards de FCFA, ce qui équivaut à environ 6,4 milliards USD.
Cette situation préoccupante a été mise en lumière par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), qui a récemment publié une note de conjoncture sur la dette publique du pays. L’accumulation de ces fonds oisifs soulève des questions importantes sur la gestion de la dette et les répercussions économiques potentielles. Une analyse approfondie des emprunts extérieurs non décaissés est nécessaire pour comprendre les implications à court et à long terme sur l’économie camerounaise.
Le Cameroun a connu une augmentation constante de son endettement extérieur au cours des dernières années. Ce phénomène est surtout accentué par le besoin croissant de financement pour des projets d’infrastructure et de développement. Toutefois, une part significative de ces emprunts demeure non décaissée, ce qui entraîne une stagnation de l’utilisation des ressources disponibles. Cette tendance soulève des inquiétudes quant à la soutenabilité de la dette à long terme et à la capacité du pays à générer une croissance économique durable.
Les emprunts extérieurs non décaissés révèlent des inefficacités dans le système de financement du Cameroun. En effet, les fonds qui pourraient être utilisés pour stimuler l’économie sont immobilisés, entraînant ainsi une perte d’opportunités pour le développement. De nombreux projets essentiels, tels que les infrastructures routières et l’éducation, souffrent des délais de décaissement. Cette situation reflète également des défis administratifs et des incohérences dans la planification financière du pays.
Les fonds oisifs ont des conséquences néfastes sur l’économie camerounaise. Ils freinent la croissance, augmentent le coût des projets et détériorent la confiance des investisseurs étrangers. De plus, l’inefficacité dans l’utilisation des emprunts peut conduire à une légère augmentation de l’endettement, ce qui restreint la capacité du pays à obtenir de nouveaux financements. À long terme, cela pourrait aussi nuire à la crédibilité financière du Cameroun sur le marché international.
La Caisse autonome d’amortissement (CAA) joue un rôle crucial dans la gestion de la dette publique du Cameroun. Elle est responsable de monitoring et de la régulation des emprunts afin d’assurer un remboursement efficace. Cependant, pour maximiser l’impact des fonds empruntés, la CAA doit améliorer la coordination entre les différents acteurs impliqués dans les projets de développement. Sa capacité à surveiller et à évaluer les rendements des emprunts devrait également être renforcée.
En comparant le Cameroun avec d’autres pays de la région, il est évident que d’autres nations gèrent mieux leurs emprunts extérieurs. Par exemple, plusieurs pays voisins ont réussi à décaisser rapidement leurs fonds, atteignant ainsi des taux de croissance plus élevés. Cela souligne l’importance d’une gestion proactive et efficace des ressources financières pour réaliser un développement économique durable. Le Cameroun pourrait apprendre beaucoup de ces exemples en matière de gouvernance financière.
Pour optimiser l’utilisation des emprunts, le Cameroun doit adopter plusieurs stratégies. D’abord, il serait bénéfique d’améliorer la transparence et la responsabilité dans la gestion des fonds. Ensuite, une priorisation des projets à fort impact économique devrait être mise en place pour garantir que les ressources sont allouées là où elles sont le plus nécessaires. Enfin, le renforcement des capacités institutionnelles et des compétences en matière de gestion de projet pourrait contribuer à faire diminuer la part des emprunts non décaissés et à améliorer les résultats économiques du pays.
Zangouna KONE