Banques: la Société Générale Cameroun passe sous contrôle de l’État via un accord de cession de 58,08% du capital 

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Cameroun , le gouvernement représenté par le ministre des Finances Louis Paul Motazé, a signé avec le groupe Société Générale un accord de cession portant sur 58,08 % du capital de Société Générale Cameroun (SG Cameroun), le 15 juillet 2025. 

« Il s’agit d’une part d’assurer la pérennité et la continuité des activités de cette banque dans le paysage financier du Cameroun, et d’autre part de protéger et garantir les intérêts des clients, partenaires ainsi que du personnel », a déclaré le ministre Motazé lors de la signature de la convention.

Cette signature de convention intervient dans un contexte de redéploiement stratégique du groupe bancaire français Société Générale sur le continent africain, le Cameroun devient l’un des derniers pays à officialiser le retrait du géant européen. Officiellement, la prise de contrôle vise à préserver la stabilité du système bancaire camerounais et à assurer la continuité des activités d’un acteur historique.

Parmi les candidats les plus sérieux figure BGFI Bank, le géant bancaire gabonais dirigé par Henri-Claude Oyima. BGFI a déjà fait ses preuves en reprenant la filiale congolaise de Société Générale à Brazzaville et affiche une ambition claire : se positionner comme le repreneur naturel des entités abandonnées par le groupe français. Autres prétendants identifiés : NSIA, le groupe ivoirien bien implanté dans les assurances au Cameroun, et Zenith Bank, un groupe bancaire nigérian en quête d’expansion dans la zone CEMAC. Coris Holding, de l’homme d’affaires burkinabè Idrissa Nassa, avait aussi par le passé affiché son intention de reprendre la banque dans le cadre de son expansion en Afrique centrale.

Aussi, cette opération, qui reste soumise à l’approbation de la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC), porte désormais à 83,68 % la participation de l’État dans le capital de la deuxième plus grande banque du pays. Ce rachat s’inscrit dans le cadre du droit de préemption de l’État, activé à l’occasion du retrait stratégique de Société Générale de certains marchés africains, dont le Cameroun. 

Déjà actionnaire à hauteur de 25,6 %, l’État camerounais devient ainsi le principal détenteur de SG Cameroun, une institution bancaire de premier plan dans l’écosystème financier local. Malgré cette montée au capital, le gouvernement n’a jamais fait mystère de la nature transitoire de cette opération. Il s’agit d’un portage stratégique à court terme, destiné à sécuriser le retrait du groupe français dans des conditions maîtrisées et à organiser en temps voulu l’arrivée de nouveaux partenaires privés, nationaux ou internationaux. 

Par ailleurs, la position de l’État camerounais sur la scène bancaire n’est donc pas appelée à se pérenniser. L’exécutif envisage l’ouverture du capital à d’autres partenaires stratégiques. Une orientation qui s’aligne sur les recommandations du Fonds Monétaire International (FMI), qui exhorte le gouvernement camerounais à réduire sa présence dans le secteur bancaire au profit d’acteurs privés, dans une logique d’assainissement et de performance.

Pour Société Générale, cette cession s’inscrit dans un recentrage stratégique opéré sur l’ensemble du continent africain. Après des retraits d’ampleur au Congo-Brazzaville, au Burkina Faso, en Guinée équatoriale, au Tchad, au Maroc et au Mozambique, le groupe poursuit sa politique de désengagement. À travers cette transaction camerounaise, Société Générale annonce un gain estimé à 6 points de base sur son ratio de fonds propres CET1, un indicateur clé de la solidité financière du groupe. 

Notons que l’opération permettra ainsi à la banque française de concentrer ses ressources sur ses filiales africaines jugées stratégiques, tout en assurant une transition douce et sans rupture d’activité pour SG Cameroun, grâce à l’implication directe de l’État dans le processus.

Pour rappel, l’acquisition provisoire par l’État camerounais ne fait que précéder une probable phase de privatisation. Et le marché bruisse déjà des ambitions de plusieurs groupes bancaires africains, bien décidés à s’imposer dans un pays de plus de 28 millions d’habitants doté d’un potentiel bancaire sous-exploité.

Abdoulaye KONÉ

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