(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Nigeria, la raffinerie Dangote représente un tournant majeur dans l’industrie pétrolière du pays, réduisant les importations de carburant à leur plus bas niveau en huit ans. Cette infrastructure massive, d’une valeur de 20 milliards de dollars, modifie radicalement le paysage énergétique du pays en diminuant considérablement sa dépendance aux produits raffinés.
Selon des données compilées par Bloomberg, les importations d’essence ont chuté à seulement 110 000 barils par jour en janvier 2025, une baisse spectaculaire par rapport à une moyenne hebdomadaire de 1,3 million de barils en août 2024. Située à Lekki, Lagos, la raffinerie Dangote, la plus grande d’Afrique, a une capacité de traitement de 650 000 barils de brut par jour. Equipée de technologies modernes telles que des unités de distillation avancées et des unités de craquage catalytique, elle est conçue non seulement pour répondre aux besoins intérieurs du Nigéria, mais également pour s’imposer sur la scène internationale.
Malgré son statut de premier producteur de pétrole en Afrique, le Nigéria a longtemps été dépendant des importations de carburant, en raison de capacités de raffinage insuffisantes. Cette dépendance a entraîné des coûts élevés et des tensions économiques, exacerbées par les fluctuations des marchés mondiaux. Toutefois, avec l’achèvement de la raffinerie Dangote, le pays pourrait réaliser des économies d’environ 10 milliards de dollars par an sur ses importations.
Les effets de cette transformation se font sentir bien au-delà des frontières du Nigéria. L’Europe, autrefois principale source d’approvisionnement en essence pour le pays, constate désormais une diminution de ses expéditions. D’après des médias américains, les réserves d’essence dans les entrepôts d’Amsterdam-Rotterdam-Anvers ont atteint un niveau record, témoignant de la baisse de la demande nigériane. Samantha Hartke, analyste chez Vortexa, rapportée par Bloomberg, souligne que « l’essor de la raffinerie Dangote incite les exportateurs européens à rediriger leurs cargaisons vers d’autres marchés, modifiant ainsi les flux mondiaux de produits raffinés. »
Cette transformation s’inscrit dans un cadre national marqué par des tensions économiques résultant de la politique commerciale américaine et des fluctuations des prix du brut, où l’autosuffisance énergétique prend une importance cruciale. Pour l’économie nigériane, les implications sont considérables. La production locale de carburant, en réduisant les coûts d’importation, pourrait également aider à stabiliser les prix à la pompe, un enjeu vital pour une population souvent confrontée à des augmentations tarifaires. De plus, l’État nigérian pourrait voir ses recettes s’accroître grâce aux exportations de produits raffinés vers d’autres pays africains, renforçant ainsi sa position en tant que hub énergétique régional.
Notons que la raffinerie Dangote ne se limite pas à une simple infrastructure industrielle ; elle représente un levier essentiel pour le développement économique et l’autonomie énergétique du Nigéria. En réduisant la dépendance aux importations et en stimulant la production locale, elle ouvre la voie à une gestion plus efficace des ressources et à une redistribution plus équitable des richesses. Grâce à cette avancée, le Nigéria entre dans une nouvelle ère, passant de son statut d’exportateur de brut à celui de fournisseur de produits pétroliers raffinés.
Mariam KONE