(CROISSANCE AFRIQUE)-La production d’or au Mali a connu une chute significative l’année dernière, avec une diminution de 15 tonnes par rapport à 2023, selon les données fournies par le ministère des Mines. À la fin de l’année 2024, la production d’or du Mali s’est élevée à 51 tonnes, bien en dessous des prévisions de 58 tonnes et de l’objectif initial de 60 tonnes, marquant une première sur trois ans.
Cette baisse de la production est principalement due à une diminution des rendements dans plusieurs mines, notamment celles plus anciennes, dont la rentabilité s’effrite à mesure que les gisements s’épuisent. Des mines vieillissantes, comme celle de Morila, située au sud de Bamako, montrent désormais des teneurs en or de plus en plus faibles.
Depuis sa nationalisation, cette mine éprouve des difficultés à maintenir des rendements compétitifs. Malgré des progrès notables au cours de la dernière décennie, période durant laquelle la production industrielle d’or a presque doublé, le pays fait face à une diminution alarmante de ses réserves d’or, qui ont chuté de 17 % en deux ans. Cela soulève des inquiétudes concernant la durabilité de l’industrie aurifère, essentielle à l’économie malienne.
En parallèle, le secteur minier est en proie à une crise de confiance exacerbée par des tensions politiques. En janvier dernier, la société canadienne Barrick Gold, qui opère notamment sur les gisements majeurs de Fekola et Loulo-Gounkoto, a suspendu ses activités au Mali. Cette décision est survenue suite à un conflit avec les autorités maliennes au sujet d’un nouveau code minier entré en vigueur en 2023.
Les autorités, accusant Barrick de ne pas s’acquitter de ses obligations fiscales, ont intensifié la pression en saisissant des réserves d’or et en arrêtant certains employés pour des accusations de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, que la société a catégoriquement rejetées.
Ce climat tendu a eu un impact direct sur la production d’or, avec des perturbations significatives à Loulo-Gounkoto, un des principaux gisements du pays. Selon les estimations ministérielles, la production d’or aurait atteint 58,7 tonnes en 2024 si Barrick avait respecté ses prévisions pour décembre. Face à ces défis, les autorités maliennes prennent conscience de la vulnérabilité de leur économie et commencent à explorer des avenues de diversification.
Historiquement dépendant de la seule production d’or, le pays amorce des initiatives pour soutenir d’autres secteurs miniers, comme l’exploitation du lithium, un métal crucial pour la fabrication de batteries de véhicules électriques. Toutefois, la dépendance aux revenus de l’or reste élevée, rendant cette transition complexe. La chute de la production d’or met en lumière les difficultés d’un secteur minier sous pression, confronté à des tensions politiques et à une rentabilité déclinante.
Malgré des efforts de modernisation et de diversification, la situation demeure préoccupante. En tant que l’un des plus grands producteurs d’or d’Afrique, le pays risque de voir sa position compromise si les tensions avec les sociétés minières perdurent et si l’épuisement des réserves se poursuit à un rythme accéléré.
Notons que la production d’or en 2024 représente ainsi un tournant crucial pour le Mali, qui doit relever des défis économiques majeurs tout en jonglant avec les exigences politiques et les pressions des acteurs économiques internationaux.
Mariam KONE