(CROISSANCE AFRIQUE)- Au Mali, l’article 31 de l’Avant-projet de constitution fait débat. LE BAMBARA comme langue officielle dans la nouvelle constitution. Beaucoup de nos compatriotes sous l’effet de l’émotion, la colère, de l’envie de mettre en avant une langue maternelle (parlée par la majorité des maliens : le bambara), d’indépendance totale et globale, d’appartenir à un Mali qui brise tout lien d’apparence coloniale avec la France et tout de suite,… pensent que cette nouvelle constitution doit toute suite faire du Bambara la langue officielle du Mali.
Après beaucoup d’analyses, je dis que cette pensée n’est pas réaliste. Hamma Cissé a décidé de donner une position claire pour expliquer comment ce projet est irréaliste aux yeux du monde. Pour faire d’une langue, une langue officielle, il ne se fait pas dans la précipitation. Il y a beaucoup de préalables à prendre en compte et gérer en amont :
1- Au niveau de l’école :
- Tous les documents didactiques doivent être traduits et imprimés dans la langue en question (Bambara);
- La formation de l’ensemble des enseignants du pays sur comment lire et écrire le Bambara ;
- La traduction de tous les documents administratifs / législatifs qui gèrent l’école ; …
2- Au niveau de l’administration publique :
- La formation de l’ensemble des fonctionnaires notamment ceux de l’administration publique sur comment écrire et lire en Bambara. Ils seront appelés à faire les lettres officielles en Bambara,… ;
- La migration des logiciels informatiques notamment les logiciels bureautiques ( world, Excel,…) en Bambara;
- La formation (de l’ensemble) des travailleurs de l’administration à l’utilisation de ces logiciels ;
- la traduction de tous les documents qui gèrent la vie de la nation ; …
3- Au niveau de l’armée comme dans tous les domaines (idem).
Le saviez-vous qu’une fois la constitution votée par référendum et après sa promulgation par le Président de la république son application devient automatiquement obligatoire ?
Dans cette condition, s’il arrive que la nouvelle constitution décide de faire du Bambara la langue officielle en 2023, imaginez-vous toutes les difficultés du Mali de pouvoir s’y conformé ?
En réalité, il est impossible pour notre pays de réunir en moins d’une année les conditions requises pour que le Bambara soit la langue officielle au risque de violer la constitution….
À cet effet, je ne suis pas d’avis à ce que le Bambara soit érigé en langue officielle à court terme notamment par la nouvelle constitution qui va être soumise au peuple par référendum.
J’invite les uns et les autres à comprendre qu’il y a des décisions pour les prendre, il faut un travail de fond en amont et du temps. Le Mali a besoin d’un temps de préparation pour éviter tout désagrément incontrôlé et fatal.
Le Mali à travers la nouvelle constitution peut donner une place importante aux langues nationales notamment le Bambara et commencer à prendre des dispositions (les préalables que j’ai cité en haut) en vue de faciliter le travail d’officialisation du Bambara comme langue officielle aux générations futures.
Une fois les conditions requises sont remplies dans les 10 ou 20 ans à venir, le Mali, préparé, peut bien faire du Bambara sa langue officielle sans crainte et sans risque.
Avec réalisme, travaillons et de façon quotidienne à garantir la souveraineté et l’indépendance entière du Mali.
Que le Mali soit construit de nos actions.
Hamma Cissé, Citoyen Malien
