(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, l’institut du Sahel (INSAH) a lancé les travaux axés sur la validation de l’étude sur le Repositionnement de l’INSAH dans le paysage Institutionnel Régional de la Recherche agricole couplée à la 2ème concertation entre l’INSAH. Cette rencontre a rassemblé les Directeurs Généraux des systèmes Nationaux de Recherche Agricole des États membres du comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel ( CILSS ) à Bamako.

Dans un rapport provisoire intitulé « Réflexion stratégique sur le repositionnement de l’Institut Sahel (INSAH) dans le paysage institutionnel régional de la recherche Agricole publié en juillet 2025, l’on constate que l’espace sahélien et ouest-africain, couvrant les treize États membres du CILSS, est confronté à des difficultés et mobilise près de 70% de la population active.
Ce rapporte explique clairement que cet espace « reste peu productive, faiblement mécanisée et multiples vulnérabilités insécurité alimentaire persistante, dégradation accélérée des ressources naturelles, pression démographique croissante, effets du changement climatique et crises sécuritaires récurrentes. Dans ce contexte, l’agriculture, représente en moyenne 27,7% du PIB fortement dépendante de la pluviométrie », a-t-il souligné le rapport provisoire de l’INSAH en juillet 2025. C’est pourquoi, face à ces défis, la transformation durable et inclusive des systèmes agricoles est une priorité stratégique pour garantir la sécurité alimentaire et renforcer la résilience des sociétés sabelliennes. La recherche agricole apparaît ainsi comme un levier indispensable pour soutenir cette transformation.
« L’Institut du Sahel (INSAH), institution spécialisée du CILSS créée en 1976, est appelé à jouer un rôle central. Reconnu historiquement pour ses travaux sur la gestion des ressources naturelles, la protection phytosanitaire, la population et le développement, ainsi que pour l’homologation des pesticides, Toutefois, depuis plus d’une décennie, son rayonnement s’est affaibli sous l’effet de dysfonctionnements internes, d’une gouvernance peu lisible, d’une visibilité réduite et de la montée en puissance de nouveaux acteurs comme le CORAF », explique le document de l’INSAH.
Par ailleurs, une relance stratégique précise-t-il s’impose pour repositionner l’INSAH dans l’écosystème régional. L’étude menée à cet effet vise à redéfinir son rôle autour d’une vision renouvelée, d’un mandat clarifié, d’une gouvernance modernisée, de partenariats renforcés et d’un modèle économique soutenable. Cette dynamique s’inscrit dans les cadres stratégiques régionaux et continentaux (Agenda 2063, PDDAA, ECOWAP, S3A, FAAP) et ambitionne de faire de l’INSAH un pôle scientifique de référence au service des transitions agricoles, climatiques et alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest.

Une démarche participative et multisectorielle
L’étude s’appuie sur une approche participative impliquant l’ensemble des parties prenantes: États membres, Secrétariat exécutif du CILSS, SNRA, ministères sectoriels, producteurs, services de vulgarisation, experts et partenaires techniques. L’analyse documentaire a été enrichie par une enquête de terrain dans quatre pays (Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal) et des entretiens à distance dans les autres États membres.
« Les échanges ont porté sur la compréhension et les attentes des acteurs sur la vision stratégique de l’institut, sa gouvernance, ses partenariats, son ancrage institutionnel, sa stratégie, ses ressources humaines, sa communication et son influence régionale », renseigne le rapport de l’INSAH. Il faut ajouté que le renforcement de la « capacité de négociation des projets avec la prise en compte intégrale des coûts réels liés à leur mise en œuvre et au-delà de la simple facturation de frais de gestion standard souvent insuffisants pour couvrir l’ensemble des charges de fonctionnement ».
Ainsi, il faudra miser sur une gestion rigoureuse et transparente des projets pour lesquels le renouvellement des contrats des experts devra être conditionné à l’approbation effective de nouveaux projets. Aussi, les questions basées sur « La durabilité de l’INSAH reposent sur un modèle économique adapté à sa mission publique, centré non sur la rentabilité, mais sur l’efficacité, la prévisibilité et la diversification de ses ressources. Sa forte dépendance des financements extérieurs et au Secrétariat exécutif fragilise son autonomie et sa capacité d’initiative ».
l’INSAH préconise que « Pour y remédier, l’Institut doit se recentrer sur ses domaines à forte valeur ajoutée, améliorer ses capacités d’élaboration des projets, diversifier ses sources de financement et optimiser sa gestion interne. Une telle stratégie est indispensable pour garantir la pérennité de ses actions et son rôle stratégique dans la recherche agricole régionale », a-t-il expliqué.

Ressources humaines et dynamique interne
Ce volet est la suite logique d’une inadéquation des ressources humaines de l’INSAH. La preuve, l’effectif actuel de l’INSAH s’élève à 30 agents, répartis entre le personnel de base financé par les contributions des États membres et le personnel contractuel recruté dans le cadre des projets (tableau 2). « Cet effectif, en légère progression par rapport à 2018 (24 agents), masque toutefois des fragilités structurelles persistantes qui nuisent à l’efficience globale de l’institution ».
Aussi, l’INSAH se focalise sur l’analyse qualitative met en évidence plusieurs limites majeures, notamment : « des capacités opérationnelles réduites, avec un effectif insuffisant et des profils d compétences souvent inadaptés aux priorités stratégiques; une dépendance accrue au personnel de projet, soumis à des contrats précaire compromettant la stabilité et la continuité des fonctions clés ; un taux de rotation élevé du personnel, entravant la capitalisation des acquis transmission des savoirs et la consolidation d’une mémoire institutionnelle durable; l’absence d’une stratégie claire de renouvellement générationnel, en dépit recommandations issues des précédentes réformes; et une production scientifique très faible, en décalage avec régional de recherche ».
« Cette phase a été complétée par une collecte de données qualitatives et quantitatives, menée à I’INSAH. Les entretiens ont été conduits en présentiel dans quatre pays (Burkina Faso, Mali. travers des entretiens semi-directifs auprès d’un panel diversifié et représentatif d’acteurs clés de Sénégal et Niger) et en distanciel avec les acteurs des autres États membres du CILSS et certaines personnes ressources », souligne le rapport provisoire de l’INSAH.
Ainsi, cette étude a été conduite selon une approche participative et inclusive, afin de « garantir l’implication stratégique solide et à poser les fondements d’un INSAH renouvelé, pleinement aligné sur sa mission et capable de répondre aux défis actuels et futurs de la recherche agricole et environnementale dans la région, ainsi que des personnes ressources, en raison de leur expertise historique, stratégique et institutionnelle sur le fonctionnement de l’INSAH », ainsi que sur les enjeux actuels et perspectives de l’Institut dans le sahel. Pour rappel, l’Institut Sahel, regroupe 13 pays d’Afrique: le Benin, le Burkina Faso, Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée, la Guinée -Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad, et le Togo.

Notons que « La relance stratégique de l’INSAH vise à redonner à cette institution son rôle central dans économique soutenable. l’animation de la recherche agricole régionale. Elle s’appuie sur un socle rénové gouvernance modernisée, mandat clarifié, partenariats structurés, ressources humaines renforcées, modèle pleinement intégré à l’écosystème de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et au Sahel. L’ambition est claire: faire de l’INSAH un centre d’excellence scientifique crédible », a-t-il conclu dans son rapport publié en juillet 2025.
Pour que cette réforme explique-t-il « ne soit pas une tentative de plus sans lendemain, le soutien résolu di Secrétariat exécutif du CILSS est indispensable. Son implication déterminera la capacité I’INSAH à se réinventer et à contribuer efficacement à la transformation agricole régionale ».
Rapport analysé par Daouda Bakary KONE et Kadidia DOUMBIA, pour Croissance Afrique